Terrena forme ses adhérents à l'écoconduite

«Il va me falloir un conducteur pour faire les tours avec le tracteur : qui se dévoue ? » Bruno Chauveau, formateur au centre de machinisme de Nozay (Loire-Atlantique), s'adresse à six agriculteurs assis dans une salle du lycée agricole de Laval. Pendant deux jours, l'un en février, l'autre en mai, ils suivront une formation sur l'écoconduite organisée par Allium énergies, filiale de Terrena. Après une rapide présentation, celle-ci débute par un test grandeur nature : un tracteur, attelé à une remorque contenant 10 t de fumier, va répéter un parcours d'un kilomètre, avec mesure d'indicateurs pour servir de base à la discussion. « L'objectif de la formation est de diminuer la facture de GNR qui a augmenté de 250 €/1 000 l en un an et demi, et l'impact sur l'environnement ; c'est économique et écologique », met en avant Carl Maunier, responsable commercial distribution Terrena, en charge des magasins du sud de la Mayenne.

Trois filiales mobilisées

Si cette journée à Laval est la première dans l'ex-zone de la Cam, aujourd'hui fusionnée dans Terrena, plusieurs sessions ont eu lieu dans d'autres départements. Au total, 217 agriculteurs ont été formés, ceux de Laval compris. En général, 10 à 12 stagiaires sont présents.

Jean-Philippe Priarollo, responsable d'Allium énergies, raconte la genèse : « L'AEI, agriculture écologiquement intensive, c'est moins d'intrants, et c'est aussi valable au niveau de l'énergie. Nous avons travaillé sur des formules de GNR moins consommatrices, qui ont donné naissance au Generium. Celui-ci a été testé chez les Sentinelles de la terre, exploitations pilotes de Terrena. Elles nous ont dit qu'il faudrait aussi travailler sur la conduite économique. » L'accent est mis sur la nécessité d'avoir une formation axée terrain, et en 2013 la première session est lancée. « Il y a très peu de distributeurs d'énergie en France qui proposent cela », appuie Jean-Philippe Priarollo. En pratique, les agriculteurs assistent à deux journées, séparées de plusieurs mois pour avoir le temps de tester chez eux les solutions évoquées. Hors secteur ex-Cam, Agréom, la filiale machinisme de Terrena, est mobilisée. C'est elle, notamment, qui fournit le tracteur. Et l'ingénierie de formation passe par La Noëlle Environnement, bureau d'études et organisme de formation lui aussi branche du groupe coopératif.

Un gain de 1 500 €/100 ha

La formation coûte 300 €, dont une partie prise en charge par Vivéa. Le stagiaire doit s'acquitter de 95 €. Pour Terrena, il faut compter le temps de travail d'un salarié pour les deux jours, et la préparation. La formation est agréée « approuvée par les Sentinelles de la terre », un argument pour les agriculteurs, explique François Gaillot, animateur marketing Terrena pôle amont. En outre, « ce service de formation écoconduite est reconnu comme une solution Nouvelle Agriculture, précise Jean-Philippe Priarollo. Terrena peut ainsi communiquer dessus. » « Nous sommes parfaitement en phase avec les piliers de la Nouvelle Agriculture : maintenir ou augmenter la performance de l'exploitation, réduire les intrants et l'impact sur l'environnement », abonde François Gaillot. Terrena estime que jusqu'à 20 % d'économies sur le poste carburant peuvent être réalisées par an, soit un gain de 1 500 € pour 100 ha labourés.

Allium prépare l'avenir

Allium énergies est la cheville ouvrière de la formation. La filiale est née en juin 2018 du regroupement d'Espace Terrena fioul et d'Acti énergie, branche issue du négoce éponyme repris par la coop. « L'idée, c'est de simplifier l'organisation interne et de préparer l'avenir », juge Jean-Philippe Priarollo. Une diversification dans les granulés bois est notamment dans les tuyaux. Il reste une autre branche énergie dans le groupe : AMC énergie, issue du négoce Anjou Maine céréales, passé dans le giron de Terrena en 2015, qui compte une dizaine de collaborateurs. Un rapprochement d'Allium et AMC énergie est à l'étude.

Marion Coisne