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Mélila fait progresser l'alimentation animale

Depuis sa création, la société Mélila, qui fête ses 15 ans cet été, avance de projet en projet, sans jamais faire de pause. Enthousiasme et audace sont le moteur de sa réussite.

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Sur le pôle d'activité d'Arsac, au nord-est de Rodez, la société Mélila ne passe pas inaperçue. Installée sur ce site depuis 2002, on la repère de loin avec sa grande tour de 63 m, un outil unique en France, conçu pour fabriquer du mash destiné à l'alimenMarc Guy, créateur et PDG de Mélila, enchaîne les réalisations sur son site de production de Sainte-Radegonde (Aveyron). L'année prochaine devrait voir l'arrivée d'un outil d'extrusion de lin. tation animale. Il faut dire que, depuis sa création, en 1996, par Marc Guy, son PDG, l'entreprise a connu un parcours et un développement hors du commun. « A l'époque, j'étais seul et j'ai démarré à zéro, raconte-t-il. Je travaillais auparavant pour un fabricant d'engrais, dont je vendais les produits auprès des distributeurs. J'ai, tout d'abord, embauché une jeune commerciale de 20 ans, puis six mois après m'être mis à mon compte, j'ai racheté un fonds de commerce de négoce de produits agricoles, à la gare de Rodez. Cela m'a permis de disposer d'un dépôt et j'ai gardé le chau eur qui travaillait là. Petit à petit l'activité a progressé, mais toujours dans le négoce. C'est en 2001 que j'ai décidé de me lancer dans la fabrication de mash et de construire une usine d'aliment pour bétail. » L'usine est ainsi bâtie en 2002, sur le pôle d'activité d'Arsac, en bordure de la commune de Sainte-Radegonde. La même année, sur le même site, Marc Guy entreprend de créer également un outil de triage, d'enrobage à base de micro-organismes et de conditionnement de semences de céréales. Enfin, en 2005, l'entreprise se dote d'un outil complémentaire permettant de produire du mash fibreux pour les animaux ruminants, qui sera commercialisé sous la marque Mélifibre®. Mélila devient vite l'un des leaders de la vente d'aliments fibreux dans le Sud-Ouest. « Nous commercialisions alors nos produits du Pays Basque à la région lyonnaise, reprend Marc Guy. Notre activité se développait de 20 à 30 % par an. A l'époque, nous étions dix dans l'entreprise. » En 2008, les deux premières usines de 2005 étant déjà devenues « trop artisanales » et ayant atteint le maximum de leurs capacités en termes de qualité et de quantités produites, l'équipe de Mélila concocte un nouveau projet de site entièrement automatisé, pour prendre le relais. C'est ainsi qu'en 2009 et 2010, elle investit 4 M€ pour construire sa tour de fabrication d'aliment. Opérationnelle depuis décembre dernier, celle-ci utilise la gravité pour réduire les coûts de fabrication, par rapport à une chaîne de production classique horizontale.

Une tour pour le mash

Les composants sont ainsi montés en haut de la tour, le mélange se forme au cours de leur descente et arrive en bas, sous forme de produit fini. Pour les livraisons en vrac, il tombe directement dans les camions. « Cette façon de procéder abîme moins les ingrédients et consomme moins d'énergie qu'avec un process traditionnel, précise le PDG. Notre usine est véritablement un prototype qui fabrique en continue et en direct, à la vitesse à laquelle on charge un camion. » Ainsi, un transporteur venu approvisionner l'usine en matières premières, n'attendra que 25 min, le temps de fabrication et de chargement de 25 t, pour repartir chargé d'aliment. Mélila propose ses propres gammes de produits sous marques Méli fibre®, Mélimash® et Mélix® (combiné de mash et de granulé), qui sont commercialisées en direct auprès des éleveurs de la région et des distributeurs, mais elle réalise aussi des formulations spécifiques pour les distributeurs et les coopératives qui peuvent les vendre sous leur propre dénomination. Les formulations sont disponibles pour tous les ruminants (caprins, ovins et bovins) et pour les chevaux. Les produits sont désormais conditionnés automatiquement et peuvent être achetés en big bags (600 kg), en box carton ou en sacs de 20 kg. 60 % sont livrés par Mélila, qui possède sept camions et fait travailler sept chauffeurs, et 40 % transitent par des prestataires externes.

