L’appel de Dominique Chargé à « aider économiquement nos entreprises »
Pour le président de La Coopération agricole, l’urgence alimentaire laisse place à une urgence économique afin d’éviter une crise structurelle pour l’industrie alimentaire.
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L’heure des comptes va arriver et dans la profession agricole et agroalimentaire, malgré les plans de continuité d’activité, le bilan économique suscite de vives inquiétudes, d’autant plus pour des entreprises aux marges déjà exsangues pour une bonne partie. Cette appréhension amène Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, à lancer un appel aux pouvoirs publics pour que la casse soit au pire limitée, voire évitée, pour des entreprises qui ont répondu présentes, afin d’assurer la continuité de la chaîne alimentaire pour remplir les assiettes.
Permettre les investissements pour les transitions en cours
« Nous allons avoir besoin d’un soutien à la trésorerie et aussi à la recapitalisation des entreprises qui ont souffert, souligne Dominique Chargé. Nous étudions en ce moment, avec les ministères concernés, toutes les mesures possibles. » Le président de LCA ne souhaite pas davantage s’avancer sur ce dossier en pleine actualité. Cependant, il tient à insister sur la nécessité de « compenser les pertes dans un contexte où des besoins d’investissements vont émerger, pour répondre à la nécessité des transitions préalablement en cours et que la crise actuelle ne remet pas en cause ».
Cet acculement économique est le résultat de deux facteurs : le surcoût généré par la mise en place des mesures de prévention sanitaires, avec l’adaptation nécessaire des sites de production, et les pertes de débouchés liées à l’arrêt à 80 % de la RHD et un ralentissement conséquent de l’export pour certaines filières.
Une hausse des coûts globaux de 8 à 10 %
« Pour un groupe de 12 000 salariés (NDLR : le groupe Terrena dont Dominique Chargé est vice-président), le surcoût lié à la mise en place des mesures de prévention sanitaires peut se monter à 600 000 €, pour tous les équipements de protection et ramené sur un an, avec souvent un ralentissement de l’activité de par la mise en place des mesures de distanciation sociale. À ce volet-là, s’ajoutent des surcoûts en transport, autour de 8 %. » Au final, la hausse des coûts globaux s’établirait en moyenne autour de 8 à 10 %, hausse qui n’est pas répercutée.
À cela, se greffe un ralentissement de l’activité à la suite de la perte des débouchés vers la RHD et/ou du recul des exportations. Si, en moyenne, l’activité fonctionne à 80 %, des entreprises accusent le coup plus fortement quand leurs débouchés sont tournés principalement vers la RHD ou les rayons traditionnels. « Ces entreprises ont besoin d’un plan de sauvegarde à l’image des mesures pour la restauration, les bars et lieux de consommation collective. »
Être éligible aux aides de l’État
D’ailleurs, dans un communiqué diffusé ce jeudi 23 avril, La Coopération agricole « demande que soit programmée, aussi vite que possible, la réouverture des circuits RHD, dans tous les établissements permettant le respect des distanciations sociales garantes de la sécurité des convives et des salariés ».
Le président de La Coopération agricole appréhende que le fait d’être une activité prioritaire « ne nous rende pas éligibles aux aides de l’État, alors que nos entreprises souffrent également sur le plan économique, avec une menace pesant sur la pérennité de certaines. C’est un cri d’alerte partagé aussi par la profession de la production agricole. »
Hélène LaurandelPour accéder à l'ensembles nos offres :