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Cérèsia et Valfrance se lancent dans les biomatériaux

« Nous voulons déjà réussir la mise en route de notre première usine de production de granulat avec le colza de nos adhérents, avant d’envisager d’étendre le projet », précisent François Carpentier, de Cérèsia, et Sophie Létard, de Valfrance.

Les deux coopératives travaillent depuis plusieurs années sur la production de béton biosourcé à base de paille de colza et de chaux pour la construction de maisons individuelles.

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Tout commence en 2006 avec la création de Coop Énergie par 25 coopératives du nord de la France pour trouver de nouvelles sources de revenus en valorisant la biomasse (coproduits, cultures dédiées…). De toutes les utilisations potentielles (énergie, paillage, biomatériaux, biocarburants…), les travaux se concentrent au fil du temps sur des biomatériaux. La Coopération agricole des Hauts-de-France ayant intégré Coop Énergie, Valfrance et Cérèsia poursuivent la réflexion pour s’arrêter sur la paille de colza après avoir étudié celle de céréales. « La paille de colza a des propriétés similaires à celles du chanvre à partir de laquelle est déjà produit du béton biosourcé », explique François Carpentier, responsable innovation agroéquipement chez Cérèsia. Pour poursuivre le projet, BIP Colza est créé en 2018, structure qui comprend le Codem (1), la Coopération agricole Hauts-de-France qui représente les deux coopératives, l’université de Picardie Jules Verne (UPJV) et Point P.

Point P intéressé

« Avec l’entrée d’un industriel comme Point P dans notre projet, nous avons déjà un client final intéressé par notre biomatériau. » La RE 2020, dont l’un des objectifs est de diminuer l’impact carbone des bâtiments, pousse en effet les fabricants de matériaux pour le BTP à intégrer des produits biosourcés à leur gamme. « Le colza représente 1 million d’hectares en France. C’est ce volume potentiel important qui intéresse les industriels du BTP, car c’est un gage d’approvisionnement régulier et pour tous leurs magasins. »

Une première usine de production de granulats de paille de colza pourrait voir le jour en 2023 si le business plan, actuellement à l’étude, est validé. Le granulat étant très volumineux, la production doit se faire près des usines de fabrication de béton pour ne pas altérer le bon bilan carbone du béton de colza. « Ce qui va déclencher la construction de la première usine, c’est l’engagement ferme d’un fabricant de béton pour assurer le débouché, précise Sophie Létard, responsable développement stratégique chez Valfrance. Point P est le premier industriel intéressé, mais d’autres se sont dits séduits par le projet. » La localisation de cette première usine n’est donc pas arrêtée. Sa capacité de production sera fonction des besoins de l’industriel intéressé. L’investissement serait financé par Valfrance et Cérèsia.

Organiser la logistique

Les deux coopératives estiment actuellement le potentiel de paille de colza récupérable sur leurs 45 000 ha de colza. « Il y a un vrai intérêt de nos adhérents pour ce projet malgré ces dernières années difficiles pour la production de colza, souligne Sophie Létard. Rémunérer la paille peut être un plus pour les inciter à poursuivre cette culture. » Le retour financier pour l’agriculteur devra notamment compenser la perte en fertilisation et amendements due à l’export des pailles, le pressage de la paille, voire son stockage. « Pour que la filière soit pérenne, chaque maillon doit être rémunéré correctement. » Les coopératives organiseront la logistique entre le stockage des balles de paille pressées et l’usine de production de granulat.

Chantal Urvoy

(1) Structure qui œuvre à la promotion de la construction durable et au développement des éco-matériaux.

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