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Anticiper Ecophyto 2018 avec un réseau de fermes

Agrial a mis en place un réseau de fermes de références DEPHY grandes cultures dans le cadre du Plan Ecophyto 2018.

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« Réduire de moitié les traitements phytosanitaires pourrait remettre en cause la production, en quantité et en qualité, donc l'approvisionnement de nos filières aval », explique Didier Lardillier , le responsable du service agronomie et protection des cultures (SAPC) d'Agrial. Après l'annonce du Plan Ecophyto 2018, la coopérative a voulu tester sur le terrain les possibilités de réduction de la pression phytosanitaire et s'est portée candidate pour la mise en place d'un réseau de fermes DEPHY en grandes cultures. Selon les propres termes du ministère de l'Agriculture, ces fermes pilotes « expérimentent des systèmes économes en pesticides, partagent leurs bonnes pratiques et se soutiennent mutuellement ». Pour Didier Lardillier, l'objectif est également « d'anticiper, de tester des alternatives et de faire des propositions tangibles avant 2018 ».

1. QUATORZE EXPLOITATIONS

Lancé début 2011, le réseau compte quatorze exploitations situées dans le Calvados et l'Orne, sur la zone de plaine de Caen-Falaise-Argentan. Elle englobe l'aire de captage qui approvisionne en eau la ville de Caen. « Nous sommes partis d'un groupe de neuf exploitations baptisé “produire autrement” avec lequel nous testions l'impasse fongicide et régulateur, rappelle Didier Lardillier. Cinq ont accepté de poursuivre et les autres ont été amenées par les RTE (référents technico-économiques). » Antoine Poulain, technicien au SAPC a été affecté à plein-temps au suivi de ce réseau. Il assure les relations avec les coordonnateurs nationaux de l'opération : ministère de l'Agriculture , chambres d'agriculture et InVivo.

2. DIAGNOSTIC ET SUIVI DE L'IFT

« Nous faisons d'abord un état des lieux des pratiques avec l'agriculteur en déterminant son indice de fréquence de traitement (IFT) global et par culture. Puis, nous déterminons les techniques à mettre en oeuvre », explique Antoine Poulain . La référence régionale de départ est de 5,2 pour l'IFT global avec l'objectif d'atteindre 3,6 en 2013. Agriculteur à Potigny , dans le Calvados, Bruno Soenen a même réussi à descendre à 2,6 en 2011 sur ses 66 ha. Il a notamment testé l'introduction de 40 ares d'une variété précoce de colza dans une parcelle de 15 ha, afin d'attirer les ravageurs. « Mais l'année était exceptionnelle avec une faible pression maladies. Il faudra faire un bilan sur trois à cinq ans pour avoir du recul et expliquer à l'administration ce qu'il est possible de faire. »

3. « RAISONNEMENT INTENSIF »

Didier Lardillier confirme ces résultats très particuliers : « douze exploitations sur quatorze sont en dessous ou au niveau de cet objectif de 3,6 ». « Il va falloir privilégier l'approche agronomique. L'agriculteur devra observer beaucoup plus ses parcelles et passer plus de temps avec son RTE qui devra être parfaitement informé », souligne Bruno Soenen . « Les cent dix RTE d'Agrial ont été formés au diagnostic, aux notations, aux seuils de nuisibilité… Chacun consacre près d'une heure et demie par semaine à l'observation d'une parcelle afin d'approvisionner les bulletins de santé du végétal, rappelle Didier Lardillier. Mais ce raisonnement intensif exige plus de temps, amène plus de risques et moins de chiffre d'affaires ! »

Jean-Claude Ballandonne

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