Milly-sur-Thérain : discrète, mais efficace
Des équipements modernisés, une équipe légère et très réactive, la commercialisation en indépendant, l'appui de la Sicapa en appro... La coopérative de Milly-sur-Thérain s'est donné les moyens pour aborder l'avenir avec sérénité.
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La SCA de Milly-sur-Thérain est l'une des plus petites coopératives de Picardie, avec 200 associés coopérateurs actifs, et une collecte annuelle de 100 000 t. Plutôt discrète, elle n'en est pas moins très efficace. «Notre objectif est de disposer d'outils modernes et d'une équipe compétente, pour continuer à offrir le meilleur service à nos adhérents, explique Didier Verbeke, président depuis un an de cette coopérative céréalière, située à l'ouest de Beauvais, dans l'Oise. Nous mettons un point d'honneur à respecter le principe d'équité entre agriculteurs, de transparence et d'écoute. Notre premier atout est la proximité avec les adhérents. Chaque agriculteur a le numéro de portable du directeur et peut à tout moment le joindre. Nous souhaitons garder notre indépendance pour rester très proches des adhérents. Les agriculteurs apprécient notre mode de fonctionnement puisqu'ils restent très fidèles à la coopérative. » « Nous cherchons bien entendu à valoriser au mieux leur production », souligne également Arnaud Clément, son directeur général depuis 2002. Et au vu des résultats, la coop a l'air de pas mal se débrouiller. En 2012, par exemple, le prix de campagne du blé s'est élevé à 216,50 €/t.
Parmi les OS les plus performants en France
Il faut dire que la coopérative picarde réussit à fonctionner avec une équipe très légère et très réactive de douze permanents. Ce qui la place parmi les organismes stockeurs les plus performants en France en termes de ratios, collecte, ou chiffre d'affaires par salarié. « Ce n'est pas la taille de l'entreprise qui dicte son niveau de charges, nous le savons depuis longtemps », souligne son président. Pour éviter de mobiliser des capitaux outre mesure, la coop a toujours encouragé le stockage à la ferme. Aujourd'hui, pour les adhérents, la prime de stockage de juillet à mars pour les livraisons au prix de campagne s'élève à 12 €/t, et un tiers de la collecte est stocké chez les agriculteurs.
La coop de Milly-sur-Thérain a aussi la chance de se situer à seulement 80 km de Rouen. Le débouché portuaire absorbe entre 60 et 80 % de sa collecte de céréales, selon les années et la qualité. Et même jusqu'à 90 % de sa collecte de colza. Même les orges de printemps sont valorisées pour l'essentiel à Rouen, par la malterie Soufflet. La coop dispose d'ailleurs d'un volume de stockage de 3 500 t dans les installations de l'union de coopératives Sénalia sur le port. Le reste des céréales est en général commercialisé vers l'Europe du Nord, la Belgique et les Pays-Bas notamment, où elles sont destinées à l'alimentation animale.
Un programme de modernisation des silos
« Nous incitons les agriculteurs à produire des blés de qualité, c'est-à-dire avec un taux élevé de protéines et une bonne qualité meunière, par le biais du choix variétal et d'une prime à la protéine », précise Arnaud Clément.La SCA de Milly-sur-Thérain qui vient de fêter son quatre-vingtième anniversaire, a vu le jour en 1933. Depuis, la petite coopérative a créé des silos satellites pour élargir sa zone de collecte, et a surtout fusionné en 1993, avec la coopérative de Crèvecoeur-le-Grand, également dans l'Oise.
