Coréa Poitou-Charentes mise sur le biogaz
La coop a investi dans une unité de méthanisation avec un groupe d'adhérents. Ses issues de silos couvrent 75 % de l'énergie transformée en biogaz, puis en électricité.
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Depuis août dernier, Coréa Poitou-Charentes a diversifié ses activités dans la production d'électricité. La coopérative qui rayonne au sud de la Vienne et des Deux-Sèvres, a en effet choisi pour ses issues de silos, un nouveau mode de valorisation complémentaire au travers de la production de biogaz transformé en électricité. La première concrétisation de cette stratégie est sortie de terre avec l'unité de méthanisation Métha Bel Air, à Linazay, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Poitiers. Elle est adossée à l'élevage Porc Bel Air, créé en 1995 par six exploitations et Coréa (10 500 porcs charcutiers par an). Porc Bel Air est actionnaire à 50 % de l'usine de méthanisation, Coréa à 25 % et Sergies, la filiale de production d'électricité décentralisée de Sorégies (société d'économie mixte de fourniture d'électricité dans la Vienne), aussi à 25 %. " L'entrée de Coréa au capital a été un élément de sécurisation du projet ", souligne Bernard François, directeur général de Coréa Poitou-Charentes.
Prix stable des issues
En effet, la coopérative est un fournisseur de " matière première " stratégique en raison du pouvoir méthanogène élevé des issues de céréales : 1 m3 génère 500 m3 de biogaz, alors que 1 m3 de lisier n'en produit que 15 à 20. Et dans le projet final, la part des issues est bien plus importante qu'initialement. " Au départ, le projet comportait surtout des fumiers et lisiers et peu d'issues, mais la rentabilité n'était pas assurée ", précise Christophe Fouché, un des associés de Porc Bel Air et gérant de Métha Bel Air. " Coréa nous a donc proposé d'augmenter ces apports, afin d'améliorer le retour sur investissement du projet ", ajoute-t-il. Au final, ce sont donc 8 000 m3 de lisier de porc, 6 000 m3 de lisier de vache, 3 000 t de fumiers (moitié chèvre, moitié vache) et 4 000 t d'issues (50 % de céréales sèches, moitié issues de maïs humides). Ces dernières représentent 20 % de la masse, mais 75 % du pouvoir méthanogène.
Chez Coréa, les issues sont collectées par sa filiale Durepaire, qui se charge ensuite de les valoriser. La grande majorité est destinée à l'alimentation du bétail. D'autres débouchés plus marginaux ont été développés : la fabrication de litières pour animaux et de combustibles pour chaudières. La méthanisation constitue une piste supplémentaire de valorisation qui a l'avantage de stabiliser le prix sur les quinze années du contrat.
Conception originale
" Nous avons peut-être intérêt à promouvoir cette utilisation des issues comme carburant de petites unités de méthanisation qui apportent une source de chaleur intéressante sur certaines exploitations ", souligne Bernard François. En ce qui concerne Métha Bel Air, près de 4,5 millions de kWh électriques seront produits chaque année et 5,6 millions de kWh thermiques grâce à deux moteurs de 250 et 330 kW de puissance. La chaleur sera utilisée pour chauffer le digesteur, la porcherie de 7 000 m, un séchoir à foin de luzerne et un séchoir à tabac. L'investissement de 3,3 M€ a été subventionné à hauteur de 50 % (conseil régional, Ademe, Feder, Etat, communauté de communes). Le tarif d'achat de l'électricité par EDF est de 14,5 c/kWh : " S'il avait été de 3 c/kWh au-dessus, nous n'aurions pas eu besoin de subvention ", précise Christophe Fouché. Construit par l'ensemblier breton AEB, filiale du Gouessant, le digesteur est d'une conception originale dite " fosse dans fosse ", afin d'assurer un brassage optimal du mélange. AEB a été retenu en raison de la part importante (60 à 70 %) que l'entreprise laisse aux entreprises françaises. Une démarche encore rare dans le monde de la méthanisation qui privilégie souvent les solutions importées directement d'Allemagne.
Juliette Talpin
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