LCA Métiers du grain craint de « voir des entreprises se mettre sur off »
Le 11 octobre devant la presse, le président de LCA Métiers du grain, Antoine Hacard, a interpellé les pouvoirs publics sur leur accompagnement vital des entreprises, aussi bien pour faire face à la conjoncture énergétique que pour leurs engagements dans les transitions.
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C’est un signal de détresse que le président de La Coopération agricole Métiers du grain, Antoine Hacard, a lancé lors de la conférence de presse annuelle de son organisation, mardi 11 octobre, face à l’inflation galopante de l’énergie. « Nous sommes extrêmement inquiets car le gouvernement ne nous apporte pas d’éléments qui nous rassurent à court terme. »
« Des entreprises tétanisées »
Une inquiétude qui prend sa source dans l’appréhension de l’arrêt d’activité de certaines entreprises ne pouvant plus supporter la conjoncture énergétique. « Ma crainte va au-delà des risques de coupure, c’est en effet de voir des entreprises se mettre sur off, de stopper leur activité. » En aparté de la conférence, Antoine Hacard a évoqué des « entreprises tétanisées face au prix de l’énergie et qui vivent en permanence sous la menace du prix ». D’autant que nombre d’entre elles ont à renouveler leur contrat énergie d’ici la fin de l’année ou l’an prochain et se retrouveront sur un marché libre aux prix multipliés au moins par dix.
À cette conjoncture énergétique manquant cruellement de visibilité à ce jour, s’ajoute celle sur les engrais avec des prix multipliés par quatre depuis 2020 en ammonitrate 27 et par cinq pour certains engrais de fond. Et avec aussi un risque avéré de manque de disponibilité. En outre, cette situation va générer de gros besoins en BFR pour assurer la passerelle entre la période d’achat et celle de revente aux agriculteurs, avec à la clé une augmentation des charges financières pour les entreprises.
Un bouclier énergétique attendu
Face à ces urgences, LCA Métiers du grain espère obtenir des réponses positives de l’État sur la demande d’un bouclier énergétique avant le 1er janvier 2023, « efficace, facile d’accès et à mettre en œuvre », et sur l’autorisation à s’approvisionner auprès de l’usine d’Anvers du fabricant d’engrais EuroChem. Le gouvernement prétend que cette firme a toujours des liens avec l’oligarque russe qui en était actionnaire et avait annoncé s’en être retiré.
Et pour clore ce chapitre engrais, Antoine Hacard a appelé à cesser « les tracasseries administratives sur le stockage des ammonitrates haute densité ; cela peut attendre quelques mois, vu la situation actuelle ».
Cesser l’inflation réglementaire
Cette actualité épineuse ne fait pas oublier pour autant les engagements à plus long terme et, là aussi, LCA Métiers du grain a fait part de ses attentes vis-à-vis des pouvoirs publics afin de mener à bien, par des entreprises chahutées par la conjoncture, les différentes transitions en cours dans les 162 coopératives ayant une activité appro et collecte du grain.
Son président a ainsi insisté sur la nécessité de la part de l’État de cesser l’inflation réglementaire, de prendre une posture d’apporteur de solutions (et non d’interdictions), de participer à accélérer la recherche et le développement d’innovations pour « ne pas tomber dans la décroissance agricole », et de prendre des mesures en faveur de l’attractivité des métiers de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la formation.
Un plan silo pour 2030
Parmi les projets où un soutien public serait le bienvenu, ont été citées la production d’azote à partir de ressources renouvelables, l’innovation génétique avec une évolution réglementaire attendue sur les NBT ou encore la fluidification du marché du travail.
D’autres investissements devenus nécessaires à la profession requièrent également ce soutien massif, comme l’a souligné LCA Métiers du grain : la modernisation du parc silos dans le cadre d’un plan silo 2030 pour augmenter les volumes d’allotement et la rénovation massive de la logistique. « Nous manquons de camions, chauffeurs, GNR, péniches et trains ; nous avons besoin d’un État stratège pour régler cela », déclare Antoine Hacard. Des projets sont en cours, à l’image du canal Seine-Nord Europe, mais « les besoins restent colossaux ».
Hélène LaurandelPour accéder à l'ensembles nos offres :