VU A L'ÉTRANGER CP Bangalore : une usine d'aliments tête de pont
Premier fabricant d'aliments au monde, le Thaïlandais CP s'est installé il y a dix ans dans le sud de l'Inde, à Bangalore. Actuellement, le marché est en pleine explosion.
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L'usine CP de Bangalore, capitale de l'Etat du Karnataka, produit 8 500 t/mois d'aliments pour animaux d'élevage. " Notre seconde usine en Inde produit 12 000 t/mois. Nous atteignons actuellement 32 000 t/mois en complétant nos besoins par contractualisation avec d'autres usines : nous leur fournissons les matières premières, les formulations et nous assurons le contrôle qualité de leur production ", explique Parinya Comphonsiri, directeur de l'usine de Bangalore. Celle-ci fournit exclusivement ses propres fermes avicoles de reproduction (dont la première, aux portes de son usine) et des fermes sous contrat. " Pour l'instant, nous produisons principalement des aliments pour poulets, mais nous accentuons notre diversification vers l'oeuf, car le prix de la viande de poulet est beaucoup plus volatil que celui des oeufs ici. "
Sous-consommation épisodique
En effet, si la population indienne est à plus du tiers végétarienne, les hindous qui ne le sont pas s'abstiennent de consommer de la viande durant certaines fêtes dont les dates varient d'un Etat indien à l'autre, voire d'une année à l'autre. Elles sont donc assez difficilement prévisibles en production. " Et cette sous-consommation épisodique provoque des tensions à la baisse sur les prix. D'autant que les industriels ne peuvent pas réguler le marché en surgelant les produits, car les consommateurs veulent un produit "chaud", abattu devant eux. " L'avenir se décidera finalement au niveau gouvernemental, l'abattage sur les marchés étant toujours autorisé malgré les risques sanitaires. Le taux d'équipement des ménages en réfrigérateurs reste faible et l'approvisionnement en électricité n'est pas partout très fiable. Alors que l'oeuf, présenté comme une solution complémentaire à l'apport protéique du lait (rappelons que l'Inde est le premier consommateur mondial de lait), se construit peu à peu une place " protégée " de ces à-coups.
Vraie tension sur les appros
La variabilité des lots de matières premières constitue un autre souci pour CP India. " Nous devons analyser chaque lot et l'analyse est libératoire. Nous formulons en fonction des valeurs réelles. " L'Inde fournit une bonne part des approvisionnements, notamment toutes les matières riches en énergies. " Pour les protéines, le soja est par exemple disponible au nord du Karnataka, mais nous allons contrôler nous-mêmes les lots que nous achetons à l'usine de trituration. Pour être autonome, nous envisageons à terme d'extruder nos graines de soja. D'autres matières premières sont peu ou pas disponibles : les achats de coton sont très variables, nous n'utilisons quasiment pas de farines animales, sauf parfois des farines de poisson. Quant aux coproduits de volailles, nous pourrions bientôt en produire nous-mêmes en Inde. " L'huile de palme est peu utilisée pour éviter d'être pointé du doigt face aux controverses qu'elle suscite. Pour la fraction minérale, les prémixeurs, nombreux en Inde, produisent à façon, notamment Provimi et Avitec. " Nous utilisons des minéraux organiques validés par le centre de recherche de notre groupe, que nous leur demandons d'incorporer à nos formules, notamment pour les aliments destinés aux poussins. "
Assurer la croissance
La question principale reste finalement d'assurer la croissance : avec + 40 % par an, les usines sont vite dépassées ! L'unité de Bangalore , construite sur un terrain qui n'appartient pas au groupe, ne fait plus l'objet d'investissements lourds car le terrain pourrait prochainement être récupéré par ses propriétaires. Mais, en juin, le groupe devrait inaugurer une nouvelle usine d'une capacité de 30 000 t/ mois, 100 % automatisée, à 150 km de Bangalore.
Yanne Boloh
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