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Lutter contre la prédation et le vol

« Notre mode de production facilite le travail du prédateur, qu'il soit à deux ou à quatre pattes d'ailleurs », souligne Yves de la Fouchardière, directeur de la Cafel.A. MABIRE

Cafel, la coop des Fermiers de Loué (Sarthe), sensibilise ses adhérents à cette problématique depuis 2011. Elle s'appuie notamment sur l'expertise des gendarmes.

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Les Fermiers de Loué produisent 22 millions de volailles par an dont 20 millions en liberté sur des parcours illimités et non clôturés. Ce mode de production fait la réputation des volailles de Loué, mais les rend particulièrement sensibles au vol et à la prédation. L'an dernier, 137 200 volailles ont ainsi disparu des élevages, soit 1 % de la production. Relativement stable, le phénomène touche surtout les poulets et les pintades.

1. DISTINGUER VOL ET PRÉDATION

C'est en 2011, sous la pression de ses adhérents, que la Cafel s'empare de cette question dite des « manquants ». Le sujet est sensible et compliqué « parce qu'en règle générale, les éleveurs constatent très tardivement ce qui se passe, note Yves de la Fouchardière, son directeur, au mieux au moment de l'enlèvement, mais souvent c'est sur la chaîne d'abattage qu'on décompte les manquants ». Il y a deux ans, la coop a proposé à ses adhérents de s'équiper d'appareils photo à infrarouges. Dans les mois qui ont suivi, plusieurs commandes groupées ont été organisées et 380 appareils installés. Simple, cette mesure a eu le mérite de clarifier l'origine des manquants. Aujourd'hui, en s'appuyant aussi sur l'indice de consommation des lots impactés, la Cafel estime que 80 % des volailles manquantes sont prélevées par des prédateurs et 20 % par des voleurs.

2. ORGANISER LA PRÉVENTION

Loin des supputations, la Cafel a ainsi pu tracer une politique de prévention adaptée. En partenariat avec la fédération des chasseurs, elle a relancé des formations au piégeage. Premier visé : le renard pour qui la zone IGP, close depuis 1970, est un inépuisable garde-manger. En 2014, trois sessions, rassemblant chacune 20 éleveurs, ont été organisées à Coulans-sur-Gée, siège de la Cafel. Deux autres sont programmées cette année.

Sur la question précise du vol, la coop a signé deux conventions avec la Gendarmerie nationale. La première, en 2011, s'est traduite par la visite d'élevages et la mise en exergue de « points de vigilance ». La seconde, signée en 2014 pour deux ans, est une convention d'information réciproque, « en cas d'actes de délinquance importants tels que : vols de matériels et machines agricoles, vols de volailles, de carburant ainsi que tout acte de malveillance », précise ledocument Vigi Loué 72. Très encadré, ce dispositif d'alerte passe par l'intranet de la Cafel, mais il n'a pas été activé pendant l'année écoulée.

3. SENSIBILISER À LA PRUDENCE

Fermer les portes des bâtiments à clé, les chemins d'accès, verrouiller les trappes de l'intérieur ou encore poser des cadenas sur les treuils. Les éleveurs de Loué sont de plus en plus nombreux à prendre ce type de mesure. Depuis 2011, deux tiers d'entre eux ont modifié leur « façon de faire ». Au niveau de la coopérative, onze techniciens ont été formés par les gendarmes aux points de vigilance. Leur rôle : informer les éleveurs, leur rappeler les consignes de base. Pour autant, la Cafel n'entend pas dramatiser cette question du vol. « Elle est mineure et nous savons qu'il y a une part de risque liée à notre mode de production. Alors, insiste Yves de la Fouchardière, une fois les mesures d'élémentaire précaution prises, il faut savoir passer à autre chose. »

Anne Mabire

Les bâtiments de Loué se caractérisent par un nombre d'entrées multiples (4 portes et 12 trappes généralement), ce qui complique le travail de prévention.

A. MABIRE

Yves de la Fouchardière, Pascal Lelarge, préfet de la Sarthe, et le colonel Renard, commandant du groupement de gendarmerie, lors de la signature, le 16 mai 2014, d'une convention établissant un dispositif d'alerte.

A. MABIRE

A Loué, 80 % des volailles manquantes sont prélevées par des prédateurs. En tête le renard, classé nuisible dans la Sarthe.

A. MABIRE

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