Le négoce à la une Une nouvelle ère s’ouvre pour Agri 89

Aider les agriculteurs à valoriser leurs cultures et à optimiser leurs rendements, c’est le leitmotiv d’Agri 89. Implanté depuis 1993 à Monéteau, dans l’Yonne, le négoce commercialise des engrais, des phytos et des semences aux agriculteurs situés dans un rayon de 70 km autour d’Auxerre, dans l’Yonne principalement et la Nièvre.

La force d’Agri 89 ? « Sa flexibilité et sa réactivité pour livrer rapidement le produit », présente Joël Moreau, fondateur de la structure. L’entreprise veille à toujours avoir du stock dans son magasin de 500 m². « Le choix de posséder un seul dépôt centralisé est stratégique : il permet une logistique plus rapide et plus efficiente », affirme-t-il. Et Joël Moreau sait de quoi il parle. Depuis cinquante-trois ans, il évolue dans le secteur agricole. Il a notamment participé, en 1977, à la création du service appro de la coopérative du Batardeau, à Auxerre. Puis il fut directeur adjoint de 110 Bourgogne pendant deux ans, après la fusion de plusieurs coopératives du secteur dont celle du Batardeau au début des années 1990. En 1993, il se lance à son compte avec Agri 89 et en assure la direction pendant vingt ans. Bien qu’officiellement retraité depuis onze ans, Joël Moreau continue d’être actif dans la structure et s’occupe de la vente des engrais aux clients. Son épouse, Danielle, assure depuis le début l’ensemble de la partie administrative.

Tout ou presque par téléphone

Si les activités du négoce icaunais se sont étendues avec le temps, la structure est restée familiale. Alexandre Moreau, fils de Joël et Danielle, a intégré le négoce en 2007 avant d’en devenir le gérant il y a une dizaine d’années. Il s’occupe notamment de la relation avec les fournisseurs, de l’élaboration des gammes phytos et semences ainsi que de leurs ventes. Il assure aussi la partie réglementaire et la logistique pour les livraisons. « Même si dans les faits, nous nous entraidons tous au quotidien », souligne Alexandre Moreau. Depuis octobre, l’équipe s’est renforcée avec l’arrivée de Marius Veaux, technico-commercial.

Fort d’un chiffre d’affaires d’environ 7 M€, en constante évolution depuis dix ans, la SAS approvisionne à l’année quelque 600 clients, principalement des agriculteurs, mais aussi quelques dizaines de vignerons et d’arboriculteurs. Elle commercialise majoritairement des gammes de produits pour céréales. Les produits phytosanitaires représentent 50 % de son chiffre d’affaires, les engrais, 35 %, et les semences, 15 %. La majorité du contact se fait par téléphone, la famille Moreau connaissant très bien sa clientèle. Celle-ci s’est d’ailleurs formée au fil de l’eau, grâce au bouche à oreille.

Une filiale indépendante

Au fur et à mesure des années, Agri 89 a su enrichir ses gammes. Notamment via son adhésion, de 2004 à 2015, à la centrale d’achat Agridis, devenue Actura. Fin 2015, l’entreprise change de stratégie à la suite de l’annonce par le gouvernement du plan Ecophyto, visant à réduire de 50 % l’usage des produits phytosanitaires. « Nous nous sommes alors questionnés sur l’avenir de notre structure », relate Alexandre Moreau. Pour maintenir sa présence localement, la famille Moreau a décidé de s’affilier à la coopérative Dijon céréales, basée en Côte-d’Or. Un accord offrant la possibilité à la coopérative d’élargir sa zone d’influence et à Agri 89 de bénéficier de la logistique et du savoir-faire technique de la maison mère.

Depuis lors, Alexandre Moreau commande la majorité de ses intrants à Dijon céréales. Cette dernière se charge ensuite de livrer les produits directement à la ferme. Une partie de la marchandise est envoyée au magasin d’Agri 89 pour « plus de réactivité ». La livraison est ensuite assurée en interne, par le fils ou le père. Via Dijon céréales, Agri 89 a diversifié sa gamme. « Depuis dix ans, nous vendons des semences de céréales R1 et une gamme autour de l’élevage », confie Alexandre Moreau.

