VU A L'ETRANGER Une usine d'aliments dernier cri en mo de bilingue
Alia2, à Floreffe, en Belgique, est l'usine d'aliments pour animaux la plus récente d'Europe de l'Ouest. Elle illustre de nouveaux modes de fonctionnement.
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Quand une coopérative wallonne souhaitant produire des aliments pour bovins et une société privée flamande spécialisée en porc et volailles s'entendent, elles construisent une usine. C'est un peu l'histoire de la plus récente unité de production d'aliments pour animaux d'Europe de l'Ouest, inaugurée le 1er octobre 2010, à Floreffe, en Belgique. Implantée sur un site appartenant à la Scam (province de Namur) et nichée d'ailleurs entre des silos préexistants sur le bord de la Sambre, l'usine appartient en effet pour moitié à cette coopérative et pour l'autre à la société familiale Vanden Avenne de Ooigem (Flandre occidentale). La Scam cherchait l'autonomie dans la production d'aliments et Vanden Avenne souhaitait développer son marché en Wallonie, région par ailleurs productrice de céréales.
1. UN INVESTISSEMENT FLAMAND-WALLON
« Seul, un tel investissement est quasiment impossible alors que nous avions besoin d'accroître notre capacité de production. Simplement pour le stockage, il aurait fallu 20 M€. Là, nous avons pu consacrer 15 M€ au process lui-même, pour investir au mieux de l'état de l'art, choisir le meilleur outil pour garantir l'absence de contaminations croisées. Partant de zéro, nous avons pu concevoir l'usine pour réduire aussi tous les frais d'exploitation, que ce soit les dépenses en énergie, ou la gestion des pièces de rechange. Comme nous sommes au bord de l'eau et au centre de la clientèle, nous économisons plus de 1,3 Mkm en camions entre l'approvisionnement et les livraisons. Et nous nous sommes affranchis des embouteillages de Bruxelles », détaille Patrick Vanden Avenne qui, avec son frère Harold, assure la direction du groupe familial.
2. FORTES CAPACITÉS DE STOCKAGE
Les élevages se situent en effet dans un rayon de 150 km autour du site, en Belgique donc, dans le grand-duché du Luxembourg et dans le nord de la France. « Nous avons dessiné l'usine pour atteindre 150 000 t de production en trois ans. Mais, dès la seconde année, nous sommes passés sur des bases de 180 000 t après, notamment, un développement important de l'activité négoce-distributeur et de l'export vers le marché français, explique Jean-Marc Bourguignon, responsable aliments de la Scam. Nous avons un goulot d'étranglement à la granulation et nous venons donc de décider d'installer une presse supplémentaire, passant ainsi de quatre à cinq presses pour augmenter notre capacité de granulés bovins de 85 % et monter notre capacité de production à 220 000 t. »
Actuellement, le site bénéficie donc de très importantes capacités de stockage préexistantes qui l'approvisionnent pour partie : 60 000 t de céréales à plat et 40 000 t de silos verticaux (céréales et oléoprotéagineux) dont certains redessinés pour les besoins de l'usine, 7 000 t de silos spécifiques disposant de leur propre pesage (deux balances de 5 t). Sans oublier les stockages dédiés aux microcomposants et aux liquides. La maîtrise des contaminations démarre dès la réception, quatre cellules étant par exemple dédiées aux coccidiostatiques avec pesage séparé, directement au-dessus de la mélangeuse.
3. GARANTI SANS CONTAMINATION
Outre le coeur de l'usine (deux broyeurs à variateur de vitesse, quatre lignes de presse dotées d'un expandeur en amont et de refroidisseurs à contre-courant en aval), l'unité se caractérise par un bloc de chargement vrac inédit. « Nous possédons 92 cellules de produits finis. On peut en principe charger chaque produit fini vers n'importe quel point de chargement et bloquer toute sortie autre, afin d'éviter les contaminations », détaille Patrick Vanden Avenne. La production d'aliments pour ruminant est d'ailleurs totalement séparée ce qui permet d'envisager, sans souci, le retour des protéines animales transformées pour les monogastriques. Par contre, l'usine ne produit pas d'aliments médicamenteux. « Nous disposons en Belgique de systèmes de dosage sur les camions qui évitent l'entrée de ces produits dans les usines. »
Si la commercialisation est totalement séparée, le travail en commun permet l'innovation nutritionnelle. En plus du travail sur les enzymes et les extraits végétaux, le glycérol a ainsi trouvé sa place : « Nous l'utilisons en routine pour les bovins lait à hauteur de 3 ou 5 % dans quelques formules. Cela n'a pas été sans difficulté, car il demande un réglage spécifique de l'expandeur, des presses, des dosages autres liquides... Nous envisageons des essais dans le futur pour monter le glycérol à 7-8 % », précise Jean-Marc Bourguignon.
Yanne Boloh
Les choix technologiques et le fait de tout construire à partir de zéro ont permis un gain d'énergie de 13,95 % par tonne de granulés.
Le système de chargement vrac innovant assure l'absence de contaminations croisées entre les produits finis.
L'usine de Floreffe illustre l'accord entre deux cultures. Jean-Marc Bourguignon, responsable aliments de la Scam et Patrick Vanden Avenne, à la tête du groupe familial éponyme : « Nous allons encore augmenter nos capacités de production. » Y. BOLOH
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