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Transformer les déchets en méthane

Ferti-Nrj a démarré la production de méthane dans son usine de Passel (Oise) en novembre dernier. Parmi les partenaires, la coopérative de l'Aisne, Axion.

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L'usine Ferti-Nrj, de Passel, est sortie de terre quatre ans après le lancement du projet et produit depuis dix mois du méthane qu'elle transforme en électricité. L'entreprise qui dispose d'un ancrage régional fort associe différents partenaires parmi lesquels la coopérative de l'Aisne, Axion et le groupement d'agriculteurs Innov'Aisne qui, ensemble, détiennent 12 % du capital, la société spécialisée dans la biométhanisation, Fertigaz (57 %) et la SER, société d'électricité régionale du canton de Lassigny qui rachète l'électricité produite. L'investissement s'est élevé à 6 M€, financé en partie par des subventions (0,7 M€) de l'Ademe, de la région, de l'agence de l'eau Seine-Normandie et du Feder. " Ferti-Nrj est la première unité de biogaz que nous mettons en place, explique Eric Delacour, PDG de Fertigaz et de Ferti-Nrj. Le site sert de pilote pour valider l'ensemble du process. Fertigaz a d'autres projets similaires, en particulier en Bretagne, avec un éleveur de porcs, et en Champagne, avec les coopératives Cristal union (sucre) et Sun Déshy (luzerne). "

DES DÉCHETS TRÈS VARIÉS

Le site de Passel traite essentiellement des déchets des filières agro-industrielles, agroalimentaires (amidonneries, biocarburants, deuxième transformation, graisses…) et de stations d'épuration urbaine. Mais il a l'autorisation de recevoir jusqu'à 38 240 t d'un éventail assez large de produits, notamment d'origine végétale. Les associés n'intègrent pas de déchets verts (tontes, branchage…) qui trouvent une meilleure valorisation localement en compost, ni de cultures dédiées comme le maïs. " Nous sommes autorisés à en introduire et nous le ferons peut-être un jour, si nous avons besoin de rééquilibrer le digestat avec certaines matières ", précise le PDG. Axion peut aussi y traiter les issues de récoltes qu'il ne valorise pas via d'autres filières.

LA MÉTHANISATION DANS TOUS SES ÉTATS

Les déchets sont liquéfiés et stockés dans deux cuves tampons puis injectés dans le digesteur par pompage en semi-continu (quelques minutes toutes les heures). Les bactéries font alors leur travail en milieu liquide anaérobie à 37 °C et agité en permanence. La digestion dure en moyenne quarante jours, mais elle varie beaucoup selon la nature des déchets. Elle est par exemple beaucoup plus rapide pour un lisier que pour un déchet pailleux. Le trop plein de digestat et le biogaz dégagés sont recueillis dans une cuve de postdigestion où se termine la digestion et où le méthane est stocké.

LA PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ

Dans le moteur, l'énergie dégagée par la combustion du méthane active un moteur à pistons qui fait tourner un alternateur. Il dispose d'une puissance électrique de 716 kW. La construction d'un 2e digesteur et d'un 2e moteur est prévue sur le site d'ici à 2012, ce qui doublera la capacité de production du site.

Les thermies récupérées au cours de l'opération servent à maintenir la température du digesteur, à chauffer les bureaux et les ateliers et à déshydrater le digestat. Une fois son taux d'humidité ramené à 70 %, le digestat est composté pendant six semaines en mélange avec du fumier de cheval. Le " lavage " de l'air à l'acide sulfurique pour éviter les odeurs (ammoniac notamment) produit aussi 10 m3/mois de sulfate d'ammonium (50 uN/m3) qui sont commercialisés localement auprès d'agriculteurs.

Blandine Cailliez

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