Une production automatisée des semences

Parallèlement, toujours en 2010, l'entreprise a construit un bâtiment supplémentaire pour y installer un nouvel outil d'enrobage de semences de céréales, permettant de réaliser des dosages très précis et de proposer des produits de meilleure qualité. Dans le même temps, elle s'est équipée d'une chaîne d'ensachage automatique. Mélila béné cie de délégations de variétés de céréales de la part des obtenteurs et passe des contrats avec des agriculteurs multiplicateurs, sur un très grand quart sud-ouest, pour la production de ces semences. L'entreprise se charge ensuite du tri, de la transformation et du conditionnement des graines. « Nous traitons essentiellement des variétés spéci ques, qui s'adaptent aux zones de culture où sont vendus nos produits, indique Francis Pradels, responsable des productions végétales. Nous suivons les variétés un à deux ans avant leur inscription au catalogue, a n de sélectionner celles qui nous intéressent. Pour les régions d'élevage, il est par exemple important de proposer des céréales rustiques qui assurent à la fois un bon rendement en grain et en paille. »

Une équipe investie dans l'entreprise

Par ailleurs, Mélila, qui était aussi, jusqu'à ces derniers mois, simple distributeur de semences fourragères, va désormais produire ses propres mélanges. Ceux-ci pourront bientôt béné cier également de l'enrobage. La production des semences fourragères est toutefois toujours sous-traitée aux sociétés obtentrices. En n, l'entreprise aveyronnaise commercialise de l'aliment en granulés (dont elle a con é la fabrication à d'autres opérateurs régionaux), des fertilisants, des semences de maïs et des produits phytosanitaires. « Nous vendons ces produits pour pouvoir répondre à tous les besoins de nos clients agriculteurs et distributeurs, poursuit Marc Guy. Cela représente un petit « plus », mais ce n'est pas notre priorité. Notre objectif est de transformer nous-mêmes la grande majorité de nos produits, ce qui est aujourd'hui le cas pour près de 80 % de ce que nous commercialisons. Nous voulons proposer les aliments pour animaux les plus performants possibles, sûrs sur le plan sanitaire et qui sortent des sentiers battus. En élevage caprin, notre Méli bre® permet, par exemple, de gagner très rapidement 10 à 25 % de production. » Mais la force de Mélila, c'est avant tout son équipe dynamique, vingt-six personnes dont la plupart sont aujourd'hui entrées au capital de l'entreprise, si bien qu'elles possèdent 99 % des parts. « L'objectif est que chacun s'implique le plus possible et que les salariés soient partie prenante dans les grandes orientations, con e le PDG. Tous peuvent faire des propositions, c'est même vivement conseillé, et nous restons aussi très ouverts aux suggestions qui viennent de l'extérieur. Le fait que Mélila appartienne à ses employés se ressent sur le terrain. C'est plus facile de vendre des produits lorsque ce sont les siens. » La zone de diffusion des Méli bre®, Mélimash® et Mélix® est de plus en plus vaste et couvre un grand quart sud-ouest, de la Vendée à l'Hérault, avec toujours une pointe vers la région lyonnaise. L'entreprise poursuit sa prospection pour renforcer encore sa distribution et développe parallèlement de nouveaux projets sur son site. Un bâtiment de stockage de produits conditionnés, de 4 000 mfi, est ainsi en cours de construction. Il sera terminé en septembre et sera équipé de panneaux photovoltaïques. Enfin, un outil pour extruder le lin devrait être créé en 2012, suite logique de la philosophie de l'entreprise qui est adhérente à Bleu-BlancCoeur. Principale utilisatrice de lin dans la région, elle fait aujourd'hui venir son lin extrudé de Bretagne, alors qu'il est cultivé dans le Sud-Ouest. Assurer l'extrusion sur place permettra de faire d'importantes économies de transport et de produire pour les autres fabricants d'aliments de la région, tout en améliorant le bilan carbone de la lière. Mélila espère réaliser 25 M€ de chiffre d'affaires dans quatre ans et faire travailler, d'ici là, une trentaine de personnes.

Florence Jacquemoud Photos Pierre Soissons

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