Difficile concertation pour Métha Herbauges
La Commission nationale du débat publique a rendu son rapport sur le projet de méthanisation à Corcoué-sur-Logne (Loire-Atlantique). La coopérative d’Herbauges, à son origine, pointe des positionnements idéologiques des opposants et des freins politiques.
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Associée dans Métha Herbauges avec l’industriel Nature Energy, la coopérative d’Herbauges a lancé en 2019 un projet de méthaniseur à Corcoué-sur-Logne, au sud de Nantes. Il se démarque par son ampleur, d’une dimension supérieure aux projets existants actuellement en France : 210 exploitations sont engagées, pour une valorisation prévue de 371 000 t d’effluents d’élevage, et 127 000 t de Cipan (culture intermédiaire piège à nitrates). Il devrait produire 23 600 000 Nm3 de biométhane par an.
Le démarrage des travaux est actuellement prévu en septembre 2022, pour une mise en service début 2024. Prochaine étape, le lancement de l’enquête publique, planifié pour novembre prochain. Comme de nombreux projets d’implantation de méthaniseurs, Métha Herbauges ne fait pas l’unanimité. L’opposition, notamment de la Confédération paysanne 44 est d’autant plus forte que ses dimensions sont inédites.
Le retard s’accumule
En mars dernier, la coopérative d’Herbauges a saisi la Commission nationale du débat publique (CNDP), pour être conseillée dans la suite de la concertation. Celle-ci a rendu son rapport le 1er septembre. Elle conseille de rouvrir le dialogue, préconisations à l’appui, avant le lancement de l’enquête publique, prévu pour novembre 2021.
La CNDP reconnaît que cela allongerait encore les délais, avec des impacts financiers : « Plus la mise en service est retardée, plus le manque à gagner sera important concernant ces retombées et cela peut remettre en cause le modèle économique. En effet, le contrat associé au tarif de rachat fait démarrer le rachat de biogaz en septembre 2023 […] Le retard a donc un impact sur la rentabilité du projet. » Pour elle, à charge pour Métha Herbauges « d’évaluer si [le retard] est rédhibitoire ou non pour le modèle économique du projet ».
Le département fait la sourde oreille
De son côté, la coopérative déplore des positions idéologiques des opposants, bloquant le débat. « La concertation doit être constructive », déclare Jean-Michel Bréchet, son directeur. Il pointe un autre frein au projet : « Nous cherchons sans succès à rencontrer les élus du département depuis dix-huit mois pour établir le plan de transport. Sans cela, on ne peut pas démarrer l’enquête publique. » Avec pour effet d’allonger encore le délai avant la mise en service. « Je pense qu’on est trop tôt en France. Au Danemark, ce type de projet existe déjà, déplore Jean-Michel Bréchet. Pour nous, c’est aussi l’occasion de redonner de l’oxygène aux éleveurs laitiers. »
Marion CoisnePour accéder à l'ensembles nos offres :