Les responsables agroéquipement ont une nouvelle mission Organiser la collecte des plastiques agricoles
S'engager dans la récupération des produits en plastique usagés issus de l'agriculture en vue de leur valorisation ou de leur élimination n'est pas anodin. Un chantier à ne pas prendre à la légère, tant au niveau technique que financier.
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«L'intervention de la distribution dans l'organisation de la collecte et de la récupération des produits, c'est un peu un nouveau métier », indique Bernard Le Moine, délégué général du Comité des plastiques agricoles, alors que la filière volontaire de recyclage d'Adivalor vient de se mettre en place pour les plastiques agricoles usagés. Néanmoins, un certain nombre d'opérateurs n'ont pas attendu ce dispositif et peuvent témoigner de l'importance, avant de se lancer, d'identifier le gisement de plastiques usagés, les coûts et les acteurs potentiels, organisationnels et financiers. Il s'agit surtout d'établir un cahier des charges précis pour réaliser une collecte la moins coûteuse possible, à la fois pour le distributeur et l'agriculteur. Ainsi, le regroupement des volumes par les agriculteurs sur un site de collecte (généralement un dépôt d'appro) paraît le meilleur compromis. Pour l'instant, seuls les sacs d'engrais, les big bags et les films agricoles usagés (FAU) sont concernés par la filière de récupération d'Adivalor, même si des réflexions portent sur des aménagements similaires pour les ficelles, les filets et les bidons vides de produits d'hygiène de l'élevage. Les distributeurs se doivent donc d'insister sur la propreté des plastiques déposés par les agriculteurs qui conditionne la valorisation des produits et donc les négociations avec les recycleurs. Si les films d'enrubannage et d'ensilage peuvent généralement être mélangés, les ficelles et les filets sont généralement à mettre dans des sacs mis à disposition par les distributeurs. Par exemple, chez Axéréal, 1 sac acheté (1,80 €) = 1 sac donné. « Il faut bien préciser que les plastiques non conformes ne sont pas acceptés », explique Roland Martinat, responsable agroéquipement chez Axéréal, même si « les produits déposés sont globalement assez propres », poursuit Fabien Virmont, de la coopérative limousine Natéa.
Planifier la collecte
Cahier des charges et période d'ouverture des dépôts doivent être communiqués par les opérateurs de collecte auprès des agriculteurs (dépliants à disposition dans les dépôts, mailings, présence dans la presse locale…). Chez Natéa, chacun des dépôts connaît une semaine d'ouverture et les plastiques sont ramassés à l'issue de cette collecte. La période de collecte sur l'ensemble des dépôts dure six semaines, au printemps, pour dégager les cours avant les moissons, mais aussi en raison d'une certaine disponibilité du personnel, des agriculteurs et des prestataires de transport. Certains préfèrent la programmer à l'automne. D'autres, encore, recourent à des intérimaires. En tout cas, la détermination du nombre de sites collecteurs et du seuil de collecte (variable selon les territoires, environ 10 t chez Natéa et Axéréal) est essentielle. En effet, il faut au moins que le volume rassemblé à l'issue de la période de collecte puisse rentabiliser un tour de camion. Le nombre de sites collecteurs est donc déterminé lors de l'établissement du budget prévisionnel, lequel ne peut pas être préparé trop à l'avance. Car si certains coûts (communication, information-formation, animation) sont assez stables, d'autres comme celui du transport, ou pire, celui de la valorisation sont très volatils et ont un impact important sur le coût de la collecte. Alors qu'il était possible en 2008 pour les sociétés valorisatrices d'écouler les produits issus du traitement des FAU à un niveau de 65 €/t, il leur fallait débourser, en 2009, en moyenne 20 € pour valoriser cette même tonne, cette contribution étant répercutée aux distributeurs.
Préparer le budget et équilibrer les coûts
Comme les budgets dégagés ne permettent pas de couvrir l'intégralité des coûts de la récupération et du recyclage, les opérateurs de collecte sont donc obligés de trouver des moyens supplémentaires. Prenons l'exemple des FAU en 2009. Alors que l'éco contribution d'Adivalor a représenté 20 €/t de FAU, Natéa estime le coût de la collecte (du dépôt à la valorisation) à une centaine d'euros la tonne. La coopérative a ainsi demandé une participation supplémentaire des fournisseurs de l'ordre de 20 €. La participation de l'agriculteur est montée de 30 €/t en 2008 à 48 €/t (quelle que soit la distance au site de compactage) pour équilibrer le budget. « Il est essentiel d'arriver à compenser tous les coûts, et ceci dès la première année, si on veut que le dispositif soit pérenne », insiste Fabien Virmont. De toute manière, à l'issue de chaque campagne de collecte, un bilan technique et financier s'impose.
Renaud Fourreaux
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