VU À L'ÉTRANGER Coacen, une coopérative au régime simplifié
Au Brésil, Coacen offre à ses associés un service limité aux achats groupés et à la vente des récoltes. Son succès rapide lui vaut d'être suivie de près par la profession.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Fondée en 2005 par dix-huit familles d'agriculteurs de Sorriso, au centre de l'Etat du Mato Grosso, la coopérative Coacen est atypique. Son directeur financier, Elso Pozzobon, explique que « cette coopérative n'est pas traditionnelle dans le sens où ses adhérents ne lui vendent par leur récolte. Ils s'unissent seulement pour acheter les engrais et les phytos, ou commercialiser leur soja et maïs, c'est tout. Coacen achète tel produit à tel prix et c'est ce prix que paient au final les associés », souligne-t-il.
Des ristournes, mais pas toujours
Coacen, qui emploie dix-huit personnes, n'a pour capital que ses bureaux, un entrepôt de 3 000 m2 pour stocker les pesticides et une salle des fêtes, le tout sur 3 ha dans la zone agro-industrielle de Sorriso. Ici, les silos passent pour des montagnes. Sorriso est une jeune commune (32 ans et déjà 60 000 habitants !) qui doit son expansion à la récente mise en production des immenses surfaces de terres qui l'entourent. Officiellement, cette année, le Mato Grosso est devenu le premier Etat agricole du Brésil, devant le Paraná. A Sorriso, comme ailleurs, les colons sont bien installés et commencent à s'organiser. « Maintenant, nous voulons nous consolider, pas être plus nombreux, admet Elso Pozzobon. Tout mettre en ordre au niveau administratif et fiscal prend du temps, or de 2005 à aujourd'hui, nous sommes passés de dix-huit à quarante-trois familles de producteurs, soit cent quinze agriculteurs », justifie-t-il. « La coop répond à nos besoins particuliers de producteurs de moyenne et grande échelle. Chacun d'entre nous stocke ses grains à part, sur sa ferme. D'autres producteurs de la région s'associent pour stocker, ce n'est pas notre cas. Notre coop est comme une secrétaire. Elle simplifie nos comptes », résume l'associé Márcio Giroletti. « Les adhérents restent maîtres de leurs affaires, dit lui aussi le gérant aux achats, Reginaldo Luis de Carvalho. Les volumes que nous achetons nous permettent d'avoir des ristournes, mais pas toujours. Nous avons le glyphosate jusqu'à 25 % moins cher que sur le marché. Mais les fertilisants étant distribués par très peu d'acteurs, leur prix ne varie presque pas, même selon la quantité demandée. »
Une fidélisation de 80 % en soja
L'un des deux traders de la maison, Rafael Piaia, va dans le même sens : « Nos associés ne sont pas obligés de vendre leurs grains à travers nous. Ceci dit, nous avons une fidélisation des ventes de 80 % en soja et de 100 % en maïs. » Lui combine simultanément les propositions d'achat et de vente, un oeil sur les cours de la bourse de Chicago, l'autre sur l'évolution du taux de change entre le dollar et le real. Coacen touche une commission sur chaque tonne de soja vendue, mais son montant est tenu secret. Au Mato Grosso, la quasi-totalité des récoltes est exportée, souvent par le port de Santos, situé à 2 240 km de là. Coacen, elle, n'exporte pas et ne vend presque pas de grains aux ports. « L'avantage de vendre directement à l'importateur part en fumée avec le coût du fret », avoue Elso Pozzobon. Ses clients sont donc les grands abattoirs de la région et les opérateurs transnationaux installés au Mato qui, eux, possèdent ou ont accès à l'infrastructure nécessaire pour amortir le coût du fret.
Marc-Henry André
Pour accéder à l'ensembles nos offres :