VU À L'ÉTRANGER Nidera mène le blé à la baguette en Argentine

Le semencier Nidera a fêté, l'an dernier, les dix ans du lancement sur le marché argentin de la variété Baguette 10, la première du nom, qui lui a ouvert les portes du marché des semences de blé. Précisons tout de suite que « baguette » est un nom de marque qui n'est pas lié à une qualité boulangère particulière. Ces variétés ont des rendements potentiels d'environ 30 % supérieurs à la moyenne nationale (28 q/ha en 2008, selon la Bourse aux céréales de Buenos Aires), principale raison de leur succès auprès des agriculteurs argentins.

Programme d'évaluation

« Le blé Baguette 10 est arrivé sur le marché à la fin des années quatre-vingt-dix, quand les producteurs ont commencé à raisonner leurs itinéraires de production, avec aussi une plus grande utilisation d'engrais et de fongicides », signale Ignacio Parodi, du semencier concurrent, Don Mario. C'est le début d'une certaine intensification raisonnée. « Semer des blés Baguette revient à conduire une Ferrari, réplique Francisco Firpo, directeur général de Nidera Semences. Cela suppose d'utiliser la technologie adéquate. »

« Après le soja, le blé occupe la plus grande surface de la sole argentine. C'est un gros marché, poursuit-il. Voyant que les rendements en blé étaient faibles, par rapport à ceux obtenus en Europe, nous avons été cherché là-bas une amélioration génétique. D'autres l'ont fait avant nous, mais sans procéder à un véritable programme d'évaluation. Nous avons sélectionné des milliers de variétés, dès 1996, auprès de la société française Ets C.C. Benoist qui a contribué au succès de l'entreprise. Ce programme d'évaluation a mobilisé une quarantaine de professionnels. » Parti de rien, avec ses variétés Baguette, Nidera a conquis en dix ans plus de 30 % de parts de marché. Entre-temps, selon le ministère de l'Agriculture argentin, le rendement moyen national est passé de 24 à 28 q/ha. « Les blés Baguette donnent entre 35 à 40 q/ha, avec un potentiel de 80 q/ha », affirme Francisco Firpo.

Un potentiel de 6 à 8 Mha

D'autres semenciers locaux comme Sursem, Buck et Relmó, ont suivi la même démarche en important du germplasme d'origine européenne et plus particulièrement française. Preuve que la stratégie adoptée par Nidera était la bonne. « Par rapport aux rendements moyens de 75 q/ha obtenus en France, nous avons encore une bonne marge de progression. La sole de blé argentine, cette année, n'est que de 2,6 Mha, soit la plus petite surface semée depuis cent ans ! C'est à cause de la sécheresse qui sévit depuis plus de deux ans et des problèmes de commercialisation du blé dont l'exportation est lourdement taxée (25 % du prix !) par l'Etat. Mais la surface potentielle étant de 6 à 8 Mha, le marché ne peut que se développer », assure Francisco Firpo.

Marc-Henry André