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L’IA s’invite au premier congrès régional de NégoA

Le congrès régional de NégoA sur l’IA a bénéficié des éclairages d’Emmanuel Derrien (expert et conférencier en IA), à gauche, d'Emmanuelle Gourdain (cheffe du service Innovations digitales et méthodologie d’Arvalis) et de Guillaume Nanot (directeur de la transformation digitale chez Soufflet agriculture).

L’intelligence artificielle, et ce qu’elle peut apporter aux entreprises, était au cœur des débats du congrès régional de la fédération des négociants agricoles, à Reims, le 22 octobre. Arvalis et Soufflet agriculture ont témoigné de leurs usages.

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Près de 120 participants du Grand Est, des Hauts-de-France et d’Île-de-France étaient rassemblés à Reims pour le premier des quatre congrès régionaux de NégoA. Parmi les projets d’investissement planifiés au cours des cinq prochaines années dans les négoces, 61 % concernent les investissements informatiques. « L’enjeu n’est plus de déterminer si la digitalisation, et notamment l’IA, doit être mise en œuvre, mais plutôt de définir comment l’intégrer avec intelligence », précisait en introduction Clément Parant, référent Hauts-de-France, Île-de-France et Grand-Est chez NégoA.

Quatre grands usages

« Il est impératif d’acquérir une culture générale de l’IA », a souligné Emmanuel Derrien, expert et conférencier en IA venu dresser un panorama, non exhaustif, des outils et cas d’usages de l’IA pour mettre en évidence son potentiel en matière de productivité. Tout en précisant que « ce n’est pas l’IA qui remplacera les individus, mais un humain qui sait utiliser l’IA qui remplacera un autre qui ne sait pas. Cette compétence est déjà devenue une exigence fondamentale aux États-Unis, au Japon, en Corée du Sud et en Chine. »

En entreprise, l’IA peut être utilisée de quatre façons, de la plus simple à la plus complexe : le prompt direct, l’agent ou assistant personnalisé (à partir d’un prompt idéal reprenant toutes les requêtes nécessaires à la réalisation d’analyses répétitives), le Workflow (automatisation d’enchaînement d’étapes impliquant plusieurs acteurs, processus, agents et connexions logicielles comme l’envoi d’un e-mail complet à un prospect) et l’IA Agentique (l’IA exécute des tâches autonomes à la place du salarié comme remplir un formulaire d’inscription sur un site internet).

« On peut ainsi utiliser l’IA pour rechercher des informations détaillées sur un sujet (l’IA est beaucoup plus puissante que les moteurs de recherche), créer une offre d’emploi, comparer plusieurs CV, analyser des rapports très longs, comparer des rapports d’analyse à deux dates différentes pour voir l’évolution… Les usages sont infinis. »

Une IA maison chez Arvalis

Si, à première vue, tout semble simple au royaume de l’IA, sur le terrain les utilisateurs sont confrontés à certaines difficultés et interrogations. « Pour limiter les risques liés à l’IA, Arvalis a créé une charte de bonne conduite en février dernier avec deux principes fondamentaux : la confidentialité (seul Copilot est autorisé pour ne pas diffuser de données à l’extérieur) et la déontologie (seules les sources internes sont accessibles à l’IA pour répondre aux requêtes) », a expliqué Emmanuelle Gourdain, cheffe du service Innovations digitales et méthodologie chez Arvalis.

L’institut a créé une IA maison (Arval-IA), depuis des IA existantes, qui répond à des questions des salariés à partir de la masse des informations qu’il a accumulées au fil des ans. « Cet outil est testé depuis trois mois avec des retours moins bons qu’espérés pour l’instant. À la fin de l’expérimentation, nous analyserons tous les retours d’utilisateurs pour décider de la suite à donner et voir comment intégrer l’IA le plus intelligemment possible chez Arvalis. Ce projet a cependant permis de créer une dynamique en interne autour du sujet. »

Un programme de formation chez Soufflet

« Il faut un bon capital de données numériques dans son entreprise, sinon l’IA ne pourra pas produire de résultats significatifs », précisait Guillaume Nanot, autre intervenant de ce congrès et directeur de la transformation digitale chez Soufflet agriculture. Pour que l’intégration de l’IA soit une réussite, il estime qu’il faut également que « les collaborateurs aient confiance et apprécient de jouer avec ».

Afin de sécuriser ses datas, le négoce a accepté de ne pas travailler avec les meilleures IA, mais plutôt les plus sécurisées (Copilot de Microsoft et ChatGPT dans une version cloud privé). Il a lancé le programme « AI-Culture et stratégie agentique IA » en octobre 2024 avec l’objectif de former ses 1 500 collaborateurs en France et à l’étranger à l’utilisation de l’IA dans leur métier.

Plus de 400 le sont déjà. « Une deuxième vague de formation est en cours. Chaque semaine, 500 personnes utilisent déjà le prompt simple et 200 ont recours à un agent. Il ne faut pas attendre pour adopter l’IA car elle devrait révolutionner le métier. »

« Il faudra l’utiliser à bon escient et en gardant un esprit critique par rapport aux résultats qu’elle nous fournira », souligne Antoine Pissier, président de NégoA, en conclusion du congrès de NegoA à Reims. (© Chantal Urvoy)

Garder un esprit critique

« Il va falloir apprivoiser l’IA pour que nous ne soyons pas dépassés par cette technologie sous peine de perdre les côtés humanité et prise de décision de notre métier », a estimé Antoine Pissier, président de NégoA, dans son discours de clôture du congrès. S’il reconnaît que « l’IA, c’est l’avenir et sera partout », il s’interroge toutefois sur le fait que « l’on risque de perdre beaucoup d’incertitudes inhérentes à notre métier, ce qui en fait tout l’intérêt. L’IA ne va-t-elle pas nous plonger dans un monde aseptisé, sans saveur ? »

Aussi appelle-t-il à la vigilance : « Il faudra l’utiliser à bon escient et en gardant un esprit critique par rapport aux résultats qu’elle nous fournira. »

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