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Pour les collecteurs et distributeurs de la filière céréalière Prévenir efficacement et durablement les TMS

La réglementation et/ou le souci de la santé de ses salariés peuvent conduire à mettre en place une démarche de prévention des risques de troubles musculo-squelettiques (TMS), dans le secteur de l'appro-collecte des grains.

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Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont des troubles de l'appareil locomoteur pour lesquels l'activité professionnelle joue un rôle dans leur survenue, leur maintien ou leur aggravation. Des situations défavorables au niveau du poste de travail et de son environnement (répétition des gestes, manutention lourde, postures contraignantes...), de l'organisation du travail (délai trop court, travail monotone, récupération insuffisante...), ou encore du climat social (mauvaises relations de travail, défaut d'entraide, manque de moyens...) en sont la cause.

Tous ces troubles peuvent induire des douleurs localisées (colonne vertébrale, épaule, coude, poignet, main, genou, cheville, pied) se traduisant par des tendinites, lombalgies, syndrome du canal carpien...

Les TMS ont des conséquences à la fois pour le salarié et pour l'entreprise.

Première maladie professionnelle

Elles représentent en effet 90 à 95 % des maladies professionnelles des salariés du régime agricole français. Trois secteurs sont particulièrement touchés : la viticulture (20 %), l'abattage et la découpe de gros animaux (18 %) et les cultures spécialisées (14 %). L'appro-collecte est de loin beaucoup moins concernée, surtout dans la filière céréalière. « Les coopératives métiers du grain ont déclaré en moyenne chaque année soixante-dix-sept maladies liées aux TMS en 2008-2011 contre 300 à 500 pour le secteur de l'abattage », révèle Vincent Magdelaine, directeur Coop de France métiers du grain.

Selon la MSA, sur la période 2006-2010, pour l'ensemble des coopératives appro-collecte, le nombre de malades pour 1 000 salariés est de 2,94 pour la collecte et 1,80 pour l'approvisionnement à comparer à 2,75 pour l'ensemble des secteurs agricoles, et... à 43 en traitement de la viande de boucherie, fréquence de TMS la plus élevée.

Diagnostiquer les pratiques à risques

Si les chiffres sont relativement bons pour les OS céréaliers, il est cependant nécessaire, voire obligatoire, de se préoccuper de la prévention des TMS. « Etre vigilant permet d'agir précocement et de limiter les risques de TMS et leurs conséquences », souligne Jean-Pierre Zana, ergonome expert à l'INRS, l'Institut national de recherche et de sécurité. De plus, toutes les entreprises doivent réaliser un diagnostic collectif des risques liés à leur activité, consigné dans le document unique. Depuis le 1er janvier 2012, s'y ajoute, pour les entreprises de plus de 50 salariés, un diagnostic sur la pénibilité du travail. Cela passe d'abord par l'évaluation des risques en interne comme l'a réalisée la Scara (lire ci-dessus). « L'INRS propose des formations courtes pour aider les entreprises dans ce travail. Un document intitulé Méthodes d'évaluation des risques liés à la charge physique de travail devrait également être disponible fin 2013. »

Ensuite, si besoin, elle peut faire appel à un ergonome pour étudier plus finement les postes à risques et avoir des solutions d'amélioration adaptées à l'entreprise. « Dans les structures de collecte-appro, les conditions de travail de manutention peuvent être à risque si le rythme de travail est soutenu et les charges trop lourdes », souligne Slimane Bouraï du Cnam Lorraine qui est intervenu à la Scara en janvier 2013 au magasin appro. « L'ambiance climatique peut aussi accentuer ce risque. »

Agir au niveau humain, organisation et technique

Une fois le diagnostic posé, place au plan d'actions. « Revoir l'organisation du travail pour réduire les contraintes, effectuer des aménagements techniques en investissant dans du matériel adéquat, favoriser la formation et l'information, sont autant de pistes à explorer en concertation avec tous les acteurs », souligne Jean-Pierre Zana. « Le CHSCT peut jouer un rôle important dans la mise en place des actions de prévention et la motivation des salariés, de même que les partenaires sociaux, le CE, les délégués du personnel », estime Christelle Gourdin d'Harmonie Mutuelle, qui depuis dix ans développe à travers son service prévention, des actions de promotion de la santé en entreprise. Les salariés et l'encadrement peuvent être accompagnés par un formateur PRAP (Prévention des risques liées à l'activité physique) en prenant contact avec la Carsat (Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail) pour les entreprises relevant du régime général (négoces), avec un conseiller Santé et sécurité au travail de la MSA (pour les coopératives) ou d'autres organismes comme les mutuelles ou l'INRS. Des ateliers « gestes et postures » comme ceux suivis à la Scara peuvent compléter cette réflexion. « Mais toutes ces démarches de prévention ne seront efficaces que si elles s'inscrivent dans le temps, sont évaluées régulièrement et adaptées si nécessaire », prévient Christelle Gourdin.

Chantal Urvoy

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