Login

Ducroquet : une nouvelle dimension

Henri Ducroquet, gérant du groupe Ducroquet, Edouard Vermersch, coactionnaire et Guillaume Resse, directeur commercial : « Nous avons structuré l'entreprise, pour bien intégrer la croissance de ces dernières années. Elle est maintenant prête pour de nouveaux développements. »Photos Denis Paillard

Une direction qui repose sur trois personnes, une équipe bien structurée, un chiffre d'affaires en progression, des investissements permanents... Le groupe Ducroquet est sur les rails pour aborder les années à venir avec sérénité.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« De nombreuses entreprises de négoce reposent sur le plan de la direction sur une seule personne, force et faiblesse à la fois, constate Henri Ducroquet, gérant du groupe Ducroquet, négociant en céréales à La Gorgue, entre Béthune et Lille, dans le Nord. Pour ne pas fragiliser l'entreprise en cas de difficultés, nous avons choisi de structurer la direction non plus sur un seul dirigeant, mais sur une équipe de trois personnes très complémentaires. » Cette équipe est aujourd'hui composée d'Henri Ducroquet, gérant et directeur de l'entreprise depuis 2002, après avoir succédé à son père Michel, Edouard Vermersch, coactionnaire et responsable technique productions végétales, et Guillaume Resse, directeur commercial qui a rejoint le négoce du Nord, il y a un peu plus d'un an, après un parcours de technico-commercial chez un autre négociant en céréales, en Normandie. Edouard Ducroquet, le frère d'Henri, est venu rejoindre le groupe en 2004, pour prendre en charge l'activité jardineries.

La collecte multipliée par huit depuis 1990

Il faut dire que le groupe Ducroquet a connu une belle progression au cours des vingt dernières années. Sa collecte de céréales est passée de 50 000 t en 2000, à 118 000 t cette année, elle a été multipliée par 2,4 en douze ans, et par huit depuis 1990 ! Son chiffre d'affaires se situait aux alentours de 16 M€ avec vingt-six salariés en 1997, il atteint aujourd'hui près de 50 M€, avec cinquante personnes. Le groupe Ducroquet est devenu du même coup, le troisième négoce à capitaux privés de la région Nord-Pas-de-Calais. Il s'est agrandi à la fois par croissance interne en créant de nouvelles implantations et par croissance externe, en reprenant d'autres entreprises de négoces avec lesquelles il a souvent tissé des liens privilégiés, et dont le dirigeant a même parfois intégré l'entreprise. L'organisation du groupe est maintenant sur les rails et le négociant de La Gorgue est paré pour de nouvelles opportunités de développement. « Nous souhaitons cependant que l'entreprise reste à taille humaine, pour garder sa souplesse et sa réactivité », souligne Guillaume Resse.

Le facteur humain, au coeur

A l'opposé des structures très hiérarchisées, les trois dirigeants s'efforcent d'impliquer au maximum les cinquante salariés dans la vie de l'entreprise, en quelque sorte de faire éclore chez chacun d'entre eux, la « graine de progrès », pour reprendre la formule qu'ils ont choisi d'insérer au-dessous du logo de l'entreprise. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard s'ils ont retenu le terme de « graine », car la semence constitue pour le négociant du Nord, une clé essentielle pour permettre aux agriculteurs de valoriser leur terroir. « Nous attachons une grande importance à l'amélioration génétique et mettons en place chaque année, une plate-forme expérimentale de 2 à 3 ha pour tester les variétés, explique Edouard Vermersch qui est aussi à titre personnel, agriculteur et sélectionneur de pommes de terre. Il est lui-même co-obtenteur de la variété Cerisa. En plus des essais phytos, nous testons également sur notre plate-forme, les méthodes de protection alternatives récemment disponibles. »