Un autre avantage de cette affiliation est l’accès aux résultats des essais menés par le service technique de Dijon céréales. « Nous disposons ainsi de données locales, adaptées à notre terroir. » Des flashs culture sont également édités par la coopérative, que le gérant adapte aux besoins de ses clients. « C’est un vrai plus. » De son côté, le négoce met en relation ses clients désireux de vendre leurs céréales avec les services de collecte de la coopérative.

Mais affiliation ne signifie pas pour autant fusion. Agri 89 a tenu à maintenir son indépendance. Une part des intrants sont achetés auprès d’autres fournisseurs. « Nous avons une entière liberté sur le choix de nos gammes et des tarifs prodigués, ce qui permet de nous démarquer de nos concurrents », assure Alexandre Moreau. « Cette différenciation passe aussi par l’écoute que nous portons à nos clients en proposant des programmes adaptés à leurs parcelles et à leurs stocks », complète Joël Moreau.

Renouer avec le terrain

Aujourd’hui, Agri 89 est en pleine restructuration. Pour deux raisons. La première, c’est le futur départ de Joël et Danielle Moreau de la structure. La seconde, c’est la nécessité de renouer avec le terrain. « Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu le temps de faire des tours de plaine ni de la prospection. Or c’est essentiel d’être en contact avec les agriculteurs pour sentir les choses et anticiper les besoins par rapport aux cultures ou au contexte climatique, explique Alexandre Moreau. Convaincre de l’intérêt des oligoéléments et des biostimulants, par exemple, est beaucoup plus facile sur place en échangeant directement avec les agriculteurs. » Agri 89 ambitionne l’acquisition d’une trentaine de nouveaux clients.

Un TC en provenance de la maison mère

Alexandre Moreau souhaite ainsi former autour de lui une équipe de jeunes, mais possédant au moins trois à quatre ans d’expérience dans leur domaine, pour l’aider dans les diverses missions de son entreprise. La première étape de cette transformation a été l’arrivée de Marius Veaux depuis le 1^er octobre. À 25 ans, le jeune homme dispose déjà d’une belle expérience : il a été technico-commercial pendant quatre ans et demi chez Dijon céréales. « J’étais chargé de l’appro et de la collecte auprès des adhérents du nord de la Côte-d’Or. Je réalisais aussi les services annexes : tours de plaine, bilans carbone, conseils sur la pose de panneaux photovoltaïques, etc. », détaille-t-il.

Après plusieurs années sur un même secteur, Marius Veaux a eu envie de renouveau. « Quand Alexandre m’a proposé d’intégrer Agri 89, je n’ai pas hésité. Ce poste, c’est l’occasion de me confronter à de nouveaux challenges et de gagner en responsabilité. » Marius combine deux fonctions : il est à la fois technico-commercial sur le sud du département de l’Yonne et responsable de l’achat de céréales. Le négoce vise l’achat de 35 000 à 40 000 t de grains sur l’année 2026.

Trois profils recherchés

Alexandre Moreau recherche dès à présent une personne pour assurer la partie commerciale sur le nord de l’Yonne, qui sera aussi référente fertilisation. « Elle sera le contact privilégié des fournisseurs d’engrais et transmettra les cotations au reste de l’équipe », précise-t-il. Avec le temps, l’équipe devrait s’agrandir, en intégrant un magasinier et une personne à la comptabilité. Objectif ? « Que le puzzle soit formé au plus tard fin 2026. »

Le gérant espère ainsi se dégager du temps pour poursuivre l’extension d’une gamme de fertilisants favorisant la vie du sol, accroître sa présence sur le terrain, développer la communication du négoce et organiser des temps conviviaux avec clients et fournisseurs comme « la mise en place d’animations autour de parcelles d’essais ». Si le négociant espère bien à l’avenir optimiser le chiffre d’affaires de son entreprise, il souhaite surtout maintenir sa bonne relation avec les agriculteurs. « Agri 89 doit rester un négoce incontournable de notre secteur », conclut-il.