VU À L'ÉTRANGER Consorzio Agrario Cremona se recentre sur ses métiers de base
Faire la différence par les services en misant sur la fidélité et l'engagement de ses adhérents est une recette qui fonctionne encore en Italie.
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Le Consorzio Agrario Cremona est leader en Lombardie avec des parts de marché de 70 % sur les intrants et la collecte, 50 % en semences et 35 % sur le marché très bagarré du matériel agricole. Après deux exercices très difficiles, le conseil d'administration a senti l'urgence de se remettre en cause et de bouleverser ses habitudes sans toucher aux valeurs coopératives.
Après avoir connu plusieurs échecs de diversification, le mot d'ordre est à la maîtrise de l'offre. " Il faut être les meilleurs dans nos métiers de base et cela passe par la qualité du service. Nous avons un taux de fidélité de 80 %. Les négoces ne peuvent pas nous suivre sur ce terrain ", explique le docteur Paolo Nolli, directeur général. Mais pas question de rendre ces services payants. Et cela marche car la coop préserve et consolide ses parts de marché sur toutes les catégories de produits et redevient bénéficiaire en 2010. " Nos adhérents ont bien compris qu'il n'y avait pas que le prix car, comme partout, ils peuvent toujours trouver moins cher ponctuellement. "
De nouvelles compétences
" Notre diversification, nous allons la faire dans nos métiers avec de nouvelles offres et de nouvelles cultures. J'ai demandé à mes services de trouver une alternative au maïs ", précise le directeur. Le docteur Platé, responsable des semences, annonce : " Avec nos amis de Barilla, depuis deux ans, nous travaillons à l'implantation du blé dur dans une région pourtant hostile à cette spéculation.
" Au Consorzio, les équipes restent en veille également sur les mesures agro-environnementales. " L'Italie a pris un retard considérable pour des raisons politiques. Nous sommes prêts, mais n'accélérons pas le mouvement ", note Renato Brigatti, directeur commercial. De même, de nombreuses installations de biogaz ont vu le jour à Crémone (une soixantaine) ou dans les environs (250 projets). " Nous n'avons rien contre, mais le maïs est une plante noble qui doit nourrir les animaux avant tout, aussi nous ne nous sommes pas engagés sur ce dossier ", précise Paollo Nolli. Par contre, il étudie de très près la distribution de matériels photovoltaïque.
Par ailleurs, le conseil d'administration a décidé de recruter en dehors de l'agriculture. Ainsi, le docteur Paolo Nolli, qui a pris ses fonctions en janvier 2010, est d'origine agricole mais avant tout un expert de l'industrie mécanique et des télécommunications environnement avec une carrière internationale chez Fiat et Phoenix. " Je suis ici pour amener des idées nouvelles, pour être rigoureux dans la gestion et pour faire de la coop un outil efficace et rentable. "
Enjeu politique majeur
Dans une Italie encore rurale, avec un pouvoir économique très régionalisé, le Consorzio est un enjeu politique majeur pour la région Lombardie. C'est un atout considérable pour bénéficier des aides et garanties nécessaires à son développement. Les relations publiques sont l'une des missions de la gouvernance, facilitées par le fait que les douze administrateurs sont tous membres actifs du syndicalisme.
Autre enjeu, garder le statut coopératif. Les parts sociales des adhérents, quelle que soit leur activité, sont fixées à 500 €. Pour garder son statut et les avantages fiscaux (1/3 d'impôts en moins que les entreprises privées), la coop doit réaliser au moins 51 % de son chiffre d'affaires avec ses sociétaires. De même, la circonscription est définie et par règle de savoir-vivre, les coops restent sur le territoire de la région. " Mais on ne s'interdit pas si le marché le demande, de répondre à un agriculteur chez un consorzio voisin ", précise malicieusement le docteur Nolli.
Christophe Dequidt
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