L'impact de la réforme pris en compte par les équipes terrain Nouvelle Pac : accompagner les agriculteurs
Le remaniement de la Pac, qui sera effectif au 1er janvier 2015, amène les coopératives et négoces à se positionner sur ce dossier pour traiter au mieux avec les agriculteurs les changements générés.
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S'il reste encore quelques points à éclaircir, l'essentiel des éléments est connu concernant la réforme de la politique agricole commune pour la période 2015-2020. Ce remodelage a des conséquences que les coopératives et négoces doivent intégrer. La baisse des soutiens d'ici à 2019 (pouvant dépasser les 40 % sur la base des références 2013) peut influencer le comportement de l'agriculteur en matière d'achats d'intrants, d'autant plus dans un contexte où les cours des céréales sont moins porteurs. Et surtout, il incite à revisiter l'assolement et à rechercher des sources de valeur ajoutée que ce soit par les mesures du second pilier ou les filières.
Des effets sont aussi à attendre sur le métier de collecteur comme dans les zones de monoculture de maïs. Ces zones sont particulièrement touchées par le principe du paiement vert, ou verdissement, qui va lier l'attribution de 30 % des aides de la dotation au paiement de base (remplaçant le terme de DPU) au respect de trois conditions agroenvironnementales (diversification de l'assolement avec 75 % maxi pour la culture principale, maintien des prairies permanentes et 5 % de surfaces d'intérêt écologique).
Développer un service payant
Depuis des années, des coops et négoces proposent un service d'accompagnement sur le dossier de la Pac. Et vont même plus loin en analysant l'intérêt de mesures telles que la MAE ou autres. « Nous accompagnons nos agriculteurs autour du dossier de la Pac depuis plusieurs années, témoigne Brice Guilloteau, responsable service aux agriculteurs du groupe Cavac (Vendée). Nous suivons ainsi 900 exploitations autour des mesures du second pilier en aidant, par exemple, au montage des dossiers MAE. C'est un service payant, en fonction du temps passé. » Chez Euralis, Cédric Poeydomenge, directeur technique du pôle agricole, précise que « nous allons au-delà du dossier Télépac en nous positionnant comme des vendeurs de solutions ».
Informer et simuler
A ce jour, des réflexions sont en cours ou à peine entamées sur la façon d'intégrer les nouvelles donnes européennes dans le conseil aux agriculteurs. « Il est primordial que notre coop soit présente sur ce dossier. Pour cela, nous comptons, entre autres, sur nos conseillers agro-réglementaires », avance Brice Guilloteau. Le groupe Cavac a commencé à communiquer. Le point majeur va être la réalisation de simulations, à partir d'un simulateur en cours de conception, afin d'analyser principalement la rentabilité des mesures du second pilier. Cette simulation permettra de comparer la rentabilité entre l'ancien assolement et le nouveau à l'étude. « Il sera tenu compte aussi des marges de manoeuvre techniques de chaque agriculteur », ajoute Brice Guilloteau. Même démarche chez Euralis (voir ci-dessus). De son côté, Nicolas Koenig, dirigeant de la Cac, en Alsace, prévient : « Nous allons formaliser notre approche avec nos adhérents en développant des outils pour nos ARC et en communicant sur l'extranet. » Si l'accompagnement va se jouer sur la partie technico-économique et agronomique, il va aussi se traduire dans la recherche de valeur ajoutée.
Rechercher de la valeur ajoutée
En Alsace, le plafonnement à 75 % de la SAU en maïs équivaut à une perte de plus de 8 700 ha. Soit pour les organismes stockeurs, une dégradation de leur marge brute de plus de 3 M€ en raison des surcoûts d'investissement liés à la diversification de l'assolement. Sa mise en oeuvre a toutefois déjà démarré dans cette région avec les mesures pour lutter contre la chrysomèle. La nouvelle Pac enfonce le clou. Pour la Cac, ce sont 2 000 ha de maïs qui seront concernés. « Nous renforçons la filière soja pour la production de lait de soja en passant de 1 000 à 1 200 ha en 2015. Et nous développons, pour la troisième année, la production de semences de tournesol », détaille Nicolas Koenig. Une recherche de valeur ajoutée d'autant plus prégnante que la perte de revenu en Alsace peut être conséquente, à hauteur de 24 000 € annuels en 2019 pour 100 ha en irrigué.
A ce jour, des ajustements sont encore attendus, comme en monoculture de maïs, suite à la non reconnaissance du mulching par Bruxelles. En attendant, la mobilisation va augmenter sur ce dossier pour en amortir les effets.
Hélène Laurandel
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