À fond les plateformes !
Les évènements techniques ont tenu leurs promesses malgré la météo. Plus que jamais l’accompagnement agronomique a gagné ses lettres de noblesse pour répondre aux enjeux à relever avec toujours une touche humaine inaltérable.
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Les invitations à se rendre aux rendez-vous techniques organisés au champ par les coopératives et négoces agricoles ont été foison. Assistons-nous à une recrudescence des plateformes agronomiques et de leur diffusion ? C’est difficile à mesurer. Mais l’année 2024 a été le creuset d’évènements de grande ampleur, malgré les intempéries qui ont pu compliquer leur déroulement. Citons, pour exemple, le salon de l’innovation et des grandes cultures en plein champ « Les Céréalistes », de Vivescia, avec ses 16 hectares et ses 3 200 visiteurs, du 3 au 6 juin, ou encore la première édition de la plateforme Sillon responsable, d’Océalia, qui a accueilli 750 participants sur une journée.
Pour ces entreprises, comme pour l’ensemble des coops et négoces, ces temps forts sont devenus essentiels face aux enjeux agronomiques et de biodiversité, climatiques et économiques qui se présentent. Certains peuvent aller au-delà de la vitrine végétale ou visite d’essais en embarquant également les filières et les partenaires : 60 exposants chez Damier Vert, plus de 70 chez Océalia, 200 du côté du salon Terres Innovation organisé, entre autres, par Cérèsia et Cristal Union. Chez AC Négoce, sa gérante, Anaïs Coupé, a justement souhaité donner plus d’envergure cette année à son évènement technique en faisant venir à son entreprise eurélienne les 220 agriculteurs qui se sont déplacés « pour pouvoir parler de leurs problématiques avec nos fournisseurs » avant d’aller visiter les essais.
200 essais et 10 500 microparcelles
Chez Vivescia, le dernier salon au champ d’une telle ampleur remonte à 2016 et celui qui vient de se tenir s’inscrit pour partie dans la mise en œuvre de leur programme d’agriculture régénératrice « Transitions », lancé l’an dernier avec l’objectif de recueillir l’adhésion de 1 000 agriculteurs d’ici la récolte 2026. Pour sa part, Océalia a souhaité cette année proposer à ses adhérents une plateforme dédiée à son référentiel maison, Le Sillon responsable, démarche pour une agriculture durable et rémunératrice pour les producteurs, démarrée en 2022 et dans laquelle 508 adhérents se sont engagés en 2023-2024.
Cet enjeu de durabilité et également de pérennité des exploitations imprègne tous les rendez-vous terrain. Autre évènement de grande ampleur, les rencontres agronomiques du groupe Axéréal ont ainsi présenté, en six lieux différents, à près d’un millier d’exploitants, des solutions concrètes pour accélérer le déploiement des pratiques régénératives et productives et aussi de décarbonation avec, entre autres, 200 essais et 10 500 microparcelles. Les essais ayant été renforcés en protéagineux pour des analyses encore plus fines. « Cette année, nous avons souhaité recentrer les ateliers sur la technique et les solutions conciliant rentabilité et durabilité », indiquait Jean-François Loiseau, président d’Axéréal, lors d’un de ces rendez-vous. Avec la volonté de proposer des visites plus approfondies, enrichies notamment d’observations au champ (dispositif de rhizotron et profil 3 D). Un nouveau format de visite qui a plu et devrait être reproduit.
Évoluer vers l’agroécologie
De même, Agora a permis à 400 agriculteurs, élèves et partenaires d’échanger sur les dernières avancées en matière de pratiques agronomiques durables lors de la journée Les Estivales AgroExpé sur sa plateforme d’essais agroécologiques de 6 hectares, dans l’Oise. Avec notamment la présentation d’Agris42, outil de détection des résistances aux matières actives sur ray-grass et vulpins, et de l’outil CHN d’Arvalis pour piloter l’azote sur le blé. L’agronomie fut également au cœur des deux journées organisées par le GIE Loire Auvergne Agro constitué entre la coopérative Eurea et l’Ucal, union des coops de l’Allier. Les 1 000 visiteurs, dont 500 étudiants, ont pu bénéficier d’un Village de l’agronomie innovant avec, pour la première fois, une trentaine de professionnels pour échanger sur les dernières innovations et les bonnes pratiques agronomiques. L’innovation était aussi au rendez-vous pour Cérèsia dont le président, Antoine Hacard, soulignait, lors de l’inauguration du salon Terres Innovation, que « le défi imposé à nos 200 exposants était de mettre en avant des innovations agricoles qui vont nous permettre dans un futur très proche de faire évoluer les pratiques des agriculteurs vers l’agroécologie pour répondre aux enjeux de biodiversité, de changement climatique et de réduction des phytos ».
Ces mêmes défis sont partagés bien sûr par les négoces agricoles. Un réseau comme Impaact accompagne régulièrement, depuis quelques années, ses négociants membres dans l’organisation de leurs évènements agriculteurs. Ce fut le cas cette année avec le négoce Holann, situé à la limite de l’Ille-et-Vilaine et des Côtes-d’Armor, qui a reçu 320 agriculteurs pour sa journée technique « Innovations et performances », articulée autour d’une quinzaine d’ateliers et de nombreux essais en céréales à paille, maïs et pomme de terre.
Agro’Avenir pour les TC
Des rendez-vous techniques sont également organisés pour les équipes terrain dans l’ensemble des entreprises. Les membres du réseau Actura envoient ainsi leurs technico-commerciaux sur les 380 essais de son réseau de fermes Étamines, ouvertes aussi aux agriculteurs et aux fournisseurs. Le format de ces visites est d’ailleurs en train d’être revu pour mieux tirer toute la quintessence des essais (lire encadré ci-dessous). Pour sa part, le réseau Impaact dédie quatre plateformes Agro’Avenir, installées sur des fermes de référence, aux équipes de ses négociants. Cette année, 158 TC d’une soixantaine de négoces se sont déplacés. « Ces moments sont précieux et permettent aux techniciens d’être prêts sur les gammes et argumentaires avant la collecte et la campagne d’automne, commente Jean Crosnier, animateur Ouest du réseau. Ces journées sont aussi un moment de convivialité pour les TC qui se connaissent bien et ont besoin de partager techniquement entre eux. »
Des moments de convivialité qui parsèment aussi les évènements agriculteurs. « Au-delà de l’aspect technique, nos agriculteurs peuvent se retrouver, rencontrer leurs conseillers, discuter de leurs préoccupations devant une parcelle d’essais, un verre, un repas, souligne Morgane Pospiech, directrice des productions végétales chez Lorca, une des coops impliquées dans la plateforme Damier Vert. Humainement, c’est important. Surtout en ce moment où le moral n’est pas au plus haut en raison des derniers mois, tellement arrosés, donc compliqués. »
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