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Arterris résolument engagée dans l'innovation

Arterris boucle sa première année de fonctionnement et la période est difficile pour ses adhérents, mais la taille de la coopérative lui permet de poursuivre ses projets.

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Issue de la fusion, il y a un an, de trois coopératives régionales, Toulousaine de céréales, Audecoop et Groupe coopératif occitan, Arterris (Castelnaudary, Aude) est prête aujourd'hui à exposer les axes de développement qu'elle a choisis. « Nous croyons fortement à la croissance des besoins en produits agricoles, notamment sur le bassin méditerranéen qui est à notre porte, confient Guillaume Duboin, le directeur général adjoint et Francis Lamisse, DG. La coopérative est en ordre de bataille pour produire davantage, aussi bien à des fins alimentaires que non alimentaires, et répondre aux attentes de la société en matière de progrès durables. » Située à cheval sur Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, Arterris est aujourd'hui premier collecteur français de blé dur, de tournesol et de sorgho (95 points de collecte et silos), premier opérateur en approvisionnement sur ces deux régions (120 dépôts), premier producteur d'aliment du bétail sur sa zone de chalandise (3 usines spécialisées) et premier multiplicateur de semences au sud de la France (14 000 ha). Ses domaines concernent aussi bien les grandes cultures que les cultures pérennes, les productions animales, la création et l'entretien d'espaces verts, la distribution grand public, les emballages, les équipements et la transformation agro-alimentaire.

Etre écologiquement compatible

« La dimension d'Arterris et sa forte capacité d'investissement nous permettent de nous engager résolument dans la R & D et l'innovation », souligne Jean-François Renoux, président de la coopérative. Son premier axe de développement consiste à trouver comment intensifier la production, tout en étant « écologiquement compatible ». En matière de biofertilisation, un important travail de recherche est actuellement en cours avec Agronutrition (programme Néofertil) pour trouver des solutions complémentaires ou alternatives aux engrais. D'autres travaux sont réalisés avec Bois Valor et Biophytec, dans le secteur de la protection des cultures. Dans ces deux domaines, des produits devraient être disponibles d'ici à trois ans.

« Nous avons aussi mis au point un adjuvant phytosanitaire pour le désherbage en grande culture, à base d'huile de tournesol. Il est d'ores et déjà homologué au Danemark et en Allemagne, où il est commercialisé par la société SDP (Aisne), reprend Guillaume Duboin. On pourra le trouver en 2010 dans les îles Britanniques et nous l'espérons en 2011 en France. Nous entamons des démarches pour son référencement en cultures pérennes et pour d'autres utilisations que le désherbage. Même si cela ne concerne pas de gros tonnages de tournesol, c'est toujours un débouché supplémentaire. »

Pilotes en méthanisation

Une autre utilisation possible du tournesol, en cours d'étude chez Arterris, est celle des biomatériaux substituts au plastique, et à la colle. La coop possède des brevets et cherche des partenaires pour fabriquer et développer les produits. « Enfin, en matière d'énergie, nous travaillons très activement sur des projets de méthanisation des déchets agroalimentaires, ce qui nous permettrait à la fois de nous en débarrasser et de les valoriser, poursuit Guillaume Duboin. Deux sites de méthanisation devraient voir le jour à Castelnaudary et Puylaurens (Tarn) d'ici à deux ans, puis à Albi, Montauban, Toulouse, Béziers et Perpignan d'ici à quatre ans. Nous voulons être pilotes en matière de distribution de digestat aux vertus fertilisantes. Cela nous rendra, par ailleurs, moins dépendants des importations d'intrants et nous positionnera sur une dynamique de production plus acceptable sur le plan sociétal. »

Certaines productions dérobées, destinées à la biomasse, pourront être proposées aux adhérents, en complément de leurs cultures alimentaires habituelles, mais elles ne prendront jamais leur place. Enfin, en alimentaire, Arterris poursuit les travaux d'amélioration des productions végétales et animales, initiés par les trois coopératives (nouvelles méthodes d'allotement des céréales, nouvel outil d'abattage à Castres…).

Régularité des rendements

« Notre objectif n'est pas d'augmenter nos tonnages en grandes cultures », conclut Guillaume Duboin. Dans les régions du sud de la France, le premier gain économique des adhérents passe par la régularité des rendements en améliorant encore les techniques de production. Aujourd'hui, la situation est délicate, car les récoltes ont été mauvaises à cause de la pluie (il manque 25 % de la collecte), les éleveurs laitiers, acheteurs d'aliments, sont très touchés, sans compter les viticulteurs, les arboriculteurs… Toutes nos filières sont en difficulté, si bien que nous mettrons en place des actions d'accompagnement d'ici la mi-novembre. La taille de la nouvelle structure nous permet d'avoir une meilleure capacité de réaction, mais nous devons aussi convaincre nos adhérents de ne pas renoncer à produire, afin de ne pas rater la vague, lorsque les fluctuations du marché repartiront à la hausse et que les récoltes seront bonnes. »

Florence Jacquemoud

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