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VU À L'ÉTRANGER Le monde du conseil privé s'active

Y a-t-il une exception française dans le conseil ? Partout dans le monde ce concept de consultant privé s'organise et se développe, sauf en France.

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Le 8 octobre 2010, la Global Alliance of Independent Agricultural Consultants (GAIAC) est née à Paris, en présence de consultants privés des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, du Canada, d'Australie et de France. " Nous ne sommes pas des concurrents des distributeurs, bien au contraire, nous sommes des partenaires ", martèle Allen Scobie, président de l'association. Même son de cloche chez Al Everitt, l'ancien président de la très puissante NAICC américaine. " Je travaille en synergie avec les principaux distributeurs de Caroline du Sud. Il en va de même des 550 consultants privés américains. Les distributeurs ont bien compris que notre job était d'aider les agriculteurs à mieux gérer leurs exploitations. Les rôles sont bien définis entre nous. " Le conseil privé a pris un essor considérable dans de nombreux pays, d'autant plus facilement que le prix du service est bien souvent différencié de celui du produit. En Europe du Nord, dans les pays anglo-saxons, notamment le Royaume-Uni et les Etats-Unis, il représente plus de 50 % du conseil agronomique.

Un plus avec la recherche et le développement

En Australie, ce sont les distributeurs qui laissent la place aux consultants pour des raisons d'économie. " Avec 140 000 exploitations sur un territoire vaste comme l'Europe, nous sommes une petite centaine à délivrer le conseil technique, en liaison proche avec les distributeurs qui, eux, valorisent les productions et vendent les produits ", relate Ian Macleod, le président de l'association australienne. Autre piste pour les conseillers privés, la recherche et le développement que les Etats, les firmes phytos et les distributeurs ont tendance à déléguer. " Au Royaume Uni, c'est Margaret Thatcher qui a totalement asséché la recherche agronomique publique, nous avons alors pris le relais ", relate Allen Scobie. Bob Glodt, actuel président de la NAICC américaine, précise : " Je développe des champs d'essais et vends les résultats pour les firmes et les distributeurs. Ils servent de référence aussi pour les consultants membres de notre association. " En Australie, cette spécialité est détenue pour plus de 80 % par des entreprises privées. Ian Macleod, président de Perfecto, la principale entreprise du pays, fait travailler plus de 50 personnes à temps plein.

Minoritaire en France

" En France, il existe un certain malentendu entre distributeurs et consultants privés indépendants, relève Hervé Tertrais, vice-président du PCIA, Pôle du conseil indépendant en agriculture créé en 2004 (www.pcia.fr). Nous sommes là pour apporter une compétence, pas vendre des produits ou favoriser la création de groupements d'achat, militer pour la séparation du conseil et de la vente. De nombreux pays ont fait ce choix, pas la France. La nouvelle réglementation doit apporter de la transparence, car l'agriculteur doit pouvoir clairement identifier les entreprises inscrites sous la rubrique conseil indépendant. "

Le texte du décret, proposé par la DGAL en juin dernier dans le cadre de la loi grenelle 2, prévoit en effet un agrément spécifique pour quatre types de métier : la vente au grand public, l'application, la distribution aux utilisateurs professionnels et, enfin, le conseil indépendant. Pour pouvoir prétendre à ce dernier agrément, il faut faire la preuve que ses ressources financières proviennent uniquement des honoraires versés par les clients et non de la vente de produits phytos ou autres intrants, de matériels de pulvérisation et de collectes de céréales. Ce qui élimine, entre autres, tous ceux qui gèrent des GIE ou des groupements d'achats, tous ceux rémunérés par une activité liée à la distribution ou à la collecte.

Christophe Dequidt

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