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VU A L'ÉTRANGER Une usine Maïsadour semences en Ukraine

« Nous allons doubler notre capacité de production. » Joël Meunier, directeur recherche et business de Maïsadour semences.M. COISNE

Maïsadour semences a monté en 2010 une usine de production de semences, en Ukraine, et produit aujourd'hui 600 000 doses de semences de maïs et tournesol.

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Vu du ciel, l'Ukraine est un patchwork de gigantesques parcelles, ponctué ça et là d'îlots d'habitations ceinturés par de petites cultures vivrières. Sur plus de la moitié des surfaces, la terre est noire. Appelée tchernozem, elle est réputée pour être particulièrement fertile. L'usine de production de semences de Maïsadour semences se situe à Moguilev, à 400 km au sud-est de Kiev, non loin de Dnipropetrovsk. « Le site est à la jonction de trois grands bassins de production : maïs, colza et tournesol, précise Joël Meunier, directeur recherche et business de Maïsadour semences. Plus au nord, nous aurions encouru des risques de gel, et plus au sud, la sécheresse. » Malgré tout, une part importante des surfaces de production de maïs de la firme sont irriguées. « Le choix de cette localisation est aussi politique, les autorités ont vu l'intérêt du projet, et nous avons pu accélérer les procédures administratives, souvent longues. » Résultat : une usine construite en un an, opérationnelle à l'été 2010, et qui produit aujourd'hui 600 000 doses de maïs et de tournesol. Le chiffre d'affaires réalisé en Ukraine pour les ventes d'hybrides avoisine les 13 M€.

Intérêts économique, logistique et agronomique

Pourquoi s'implanter en Ukraine ? Cela fait plusieurs années que Maïsadour semences a un pied à l'Est. En 2003, elle lance le plan Danube et s'installe en Pologne et en Hongrie. Vient ensuite la Roumanie, où une filiale est créée en 2006. « Vu la taille du marché, il semblait essentiel de s'implanter de l'autre côté de l'Union européenne, analyse Joël Meunier. En maïs, tournesol et colza, dans la grande Europe, Turquie comprise, le marché potentiel est de 45 Mha. » L'Ukraine et la Russie à elles seules représentent 12 Mha de tournesol et 10 Mha de maïs. C'est ainsi qu'en 2010 naît l'usine de Moguilev, pour un coût de 25 M€. « S'implanter en Ukraine représente un intérêt logistique, sans compter les risques agronomiques à concentrer sa production dans une même région », estime Joël Meunier, qui ajoute que les capacités des autres usines, à Mont-de-Marsan (Landes) et Saragosse (Espagne) sont saturées. « En Ukraine, les pressions sont différentes par rapport à la France », juge le directeur recherche et business : moins de contraintes, mais beaucoup de corruption et des compétences difficiles à trouver localement.

Prochaine étape, la Turquie, où la firme cherche un terrain pour sa future usine. « C'est un pays où il y a d'importantes restrictions pour y exporter des semences, justifie Joël Meunier. Et c'est la porte de l'Orient. » Après la Turquie, l'entreprise vise d'autres pays : Kazakhstan, Syrie...

Un appui important aux producteurs de semences

« L'entreprise s'appelle Maïsadour semences Ukraine, pas Maïsadour semences en Ukraine, appuie Joël Meunier. C'est une entreprise franco-ukrainienne, nous avons toujours eu la volonté d'avoir des équipes mixtes. » Si la construction de l'usine a demandé un important travail, c'est la mise en place d'un réseau de production qui s'est avérée la plus délicate. Il représente aujourd'hui 2 600 ha de maïs et 900 ha de tournesol. Beaucoup d'agriculteurs laissent une grande partie de la gestion de la production à Maïsadour semences : semis, castration, traitements, irrigation... « Nous travaillons avec vingt-cinq agriculteurs, qui ont de très grandes surfaces, relate Joël Meunier. Parmi eux, quelques-uns commencent à devenir bien autonomes. »

Une fois le maïs récolté, il est livré à Moguilev. « Nous pouvons accueillir jusqu'à vingt-cinq camions par jour », explique Alexis Legkyi, maître d'oeuvre de l'usine, ukrainien formé en France. Après réception des épis, la maïs est égrené, calibré, traité et enfin conditionné. L'usine possède actuellement une chaîne de triage, un séchoir, une unité d'égrenage, une partie calibrage et une chaîne de conditionnement. Les trois premiers éléments (triage, séchoir et égrenage) vont être doublés d'ici l'été 2014, afin d'atteindre une capacité de production d'un million de doses.

En outre, l'usine réalise du traitement de semences. Les semences sont à destination de l'Ukraine bien sûr, mais aussi de la Russie, et de façon marginale pour la Biélorussie et la Moldavie. Une partie de la production est destinée à des confrères. En Ukraine, Maïsadour semences fournit un important travail de conseil auprès des agriculteurs. Le conseil public est quasiment inexistant, et les distributeurs en font très peu, se contentant généralement de vendre les intrants. Dans ce cas, pourquoi ne pas vendre en direct ? « Ici, les distributeurs se payent à la récolte, les agriculteurs ne peuvent pas donner de garanties. Si nous devenons collecteurs, ce pourrait effectivement être possible, estime Joël Meunier. C'est d'ailleurs une possibilité que nous envisageons. »

Marion Coisne

L'usine est située à Moguilev, au sud-est du pays.

Réception des épis de maïs à l'usine.

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