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VU À L'ÉTRANGER Anova Corporation développe des schémas de collaboration

Au Vietnam, Anova appuie son essor sur des partenariats et a passé la vitesse supérieure en confiant sa direction générale l'an dernier au français David Serene.

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Fondé au début des années quatre-vingt-dix et très implanté en santé animale au Vietnam avec six entreprises de production et de commercialisation, Anova Corporation a confié au printemps 2010 sa direction générale au français David Serene, auparavant DG de Virbac en Asie du Sud-Est. Le groupe vietnamien a désormais la ferme volonté de structurer des filières animales autour de deux maillons clés, la santé animale et l'alimentation animale, en se positionnant comme " un agent de changement ", confie le dirigeant français.

Le groupe, qui s'est lancé en alimentation aquacole, il y a trois ans, a acquis l'an dernier une usine d'alimentation pour porc. Démontée puis remontée sur son terrain de 20 ha à Long An, à côté de son unité d'aliments pour poisson et de sa nouvelle usine de produits vétérinaires Saigon Vet, elle se trouve donc à une heure au sud-ouest d'Hô Chi Minh-Ville, dans une zone industrielle hérissée d'une demi-douzaine d'autres usines d'aliments. Le groupe y possède notamment 13 000 m2 de bâtiments de stockage et 400 m de rive qui lui confèrent la capacité de s'approvisionner voire d'expédier ses produits par voie d'eau, un avantage sensible lorsqu'on connaît la topographie vietnamienne.

Des aliments porc au printemps 2011

La gamme d'aliments porc est lancée ce printemps 2011 sous la direction d'un autre français, Thierry Rocaboy, qui bouclait le recrutement de son équipe début mars. " Il s'agit d'une gamme très technique, fonctionnelle, déclinée sur l'ensemble de l'élevage, de la truie au porc charcutier, avec un soutien technique et un standard de production qui nous permettra de différencier le produit fini à l'abattoir ", résume-t-il.

Il n'est pas encore question d'intégrer la filière jusqu'à la commercialisation de produits finis, mais de s'installer comme un acteur technique, en appliquant la même stratégie sur deux marchés très différents. La production porcine vietnamienne, première production du pays, est destinée avant tout au marché intérieur, en cours de construction. La majeure partie de la production est encore en " back yard " avec une ou deux truies dans la cour de la ferme, et souffre régulièrement d'épizooties qui déciment les troupeaux, comme la SDRP l'an dernier et, cette année, une sévère épidémie de fièvre aphteuse. " Nous risquons des importations, notamment de Chine, si nous ne sommes pas capables de construire une véritable filière porcine nationale efficace et économique ", estime Thierry Rocaboy.

Pourquoi pas avec une firme française ?

L'autre filière dans laquelle Anova Corporation s'investit, le panga, est son exact opposée. Construite depuis moins de vingt ans et destinée quasi exclusivement à l'exportation, elle connaît une situation concurrentielle aiguë souffrant de prix peu rémunérateurs sur les marchés internationaux.

" Pour se différencier, il est donc extrêmement important d'apporter un plus technique, tant sur le marché du panga qu'en production porcine ", explique David Serene. Son arrivée en 2010 illustre la volonté de développement, non seulement endogène, mais aussi exogène du groupe. " Nous ne cherchons pas à intégrer toute la filière, mais à développer des schémas de collaboration. Pour le panga, le groupe norvégien Ewos va nous permettre clairement de passer à la vitesse supérieure. Désormais, nous cherchons activement le même type de partenariat en porc, pourquoi pas avec une firme française ", poursuit-il. Pour le poisson, il est épaulé par un actionnaire minoritaire (3 %) qu'il connaît bien, son propre père, Philippe Serene. Ancien directeur général de Proconco, second fabricant d'aliments en volume du Vietnam (qu'il a quitté à l'été 2010), il connaît le pays comme sa poche.

L'équipe de direction compte un autre français, Nicolas Isidori (ingénieur Istom, arrivé au Vietnam en 2008), directeur Assurance qualité également en charge des approvisionnements. C'est en effet l'autre défi des productions animales vietnamiennes : disposer de matières premières en quantité et en qualité suffisantes. " 50 % des matières premières sont importées, nous trouvons ici du maïs à certaines saisons, du manioc et des brisures de riz. Avec la nouvelle usine de trituration de Bunge, nous aurons des tourteaux de soja, mais les graines sont importées de toute façon, pour l'instant d'Argentine et du Brésil, et peut-être du Cambodge dans cinq ans. "

Yanne Boloh

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