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VU À L'ÉTRANGER Le groupe allemand KWS fait le pari du biogaz

Convaincu de l'intérêt du maïs et de la betterave énergie, KWS a engagé un programme de recherche biomasse et va chauffer ses installations au biométhane.

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Le groupe semencier allemand KWS a démarré, il y a quatre ans, un programme de sélection de maïs et sorgho plantes entières pour la biomasse et, il y a deux ans, un programme similaire pour la betterave sucrière à des fins énergétiques. « Nous soutenons la production de biométhane, parce que c'est le mode de production d'énergie renouvelable à partir des plantes le plus efficace, explique le PDG, Philip Von Dem Bussche. Le colza diester produit en énergie l'équivalent de 15 000 kWh/ha, la betterave éthanol, 40 000, alors que le sorgho transformé en biométhane produit 54 000 kWh/ha, le maïs, 61 000 et la betterave, 80 000. Et le potentiel d'accroissement de la productivité du maïs et de la betterave pour une utilisation biomasse, est vraiment très élevé. Notre objectif est d'obtenir dans un avenir assez proche, des maïs à 30 t MS/ha et d'accroître le rendement en betteraves de 30 %. Je suis persuadé qu'un jour, nous serons capables de produire du sucre à moins de 300 €/t et de concurrencer ainsi la canne. »

Engouement général

Dans le nord de l'Allemagne, des agriculteurs réalisent déjà des rendements en maïs plante entière de 60 t brutes/ha, soit entre 19 et 20 t MS/ha. Le gouvernement a pris en 2004 des mesures très favorables à la biométhanisation, notamment en fixant un prix attractif pour l'électricité que les investisseurs revendent au réseau. « Au moins 0,16 € kWh, contre une valorisation en France de 0,11 à 0,12 », précise Patrice Laurent, responsable marketing et expert biomasse de KWS France. « Les Allemands ont massivement investi puisqu'actuellement 4 200 stations de biométhanisation fonctionnent et ce nombre devrait passer à 5 000 d'ici à la fin de l'année », souligne Bernard Matabos, directeur de l'activité maïs pour le groupe.

Le coût de l'investissement s'élève à 5 500-6 000 €/kW pour les plus petites unités 100, 200 ou 300 kW et 3 000 €/kW pour celles de plus de 500 kW. La culture la plus souvent retenue est le maïs, mais la betterave présente aussi un intérêt en accélérant la fermentation. Les surfaces implantées en maïs pour la production de biogaz représentent aujourd'hui 350 000 ha, elles devraient passer d'ici à deux ans, à 500 000 ha sur les 2 Mha de maïs ensemencés en Allemagne. Le maïs récolté avec une ensileuse et stocké comme un ensilage destiné aux animaux, est introduit tout au long de l'année dans un digesteur. Par fermentation anaérobie, la plante est transformée en gaz carbonique et en méthane. Les matières minérales qui restent dans le digestat, retournent aux champs sous forme d'engrais.

Une station au siège

Une station de biométhanisation va voir le jour à Einbeck, près du siège de KWS, dans le nord de l'Allemagne. Elle va être construite par des investisseurs privés en partenariat avec le semencier et sera alimentée par 750 ha de maïs et betteraves appartenant à KWS. La production servira à fournir de l'énergie sous forme d'électricité et de chaleur pour chauffer le siège et les serres de recherche, mais aussi sous forme de carburant, puisque KWS a commandé à Volkswagen, deux prototypes d'une voiture flex gaz qui peuvent rouler au biométhane ou à l'essence. Par comparaison, une unité de 1,3 MW de biométhane absorbe 450 ha de maïs par an, soit les besoins en énergie de 1 400 foyers. Fort de son expertise, le semencier n'hésite pas à fournir des conseils aux agriculteurs et à les mettre en relation avec des constructeurs fiables.

Blandine Cailliez

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