Aujourd'hui, le négociant de La Gorgue est spécialisé essentiellement dans les grandes cultures, mais cela n'a pas toujours été le cas. « C'est mon arrière-grand-père qui a créé le négoce en 1922, à partir de la ferme familiale, précise Henri Ducroquet. Il s'agissait à l'époque surtout de commerce d'engrais et de grains. Mon grand-père qui lui a succédé s'est davantage tourné vers l'alimentation animale, activité qui a représenté jusqu'aux trois quarts du chiffre d'affaires de l'entreprise dans les années 1970. Il a même été à l'origine de la société d'aliment Vigala. » Mais petit à petit, l'élevage a reculé dans la région, ou s'est concentré dans des exploitations très spécialisées. Aujourd'hui, les clients du groupe Ducroquet sont surtout producteurs de grandes cultures et l'activité alimentation animale se limite à la vente de 2 500 t de mash destinées aux bovins. « Nous avons d'ailleurs la chance de nous trouver dans une région au potentiel très élevé avec des rendements quasiment garantis de 90 à 100 q/ha chaque année », reconnaît le responsable technique. Nous avons aussi la particularité de nous situer dans un secteur où les cultures sont très diversifiées. En plus des céréales, les agriculteurs produisent des pommes de terre, des betteraves sucrières, des légumes industriels, une large gamme de légumes frais... et même des fraises et du houblon. » Quant à l'activité jardineries, elle a débuté en 1988 par la création d'un premier magasin au siège de l'entreprise à La Gorgue. Depuis, deux autres magasins ont vu le jour.

Une équipe de TC multiculture

En ce qui concerne l'approvisionnement, le groupe Ducroquet s'appuie depuis 2000, sur Raisonord, groupement de six négociants dont il est membre fondateur, pour l'achat des produits phytosanitaires, des semences de céréales à paille et des hybrides. Il est également membre de Multi-Appros depuis 2005. C'est une équipe de dix technico-commerciaux, animée par Guillaume Resse qui assure le lien au quotidien, entre le négoce et ses clients agriculteurs, en gros dans un rayon de 100 km autour du siège. « Chaque TC suit une centaine d'agriculteurs, précise-t-il. La diversité des cultures, pas moins de seize au total, exige un très haut niveau de compétence de leur part. Ils sont tous issus du milieu agricole, parfois agriculteurs eux-mêmes, et assurent une présence forte sur le terrain, très appréciée de nos clients. » Pour la traçabilité du conseil aux agriculteurs, le groupe Ducroquet a fait le choix pour le moment d'un outil papier maison. « Dans un deuxième temps, nous passerons à un outil informatique, remarque son directeur commercial. Nous sommes en phase d'étude mais nous n'avons pas encore identifié l'équipement qui correspondrait parfaitement à nos besoins. » A noter que le négociant du Nord s'est fortement impliqué dans les pommes de terre qui représentent une part très importante des surfaces des exploitations. Il a investi dans un équipement de traitements des plants Oscar System qu'il propose sous forme de prestations, à ses clients.

Pour la vente des céréales, Henri Ducroquet est épaulé par un spécialiste de la mise en marché, Thomas Soulier. Le groupe Ducroquet a la chance d'être implanté à deux pas de l'amidonnerie Roquette de Lestrem, qui absorbe selon la qualité de l'année, entre 10 et 30 % de sa collecte de blé, et la quasi-totalité de sa production de maïs grain.

Premier débouché pour les céréales, l'export

Mais le plus gros débouché pour le blé reste comme pour la plupart des OS du Nord de la France, l'export avec deux destinations principales, la Belgique avec des blés valorisés par les industriels de l'alimentation animale et le port de Dunkerque avec comme marchés visés selon les années, l'Egypte, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie... Le groupe Ducroquet a pour cela investi dans 2 000 t de stockage dans le silo portuaire de Nord céréales, à Dunkerque.

La communauté de communes Artois Flandre vient d'investir 50 000 € sur le quai fluvial de Guarbecque, dans une bande transporteuse de 500 t/h, qui donne au groupe un accès pour charger rapidement des péniches de 1 200 t. Côté équipements, le négoce dispose actuellement de onze sites de collecte d'une capacité de stockage de 78 500 t, installations de Dunkerque comprises. « Nous avons prévu de construire à court terme, quatre nouveaux silos ou extension à Douvrin, Blaringhem, Guarbecque, et Fouquereuil, précise Henri Ducroquet. A moyen terme, nous envisageons aussi d'agrandir nos installations de La Gorgue. Ce qui devrait porter notre capacité de stockage total à 90 000 t. Nous sommes en permanence en phase d'investissements. » Probablement, un gage de pérennité pour l'entreprise.

Blandine Cailliez

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement