Euralis teste les couverts à grande échelle

Depuis l'automne 2012, Euralis teste soixante-cinq types de couverts végétaux différents sur une plate-forme expérimentale de 1,7 ha à Castétis, dans les Pyrénées-Atlantiques. Différentes variétés de céréales, trèfles, vesces et crucifères sont à l'essai. « Nous proposons des couverts à nos adhérents depuis les années quatre-vingt-dix, mais nous n'avions jamais pu faire d'expérimentation avec pesées, explique Pascal Lalanne, responsable agronomique grandes cultures, chez Euralis. Or l'aspect visuel des cultures peut tromper. Il nous fallait disposer d'une expertise pour conseiller les agriculteurs et faire les bons référencements. Cette plate-forme nous permet de mener les cultures dans les conditions spécifiques de notre région et d'obtenir nos propres références, complémentaires de celles des semenciers. »

Mis en place dans le cadre du réseau national Agrihub, ces essais se répartissent sur deux cents microparcelles. Une partie est consacrée à l'intérêt agronomique et environnemental des couverts (structuration du sol, lutte contre l'érosion, piégeage des nitrates, économies sur la fertilisation azotée de la culture suivante). Une autre s'intéresse à leur valorisation fourragère et protéique. Dans tous les cas, chaque parcelle fait l'objet de mesures de biomasse et la plupart, d'une analyse des valeurs alimentaires.

Une étude des dates de récolte et de semis

« Le plus important souci rencontré dans notre région est la difficulté de réussir un couvert après le maïs qui se récolte tard, poursuit Pascal Lalanne. Notre objectif est donc de tester des dates de semis et de récoltes pour les couverts. En 2012, nous avons semé toutes nos espèces le 10 octobre et nous avons choisi deux dates de récolte, le 31 janvier et le 10 avril. »

Le meilleur résultat agronomique a été obtenu avec une variété d'avoine rude de printemps, qui a produit plus de 2 t/ha de matière sèche en janvier et 4,8 t/ha en avril. Une bonne solution pour piéger l'azote à l'automne. La vesce velue, la moutarde éthiopienne, la navette et la phacélie sont également à retenir. Le trèfle de Micheli, qui a fait preuve d'une rapidité de pousse « explosive » à la sortie de l'hiver, a réalisé de très bons résultats quantitatifs et a restitué beaucoup d'azote pour la culture suivante. « En revanche, ce n'est pas une culture intéressante pour le fourrage, en terme de valeur alimentaire », précise Fabien Skiba, responsable technique élevage.

Des mélanges maison

En avril 2013, Euralis a ensuite semé du ray-grass, sur les couverts détruits. Il l'a récolté en juillet, sans avoir ajouté d'azote, puis a calculé le rendement en tonnes de matière sèche, pour mesurer la restitution d'azote du couvert. Ce sont les légumineuses, notamment le trèfle incarnat et Micheli (2 t/ha de matière sèche), qui ont donné les meilleurs résultats. Euralis a aussi testé une trentaine de mélanges fournis par les semenciers, avant de leur demander de les réaliser à la carte. « Ce qui nous intéresse, est de pouvoir allier les meilleures variétés des meilleures espèces entre elles, reprennent Pascal Lalanne et Fabien Skiba. Grâce à nos expérimentations, nous avons pu demander aux semenciers de nous préparer des mélanges d'avoine rude avec une vesce velue et un trèfle incarnat ou de Micheli, pour leur intérêt agronomique. Nous avons aussi référencé des mélanges permettant de constituer des stocks de fourrage à haute valeur alimentaire, correspondant à différentes dates de récolte envisagées par les éleveurs. Ces produits sont d'ores et déjà référencés pour nos adhérents. » A l'automne 2013, ce sont deux dates de semis (27 septembre et 25 octobre) qui ont été choisies, pour tester la rapidité de pousse des espèces. Les résultats seront présentés à l'automne prochain.

Florence Jacquemoud