Il transforme la coopérative en école

Un homme plein d'énergie, assoiffé de rencontres, à la faconde intarissable et qui aime « chanter et déconner ». Voilà en quelques mots ce qui peut ressortir d'un échange avec Bernard Brocas. On comprend alors pourquoi il est resté technico-commercial à Val de Gascogne pendant un quart de siècle. Il faut dire que l'homme connaît son sujet et son territoire : il est né il y a 59 ans à Sabaillan, dans un petit village voisin, d'une mère cheffe d'exploitation et d'un père « agriculteur-facteur-secrétaire de mairie » ! Sa tante, qui vivait avec eux, était « l'une des dernières bergères de Gascogne ». Il a pensé, un temps, reprendre l'exploitation, mais « ça n'a pas pu se faire » et il est devenu technicien.

Bernard Brocas est donc attaché à son terroir et à l'agriculture. Raison pour laquelle, depuis l'an dernier, Val de Gascogne lui a laissé carte blanche sur le projet « La récré au champ ». Concrètement, des écoliers viennent sur une parcelle de la coopérative, à Lombez. « Il y a 132 élèves cette année, il y en avait 160 l'an dernier, se souvient-il. Il y a eu quatre moments : ils ont semé le blé en novembre, arraché les mauvaises herbes en janvier, arrosé en mai et récolté en juillet. Pour ce dernier jour, nous avons égrainé le blé, ventilé, fait la pâte et symbolisé le pain... » En effet, s'est rendu compte le TC lors des portes ouvertes pour le centenaire de la coop en 2013, « nous sommes dans un milieu rural mais très peu d'enfants sont issus de ce que j'appelle l'école de la ferme. Cela dit, tous ces enfants ont du goût à découvrir ce monde de la terre. »

Nul doute que Bernard Brocas met tout en œuvre pour les intéresser. C'est un animateur dans l'âme : il a déjà animé des journées sur l'agriculture d'hier et d'aujourd'hui, se définit comme « troubadour », a fait vingt ans de théâtre... et même joué le curé dans le film « Milou en mai » aux côtés de Miou-Miou ! Dans le passé, il lui est aussi arrivé de proposer quelques sketchs à la fin de l'AG de la coopérative.

Son « grave burn-out, l'an dernier », a sans aucun doute constitué un tournant dans sa vie professionnelle. « Tout le monde s'est mobilisé ici, à la coopérative. On m'a offert l'opportunité de travailler au service expérimentation, j'ai en charge les biostimulants », témoigne-t-il. L'ancien rugbyman de bon niveau à Lombez Samatan a été « très touché » par ce soutien collectif. D'autant plus qu'il se plaît à citer le Gersois d'Artagnan et son « Un pour tous et tous pour un, qui est l'idéal des coopératives ».

Dans son nouveau poste, explique-t-il, « vu l'offre pléthorique de biostimulants, mon rôle est de choisir ceux qui seront les plus pertinents pour les plantes, pour la rentabilité et, au bout, pour les agriculteurs ». Il assure : « Ce dossier est très intéressant parce que les agriculteurs sont demandeurs de nouvelles solutions. Aujourd'hui, on redécouvre l'agronomie, les sols, et c'est tant mieux !  C'est le monde paysan d'hier, qui est proche de son sol, mais avec les connaissances scientifiques d'aujourd'hui. »