Vu aux Pays-Bas L’agriculture 4.0, une seconde nature pour Profytodsd

Pour vivre heureux vivons cachés. Les Sijtsma, des gens très discrets, ont fait leur cet adage. Comme tous bons Néerlandais, ils sont très pragmatiques. L’histoire de Profytodsd est fortement liée au développement des polders. « Mon père a créé l’entreprise à la fin des années 1950, relate Minne Sijtsma, le coprésident actuel. Le gouvernement offrait des terres à des paysans pour qu’ils viennent cultiver dans des zones nouvellement gagnées sur la mer. Tout était à faire. Une excellente opportunité pour les aider à produire. » Depuis, trois générations se sont succédé dans l’entreprise pour contribuer au développement de cultures locales, légumes de plein champ, céréales, fleurs, de haute qualité et durables. « Les temps changent et nous devons nous adapter, notamment dans l’agriculture de précision et le bio. Il y a une toujours une solution à proposer, à nous de la trouver. Pour le bio, nous avons les produits et le savoir-faire, mais encore peu de demande. »

Création d’un département ETA

Vivre de l’activité classique de distributeur n’est pas facile aux Pays-Bas où le paysage est marqué par une concurrence fortement coopérative. Profytodsd est un des leaders du négoce. Toujours entreprenante, l’entreprise a été à l’origine de la centrale d’achat Holland Phyto, regroupant huit partenaires, qui pèse aujourd’hui près de 20 % du marché des phytos. Le défi est désormais d’apporter de la plus-value sur l’activité intrants où il est bien difficile de vendre du service. Thijs Sijtsma, le fils de Minne, résume la situation : « Nos agriculteurs n’acceptent pas de payer un service, sauf s’il apporte une plus-value importante, du type épandage, pulvérisation, plantation de tulipes, inhibition de la germination de la pomme de terre. Ces interventions, qui se déroulent sur des périodes courtes, nécessitent un matériel de plus en plus spécialisé et technologique. C’est la raison qui nous a amenés à créer un département Entreprises de travaux agricoles qui permet une application directe des ventes de nos intrants. Nous arrivons ainsi à faire 25 % de notre chiffre d’affaires sur ce service à haute valeur ajoutée qui nécessite des investissements réguliers. Nous pensons qu’à terme 80 % de nos clients, sur les 22 000 ha que nous gérons, l’utiliseront pour faire des économies sur l’achat du matériel, notamment les éleveurs et les double-actifs. » Des conseils hebdomadaires durant la campagne sont diffusés gratuitement. Minne et Thijs pensent que cela ne va pas durer car certains agriculteurs abusent.

Toujours à l’écoute de ce qui se passe à l’international et dans l’UE, ils sont inquiets sur les mesures environnementales. « Nous ne comprenons pas ce qui se passe en France. C’est pour nous une aberration de séparer la vente de produits du service qui sont étroitement liés pour faire une agriculture durable et responsable. »

De la robotique et un drone

L’innovation dans les applications techniques est pour eux une seconde nature. C’est l’un des piliers pour conforter et crédibiliser la vente des produits. « Le champ du possible est immense. Nous n’en sommes qu’aux prémices. Cela nous permet de faire une vraie différence par rapport à nos principaux concurrents dans cette gamme de service, les agriculteurs qui cultivent pour d’autres, sourit Thijs. Le rythme ne fait que s’accélérer, en 2019, les premiers robots sont apparus chez nous. » Prophytodsd a choisi le Robotti, commercialisé par Abemec. Pratique, multifonctionnel, robuste et très léger, il permet d’offrir des services à la fois dans les légumes, les céréales et les fleurs, sur les semis, les traitements et le travail du sol.

Le négoce a également acheté un drone en 2020 pour développer l’agriculture de précision. Un outil qui complète parfaitement le service Profytodsd Dataporal, vendu par abonnement 250 €/an. Celui-ci peut être étendu avec des images satellite et/ou drone qui sont déjà disponibles à quelques euros par ha, tel qu’une carte de variation du sol qui coûte 75 €/parcelle jusqu’à 10 ha. Pour les grandes parcelles, un supplément de 7,50 €/ha est facturé. Toute cette démarche fidélise les clients et leur donne une véritable base de données de leur exploitation qui sera bien utile pour l’administration, mais qui leur permettra surtout d’optimiser leurs performances.

L’entreprise a investi en 2021 dans le désherbage électrique avec le Zasso XPower. L’appareil utilise une haute puissance électrique et électrotechnique physique pour minimiser les herbicides chimiques et éliminer efficacement les plantes indésirables. Avec la chimie, c’est le seul outil mécanique qui peut aujourd’hui travailler systématiquement jusqu’aux racines. « On entre dans une nouvelle ère qui succédera progressivement à la vente de phytosanitaires de synthèse », prédit Thijs.

Depuis de longues années, Profytodsd est spécialisé dans le conseil et la mise en œuvre d’activités d’inhibition des germes de pomme de terre, lors du stockage après récolte. Là aussi, les équipements les plus modernes ont été proposés au fil du temps, comme le Swingfog, Cropfog ou l’Electrolog, pour une véritable stratégie de combinaison matériel/produits, avec des formulations comme 1,4Sight, Biox-M ou Argos.

S’investir dans la vie sociale

Profytodsd est également une entreprise qui s’implique dans la vie sociale. Outre l’école de la pomme de terre, elle est l’un des partenaires majeurs du festival des tulipes. Profytodsd s’est engagé aussi dans une action citoyenne sur la plateforme de quartier de Zuidert, en relation avec la mairie d’Emmerloord, afin d’améliorer la qualité de vie et la sécurité de ce quartier. Elle fournit chaque année le compost qui permettra la création des parcs à fleurs, du jardin aux papillons et du potager partagé.

Christophe Dequidt