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VU À L'ÉTRANGER Evialis Vietnam alimente son image technique

Positionné au Vietnam comme en France en « Pure Player » de l'alimentation animale, Evialis y développe une stratégie de R & D et d'accompagnement des producteurs.

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Présente au Vietnam depuis 1994 via un bureau commercial, la marque Guyomarc'h (groupe Evialis-InVivo) s'est réellement installée en 1997. Elle crée alors un joint-venture avec le ministère de l'Agriculture vietnamien pour développer une usine d'aliments dans le nord du pays, à Hanoï. En 2001, le groupe saisit l'opportunité de la reprise d'une usine d'aliments proche de Hô Chi Minh-Ville (HCMV) dans le sud, un achat 100 % Evialis. Depuis, l'entreprise a créé une troisième usine sur ce site, dédiée à la production d'aliments pour poissons et crevettes (marque Ocialis).

L'usine de Hanoï, très orientée sur le porc et le canard, a une capacité de production de 90 000 t. L'usine n° 1 d'HCMV produit jusqu'à 300 000 t d'aliments porcs, canards, poulets type label, et l'unité spécialisée en aquaculture fournit 50 000 t (capacité 60 000 t) dont 30 % pour les crevettes. Le reste est destiné aux poissons (70 % pangas, 30 % tilapia), sans oublier l'atelier de toastage de soja qui exporte notamment en Malaisie.

Aucune intégration en aval

Evialis VN a choisi, ici, la même stratégie qu'en France : s'investir dans le développement des filières en se construisant une image technique, mais non dans les filières elles-mêmes. « Nous n'intégrons aucune production alors que c'est une tendance forte ici, notamment en aquaculture », précise Christophe Guillaume. Arrivé dans le pays en 1993 pour l'ONG Vétérinaires sans frontières, après avoir été en France chargé de clientèle porc pour Evialis, il dirige la filiale au Vietnam depuis sa création. « Nous comptons désormais 650 personnes dont 60 en R & D, pour un chiffre d'affaires de 80 M€. » Une nouvelle usine destinée à la production d'aliments pour porcs et pour canards est en cours d'étude encore plus au sud dans le delta du Mékong. Elle était initialement prévue pour fournir le marché du panga, mais celui-ci atteignant un plafond l'an passé, après dix années de croissance ininterrompue, l'usine s'est réorientée vers la fourniture d'aliments pour ces deux productions terrestres en pleine croissance. Les cheptels vietnamiens de porcs et de canards (80 millions de canards) sont en effet supérieurs aux cheptels français mais ne suffisent pas encore à satisfaire les besoins croissants des 86 millions de Vietnamiens. Sans oublier les tentations d'exportation de produits animaux vers les autres pays du Sud-Est asiatique. Pour soutenir la marche des productions animales vers la rationalisation, Evialis a développé des structures de soutien aux producteurs, que ce soit en porcs (avec la Maison du porcelet), en crevettes (Maison de la crevette) et en poisson (Maison du panga).

1 million d'euros pour la R & D

Il s'agit de lieux tournés vers les producteurs qui viennent y chercher un soutien technique voire des outils de diagnostics. Pour le canard, la démarche est un peu différente mais s'inscrit dans le même esprit : Evialis a investi 800 000 €, avec Grimaud frères, dans une nouvelle station de reproduction, inaugurée le 6 mars dernier. « La production d'oeufs est encore très traditionnelle, nous pourrons montrer grâce à cette station que la cane n'a absolument pas besoin d'eau pour pondre. Cela va nous aider à réduire les pathologies liées à l'eau, illustre le Dr Dao Huy Phong, directeur de la R & D. La station va aussi permettre de sécuriser la génétique et d'assurer le suivi des performances zootechniques des animaux. »

Evialis a également choisi de conduire ses propres recherches dans le pays et y consacre 1 M€ par an avec trois sites : « Pas question de plaquer sans vérifier des résultats obtenus dans d'autres conditions climatiques et sur d'autres génétiques. Pas question non plus d'intégrer des additifs sans avoir vérifié leur efficacité dans nos conditions locales. Dans toutes les productions, la performance passe par la réduction des rejets grâce à un ajustement fin des apports », rappelle le Dr Phong. En effet, les soucis d'environnement deviennent criants dans un pays qui affiche une densité de plus de 200 hab/km2.

Le plus ancien centre de recherche d'Evialis, inauguré en 2006 à Hung Yen, près de Hanoï, est consacré à la volaille. Le second, inauguré en septembre 2007 à Nha Be (proche de Saigon), compte 23 ha dédiés à l'aquaculture (35 personnes sur le site) et le plus récent à Trang Bom, juste au nord de Saigon, s'occupe des porcs. Les premières cochettes sont arrivées en janvier 2010 sur un site qui devrait à terme accueillir 200 truies. « Il s'agit de réaliser une recherche et développement proche des conditions de terrain tout en favorisant l'adoption dans la région de certaines techniques, comme la conduite en bandes de 27 jours, encore assez peu connue au Vietnam », complète le Dr Dao Huy Phong.

Laréal, un nouveau laboratoire Feed & Food

En pleine croissance, les productions animales vietnamiennes ont un besoin considérable d'analyses pour crédibiliser leur sécurité sanitaire, des matières premières (la mélanine chinoise a laissé des traces) aux produits finis (le marché des molécules vétérinaires est encore assez « ouvert »). « Nous avons d'abord besoin de contrôler nos approvisionnements, même si nous avons pris des précautions, comme de nous passer de toutes les matières protéiques en provenance de Chine. Le nouveau laboratoire, localisé aux portes de notre usine d'aliments, va beaucoup plus loin », détaille Christophe Guillaume. Inauguré en début d'année, Laréal VN emploie 13 personnes pour 2 M€ d'investissement. Il déploie des prestations de service vers les industriels de l'agroalimentaire soit locaux, soit venant s'approvisionner ici. A tel point que, contrairement aux autres sites Laréal, dont le plus proche est en Chine, il développe une compétence en microbiologie des aliments aux côtés de ses secteurs habituels (chimie générale, chromatographie HPLC).

Yanne Boloh

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