Aujourd'hui, la Coop de Milly-sur-Thérain qui a gardé le même nom, dispose d'une capacité de stockage de 61 300 t réparties sur deux sites principaux de collecte-appro à Milly-sur-Thérain et Crèvecoeur-le-Grand, et quatre silos secondaires qui fonctionnent uniquement pendant les périodes de récolte. Elle est organisée en trois secteurs, Crèvecoeur-le-Grand, Milly-sur-Thérain et le Vexin-Thelle. Trois des silos ont été construits en commun avec deux autres coops de l'Oise, ce qui n'est pas fréquent en France. Mais les instances administratives du département à l'époque, n'apportaient leur concours financier qu'à des investissements conséquents, donc si besoin, collectifs. « Puisque ce partenariat fonctionne relativement bien, ni nos prédécesseurs, ni nous-mêmes, n'avons jugé nécessaire de le modifier », note le directeur de la coopérative. En 2004, après un audit réalisé par un cabinet extérieur, les dirigeants de la Coop de Milly ont décidé d'engager un programme d'agrandissement et de modernisation des silos en plusieurs tranches de plus d'un million d'euros, avec mise en place de nouveaux élévateurs, systèmes de ventilation, ponts bascules... « Ces investissements nous permettent d'accroître les débits de réception des céréales, indique Didier Verbeke. Avec une capacité de réception de 1 700 t/heure, nous disposons aujourd'hui d'outils aux normes, adaptés à la cadence de récolte des agriculteurs. » De même, des équipements de nettoyage des grains d'une capacité au total, de 500 t/h, ont été installés. « Nous pouvons ainsi préparer des lots de céréales avec nettement moins de poussières et répondre aux nouvelles exigences des acheteurs », remarque Arnaud Clément. La coopérative de Milly-sur-Thérain a aussi décidé en 2008, d'investir dans un séchoir de 5 000 points, bien que la collecte de maïs ne représente pas plus de 2 000 t par an. « Nos deux vieux séchoirs consommaient beaucoup de gaz et étaient devenus obsolètes, explique-t-il. Nous avons décidé d'investir dans un séchoir neuf, car aucun n'était disponible dans un rayon de 40 km. En plus du maïs, il pourra sécher une partie du blé les années où la récolte est humide. Nous le mettons également à la disposition d'autres OS sous forme de prestation de service. » La coopérative a aussi investi dans de nouveaux bâtiments de stockage d'engrais et a mis aux normes ses deux locaux de stockage de produits phytos. Ce qui porte à 7 000 t, sa capacité de stockage d'engrais vrac, à 450 t, celle d'azote liquide, et à 55 t, celle de phytos.
Une commisssion céréales avec quatre administrateurs
Côté approvisionnement, la SCA de Milly-sur-Thérain s'appuie depuis 1992 sur l'union de coopératives Sicapa et bénéficie ainsi des mêmes conditions de prix que les coops de taille plus importante, et des installations de stockage aux normes des produits phytos de la structure à Saint-Quentin. « Nous nous sommes rapprochés des autres coopératives régionales pour gérer les achats d'appro, mais nous avons souhaité garder notre indépendance en ce qui concerne la commercialisation des céréales, ajoute le président. Cette mission est assurée par le directeur. Il est épaulé dans la prise de décision, par une commission céréales constituée de quatre administrateurs qui se réunissent une fois par mois. » La coopérative propose aux agriculteurs tous les types de formules possibles pour la vente de leurs céréales, mais le prix moyen de campagne représente 75 % de la collecte. « Nous avons également créé en 2010, un Club marché animé par deux spécialistes d'InVivo, pour les agriculteurs qui veulent aller plus loin dans la commercialisation de leurs céréales. Une quinzaine d'adhérents en font partie, ils se réunissent quatre fois par an. »
Puisque le directeur est seul pour assurer l'animation de l'équipe, l'achat des appros et la définition de la politique commerciale, la commercialisation des céréales, les programmes d'investissement, l'analyse financière, les ressources humaines... la coopérative de Milly-sur-Thérain a choisi de déléguer la gestion du système qualité à la fédération régionale des coopératives agricoles de Picardie. « Nous avons mis en place au sein de la coopérative, la charte de sécurité alimentaire, charte du conseil coopératif, 2BSVS (colza durable) et Certiphyto, précise Arnaud Clément, et nous sommes en train de travailler sur la charte de gestion du risque prix avec Coop de France. » Malgré sa taille plutôt modeste, la coop de Milly a su mobiliser les moyens et trouver les appuis pour offrir le meilleur service à ses adhérents et garantir ainsi son indépendance pour les années à venir.
Blandine Cailliez
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