VU A L'ÉTRANGER Coop fédérée tisse des alliances tout autour de la planète
Au Québec, la Coop fédérée assure sa croissance par l'entremise d'alliances avec des coopératives autour du globe, y compris des coops françaises.
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En plein Sommet international des coopératives à Québec en septembre dernier, la Coop fédérée (CF), basée à Montréal, annonçait la construction d'une usine d'engrais azoté au coût de 1,25 Md$, en joint-venture avec la coopérative Indian Farmers Fertiliser Cooperative. « IFFCO possède des usines au Moyen-Orient, une région très instable. Elle a choisi d'investir avec nous au Québec à cause de la stabilité politique, de l'accès au gaz naturel peu dispendieux et d'un port en eau profonde. Cela lui permet de sécuriser ses approvisionnements d'azote essentiel à la production d'aliments. Il ne faut pas oublier que l'Inde devra nourrir une population bientôt supérieure à celle de la Chine », explique Denis Richard.
Coordonner le réseau
Président de la plus grande entreprise agroalimentaire du Québec depuis 2003, ce céréaliculteur d'une cinquantaine d'années tisse des alliances stratégiques autour de la planète pour assurer la croissance de sa coop, y compris en France avec Euralis. « Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec Coop de France et Terrena pour développer des indicateurs, afin d'évaluer notre performance en développement durable », ajoute-t-il. Un défi important, selon lui, pour attirer les jeunes de la génération Y, très sensibles à la question du durable.
Dès son arrivée à la tête de la Coop fédérée, Denis Richard prend le taureau par les cornes. « Notre réseau n'était pas organisé au Québec pour commercialiser des céréales et concurrencer Bunge ou Cargill ! » Afin de réaliser des économies d'échelle, le réseau des meuneries de la CF passe de 50 à 11 entités pour produire 1,3 Mt d'équivalent d'aliments complets.
Reproduire l'efficacité d'une multinationale
Ce réseau alimente en grande partie Olymel, une filiale de la CF, qui est le plus gros exportateur de viande de porc au Canada. L'entreprise exporte dans 60 pays et a un CA de 2,257 Mds$, en hausse de 77 M$ par rapport à l'an passé. Mais Olymel est menacée par l'intégration verticale pratiquée par les géants américains Smithfield et Tyson. Ces derniers produisent de la viande moins chère en contrôlant les coûts de production de la ferme à l'abattoir. « C'est l'unique façon d'être efficace et rentable », assure Denis Richard. Cette recette il tente de l'appliquer au Québec à l'exemple du Brésil qu'il a visité, et où les coops ont développé une filière porcine axée sur la rentabilité de l'abattoir. Olymel abat la moitié de la production annuelle québécoise d'environ 7,5 millions de porcs. Bien qu'il reste beaucoup de travail de coordination à faire entre les différents acteurs, la filière porcine de la CF compte 1,3 million de bêtes depuis sa création, il y a trois ans.
Parmi les autres défis à relever, l'abaissement des coûts d'administration de l'entreprise dans ses autres réseaux, comme la quincaillerie et l'énergie, doit être réglé. Ceci pour profiter pleinement des nouvelles technologies d'information, dont l'implantation d'un tout nouveau système de gestion informatique. « On doit reproduire l'efficacité d'une multinationale tout en restant des coopératives », spécifie Denis Richard.
Contrecarrer le phénomène de financiarisation
Contrairement aux sociétés qui assurent leur croissance par d'onéreuses acquisitions, Denis Richard croit dur comme fer à la formation d'une filière coopérative internationale pour contrecarrer « le phénomène accéléré de la mondialisation et de la financiarisation de l'agroalimentaire ». Après l'Inde et la France, la CF entend développer des alliances avec les coopératives d'Amérique latine, un projet né dans la foulée du Sommet international des coopératives. Ce dernier coïncidait avec l'année internationale des coopératives déclarée par les Nations unies. Signe du ciel, 2012 était aussi l'anniversaire des 90 ans de la CF. « Nous avons bien l'intention d'être en affaires encore quatre-vingt-dix ans », conclut son président.
Nicolas Mesly
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