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VU À L'ÉTRANGER Agrifirm prône l'appro durable en alimentation animale

« Nous contribuons à une industrie circulaire et durable. Rien ne se perd tout se transforme », s'enthousiasme Ruud Tijssens d'Agrifirm.N. SAVIN

Le groupe coopératif néerlandais Agrifirm se fournit en coproduits de l'industrie agroalimentaire et soja labellisé durable pour son activité alimentation animale.

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Agrifirm, leader néerlandais de l'alimentation animale, a produit 4,3 Mt d'aliments composés en 2015. Le groupe s'approvisionne en matières premières auprès de ses associés coopérateurs en grandes cultures, des marchés internationaux, mais aussi de l'industrie agroalimentaire. En effet, 48,4 % de ses aliments composés contiennent des produits résiduels ou des coproduits agroalimentaires.

« Cela fait plus d'un siècle que notre filiale Bonda qui achète ces produits dans six pays européens, existe », commente Ruud Tijssens, directeur des Affaires générales, stratégiques R & D et RSE, et également président de la Fefac (1). En effet, Bonda achète des coproduits de brasserie, raffinerie sucrière, laiteries, industries de transformation de pommes de terre, d'amidon, d'éthanol, et des produits de boulangerie, biscuiterie et chocolaterie, résultant d'erreurs de production, d'écarts ou d'invendus. « En aucun cas, des produits avariés ! », précise-t-il. Comme il s'interdit aussi de parler de « déchets », quand la nutrition animale peut valoriser des coproduits qui se substituent à une partie des céréales et graisses dans les formules.

Des contrats pluriannuels avec les IAA

Agrifirm est ainsi lié par des contrats pluriannuels avec ces usines agroalimentaires. « C'est la garantie pour les marques que leurs produits ne se retrouveront pas sur un marché alimentaire parallèle ce qui nuirait à leur image », explique Ruud Tijssens. Le groupe leur offre également une bonne valorisation financière et environnementale de leurs « rebus ou casse », ainsi qu'un enlèvement quelles que soient la quantité et la période de l'année.

Des machines qui déballent les barres chocolatées

Les produits concernés bénéficient d'avantages non négligeables pour Agrifirm, leur excellente qualité, leur sécurité alimentaire, leur composition précise et constante, ce qui permet au fabricant d'aliments d'adapter ses recettes sans trop de contraintes. « Au final, nos formules ont des valeurs nutritionnelles stables avec un écart type de la valeur énergétique de 2 %, alors que les céréales ont un taux de 2,5 à 3 % », précise Ruud Tijssens.

Les usines du groupe ont développé des machines capables de déballer les barres chocolatées et les biscuits, avant de les transformer en composants, exempts de toute trace d'emballage. Bonda compte neuf unités qui traitent des coproduits en Belgique, France (Pont-de-Vaux, Pannecé, Nesle, Bischoffsheim), Roumanie, Bulgarie et aux Pays-Bas, le plus souvent situées à proximité des industries agroalimentaires, pour réduire les frais logistiques. En fait, Bonda vend environ la moitié de ces 2,3 Mt de coproduits à ses coopérateurs qui ont leurs propres unités de fabrication d'aliments à la ferme. L'autre moitié est utilisée par Agrifirm Feed et vendue à des concurrents. Même si les prix de ces produits sont plus intéressants que ceux des céréales, ils sont toutefois indexés sur les cours des matières premières et ils nécessitent des investissements et une ingénierie, spécifiques qui ne les rendent pas forcément plus rentables. « Mais par ces circuits de valorisation, nous contribuons à une industrie circulaire et durable, rien ne se perd tout se transforme », s'enthousiasme Ruud Tijssens.

En 2015, ces coproduits ont été intégrés à hauteur de 65 % pour les aliments bovins lait, de 40 % pour les porcs, de 31 % pour les poules pondeuses et de 41 % pour les volailles de chair. Une proportion qui varie chaque année un peu « mais qui a atteint son niveau d'optimisation », d'après Ruud Tijssens. « En revanche, il reste des marges de progrès pour les protéines », affirme-t-il. Depuis plusieurs années déjà, le consommateur nord européen, est sensible à la provenance du soja qui nourrit le bétail, préoccupé par la déforestation et l'érosion.

Recherches sur les protéines alternatives

L'Etat, les importateurs, les fabricants d'aliments et les syndicats agricoles sont à la recherche de solutions. Agrifirm s'est engagé dans le cadre d'un Green Deal, à faire produire par ses associés coopérateurs du soja sur 5 000 ha, en échange d'une aide de 70 €/t, dans les trois principales provinces céréalières néerlandaises. L'engagement porte aussi sur l'achat de 100 % de soja certifié responsable (lire encadré) en provenance du continent américain, soit 250 000 t. « Nous sommes très attentifs aux recherches sur les protéines alternatives telles que les insectes et les algues, mais notre principal critère restera la sécurité du produit », assure Ruud Tijssens.

Nadia Savin

(1) Fédération européenne des fabricants d'aliments composés pour animaux.

L'usine de fabrication d'aliments de Den Bosch au Pays-Bas. Stockage et déchargement de coproduits.

N. SAVIN

Agrifirm s'est engagé à faire produire par ses associés coopérateurs du soja sur 5 000 ha en échange d'une aide de 70 €/t.

N. SAVIN

N. SAVIN

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