Collectes d'automne : les conducteurs de séchoirs sont sur le pont Prévenir les incendies de séchoir… ou guérir
Comme chaque année, quelques feux de séchoirs vont se déclarer. D'autant plus que les récoltes sont plutôt abondantes. La vigilance est donc de mise.
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En ce mois d'octobre, les récoltes d'automne prennent toute leur place. Les séchoirs, eux, tournent à plein régime. Et comme la récolte est abondante, il va falloir aller encore plus vite, ce qui va engendrer plus de fatigue dans les équipes. Lors de la campagne passée, ce sont une quinzaine de séchoirs qui ont brûlé. C'est bien souvent le surséchage des grains, qui facilite leur inflammation. La qualité des produits est généralement en cause.
Prendre le réflexe du guide silo
Humidité relative trop basse ou trop élevée, apport de chaleur, présence d'impuretés, dépôt de poussière… tous ces éléments, et qui plus est s'ils sont combinés, sont susceptibles d'accroître dans le circuit le risque de blocage du grain et donc de surexposition à la chaleur. Afin de prévenir le risque d'incendie, la profession (Coop de France, FNA, FranceAgriMer, Synacomex, Intercéréales) s'est concertée pour publier un document, le guide silo (www.guide-silo.com), qui récapitule en particulier les bonnes pratiques de la conduite du séchage (réglage du débit d'air et de la température, prélèvement régulier d'échantillons de grains séchés, vigilance par rapport à la signalisation, aux odeurs ou aux bruits, nettoyage en cours de campagne…). Reste que la maîtrise du risque d'incendie tient pour une bonne part à la compétence des personnels d'exploitation. D'où la nécessité de formations pour bien connaître les installations. Formations qui sont à réaliser en inter-campagne de séchage, période à laquelle il est également convenu de contrôler et d'entretenir les appareils.
Adopter la gestion du retour d'expérience
La prévention peut également être améliorée par la mise en place d'un système de remontée et d'analyse des presque-accidents, ces incidents qui dans d'autres circonstances auraient pu avoir des conséquences beaucoup plus graves. Une notion nouvelle qui commence à faire son petit bonhomme de chemin notamment depuis que l'arrêté « silo » du 29 mars 2004 (article 5) stipule que tout événement susceptible de constituer un précurseur d'explosion ou d'incendie doit être signalé dans un registre, tenu à la disposition des installations, classé et analysé. « Faire remonter les erreurs et tirer parti de ces erreurs, c'est un changement profond en terme de culture sécurité », commente Florent Varin, directeur Sécurité, environnement et risques industriels à Coop de France-Métiers du grain. Afin d'aider les collecteurs à entrer dans cette démarche de gestion du retour d'expérience, basée sur la confidentialité et le partage d'enseignements, l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques) a produit pour Coop de France un document de management formalisé. Une démarche qui doit être adaptée aux objectifs et aux moyens du stockeur.
Les cinq premières minutes sont essentielles
Si un incendie est suffisamment rare pour que le personnel ne sache pas comment réagir, il se dit qu'un opérateur est exposé au moins une fois dans sa vie à un feu de séchoir. Alors autant s'y préparer, notamment en rédigeant des consignes détaillées. Elles peuvent être illustrées de photos du site qui indiquent les emplacements retenus pour arroser et comment y accéder. « Dans un tel incendie, ce sont les cinq premières minutes qui comptent, explique Jean-Louis Vernet, de Terres du Sud. Le réflexe immédiat à la découverte du feu est de couper la ventilation, l'électricité et de localiser le point chaud. » Il faut, en effet, s'attaquer en priorité au grain par aspersion de petites quantités d'eau. La vidange du séchoir est pour cela souvent nécessaire. Pour du maïs, si la détection est très précoce, la lutte contre le feu peut durer quatre heures environ sans que le matériel ne subisse de dommages très graves. Pour du tournesol, on dispose d'une à deux heures seulement.
« A partir du moment où l'on perd la maîtrise du feu, le recours aux services de secours devient indispensable », fait savoir Marcel Lafitte, responsable du service sécurité de Maïsadour et en même temps pompier volontaire, et chef d'un centre de secours. Une expérience qui permet aux salariés de la coopérative de bénéficier d'une formation donnée par lui-même, d'un bon relationnel avec les centres de secours et d'un certain sang-froid face à des situations d'incendie. « On apprend la base, mais un feu est à chaque fois différent. » Comme quoi, l'organisation des secours passe par la formalisation de procédures d'intervention élaborées par les différents interlocuteurs, et par la pratique régulière d'exercices de simulation effectués en toute confiance .
Renaud Fourreaux
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