VU À L'ÉTRANGER Pour Abi Export, l'avenir passe par l'agriculture de précision
Au Kazakhstan, le renouvellement de l'ancien matériel soviétique ouvre la voie à l'agriculture de précision. A la clé des gains de production pour la société Abi Export.
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En 1992, après la chute de l'Union soviétique, Kairat Kadralin est fonctionnaire et son père instituteur dans la région de Petropavlovsk, au nord du Kazakhstan, à la frontière russe. La libéralisation des terres est une chance exceptionnelle pour lui. « Nous avons reçu 15 ha de terre à cultiver de la part de l'Etat, raconte Kairat Kadralin, aujourd'hui directeur général de l'entreprise Abi Export qu'il a créée en 1996. J'ai immédiatement pensé à me reconvertir en agriculteur. » Intuitif, charismatique et courageux, il propose à d'autres de cultiver leurs terres. Rapidement la ferme s'agrandit pour atteindre aujourd'hui 60 000 ha et devient un modèle.
Au début des années 2000, au Kazakhstan, les techniques culturales sont fortement influencées par les Russes. Le nord du pays, le plus fertile, où se concentre 85 % de la production du blé, est difficile à cultiver car le climat y est très rude et aléatoire. Cette culture demande une grande précision, dans les semis et les traitements. Les rendements plafonnent à 1,5 t/ha en moyenne sur cinq ans.
L'agriculture déclarée cause nationale
L'agronomie est proche du point 0, les intrants sont très peu utilisés et le matériel est obsolète. « Un voyage en Europe de l'Ouest m'a fait comprendre qu'il existait une autre agriculture, relate Kairat Kadralin. Une agriculture qui utilisait des intrants, qui préservait son sol et qui utilisait des semences certifiées. » C'est le déclic. Coup de chance, le président Noursoultan Nazarbaïev déclare l'agriculture, cause nationale. Des subventions pour l'utilisation des semences certifiées et l'achat d'intrants sont décrétées. Kairat Kadralin prend son téléphone et appelle les principales firmes, Bayer, BASF, Monsanto, pour leur proposer d'être leur distributeur. Il fait de même pour les engrais et les semences, notamment avec Limagrain. Et cela marche. Il ne s'attaque pas aux grandes agro holdings comme Alibi Ltd de plus de 1 Mha, mais aux petits agriculteurs comme lui de 5 000 à 25 000 ha.
Ouverture vers l'international
Sa crédibilité, son engagement et la formation qu'il donne à ses équipes lui permettent d'être aujourd'hui un chef d'entreprise reconnu et apprécié. Mais, le combat n'est pas encore gagné. Trop peu d'agriculteurs utilisent un programme de protection des cultures. Bien souvent, cela se résume à un Roundup avant l'hiver puis éventuellement un insecticide si besoin. La contrepartie est un coût de production très faible, à moins de 100 $/ha.
Le Kazakhstan a vocation à exporter son blé. Dans sa ferme, Kairat Kadralin a des capacités de stockage. Ce n'est pas suffisant. Il rachète deux silos d'une capacité totale de 80 000 t. Il se lance dans le commerce international. Il achète du blé à ses voisins. « Je suis le Matif tous les jours », précise-t-il. Ses clients, la Russie et les pays voisins de l'ancienne URSS, sont faciles d'accès, et l'Iran par la mer Caspienne. Récemment, il a fait l'acquisition d'un moulin pour garder un peu plus de cette valeur ajoutée dans son commerce, d'autant plus que l'exportation de la farine vers l'Iran est en plein développement. « J'exporte aussi du lin vers la France et la Belgique via les ports d'Anvers et de Saint-Malo », précise le dirigeant, avec un sourire malicieux, en pointant la carte dans son bureau.
Les nouvelles technologies
Une nouvelle opportunité se présente pour lui. Le matériel agricole est dans un état lamentable. Les agriculteurs sont obligés de le renouveler. Ils se tournent en majorité vers l'Occident. Tout ce matériel est doté des nouvelles technologies. « John Deere a aujourd'hui 55 % de parts de marché sur les tracteurs, les pulvérisateurs et les moissonneuses-batteuses », se réjouit Viktor Pogodayev, directeur commercial d'EurasiAgro, représentant exclusif de la marque pour le Kazakhstan. « Le poids de la tradition est fort, surtout dans les agro holdings de plusieurs milliers d'hectares où nous avons devant nous des agronomes et non le patron, se désespère le commercial. Par contre, nous y arrivons dans des fermes moyennes entre 5 000 et 10 000 ha. »
Former les agriculteurs
Pour Kairat Kadralin, c'est une aubaine pour développer du conseil agronomique et de la vente d'intrants en synergie avec les vendeurs de matériels, tous présents. « Nous essayons de former les agriculteurs en liaison avec les marchands de matériel pour faire de l'agriculture de précision. C'est ainsi que le Kazakhstan pourra faire évoluer son agriculture. » Kairat Kadralin rêve que ses collègues et clients agriculteurs puissent rapidement évoluer vers un rendement de 3 à 4 t/ha de façon régulière. Une ambition qui paraît réaliste.
Christophe Dequidt
L'agronomie est proche du point 0, les intrants sont très peu utilisés et le matériel est obsolète.
Des exploitations vont jusqu'à 1,2 million d'hectares, les plus petites, s'échelonnant entre 5 000 et 25 000 ha.
Kairat Kadralin espère voir passer les rendements en blé de 1,5 t/ha aujourd'hui, à 3 à 4 t/ha rapidement dans ses silos.
C. DEQUIDT
Les céréales et les oléagineux sont en abondance et en fleur au mois d'août.
Le conseil agronomique et la vente d'intrants peuvent se faire en synergie avec les vendeurs de matériels.
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