Login

Agora sur les rails de la RSE et de la CSRD

Coraline Caullet, chargée RSE de la coopérative Agora, coconstruit le cheminement vers la CSRD avec Romain Duquesnoy, directeur administratif et financier.

La coopérative Agora se prépare aux échéances de la directive CSRD et de son rapport de durabilité tout en structurant sa nouvelle politique RSE. 2024-2025 va servir d’exercice blanc pour étalonner l’organisation du reporting.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Je vois la CSRD comme une chance pour nous, voire une colonne vertébrale, avec notre démarche RSE qui est naissante. Il s’agit de ne pas l’appréhender uniquement comme un point réglementaire, mais de l’aborder aussi comme un outil de la performance », souligne Coraline Caullet, chargée RSE de la coopérative Agora (Oise), que nous avons interrogée avec sa collègue, Honorine Ouin, responsable communication, sur le sujet de la CSRD.

Agora fait partie des coopératives nouvellement concernées par l’établissement et le suivi d’indicateurs extrafinanciers avec le rapport de durabilité imposé par la directive européenne CSRD qui succède à la DPEF. Le premier rapport serait à produire pour 2026 sur la base des données de l’exercice démarrant en 2025.

Participation au groupe de travail de LCA

La coopérative a pris le sujet en main depuis plus d’un an. Et les récentes déclarations et propositions, au niveau français ou européen, concernant le devenir de la CSRD (1) n’enlèvent rien à sa dynamique en la matière. « Nous préférons avancer, car c’est devenu un enjeu en termes d’attractivité et vis-à-vis de l’aval et des établissements financiers », poursuit la chargée RSE.

Coraline Caullet a rejoint la coopérative il y a plus d’un an pour structurer une démarche RSE qui aurait vu le jour « même sans l’échéance CSRD » et permet de donner plus de corps aux actions déjà existantes. Une de ses premières initiatives a été de rejoindre le groupe de travail RSE de La Coopération agricole « pour monter en compétences et s’inspirer de l’expérience des coopératives déjà soumises à la DPEF ». Elle a pu notamment participer à l’élaboration du guide CSRD, « perçu comme un guide de référence », que LCA a publié depuis septembre dernier.

Un pilier « responsabilité globale »

Durant 2024, Coraline Caullet a travaillé le projet RSE avec les élus et adhérents réunis dans la commission RSE et avec un groupe de travail composé d’une douzaine de salariés de différents métiers et territoires, « y compris les plus sceptiques ». Pour sa part, le Codir a participé à une fresque dédiée.

La nouvelle politique RSE est déclinée autour d’un pacte bâti sur cinq piliers et validé en octobre dernier par le conseil d’administration. « Nous sommes partis des enjeux définis par l’Iso 26000 et nous les avons adaptés à notre coopérative et ses adhérents et collaborateurs. » De son côté, Honorine Ouin appuie le propos en précisant que la coopérative a « souhaité expliquer ce que signifiait la RSE pour Agora et que chacun s’y retrouve ».

D’ailleurs, pour bien démontrer leur engagement, un des trois principes fondamentaux de la feuille de route Agora 2030 porte sur la notion de responsabilité globale : « La coopérative, en tant qu’acteur responsable du territoire, pilote son développement en recherchant une performance durable. Elle considère que ses résultats non financiers construisent la pérennité de son projet. »

Séance de travail autour de la fresque RSE. (© Agora )

Accompagnée par Rydge conseil et Toovalu

Pour gravir ensuite la marche vers la CSRD, la coopérative a choisi de se faire accompagner par le cabinet Rydge conseil (KPMG), notamment pour travailler l’analyse de double matérialité, socle de la CSRD, et établir le premier rapport en 2026. Et elle s’appuie sur Toovalu et sa plateforme avec, d’une part, le module climat pour le bilan carbone, bilan que la coop a lancé en septembre 2024 et qui sera restitué début mars, et, d’autre part, avec le module RSE-CSRD pour le suivi des indicateurs de durabilité.

« Nous avons pu bénéficier du financement de Bpifrance pour le diagnostic Décarbon’action », ajoute Coraline Caullet tout en soulignant l’importance du choix de l’accompagnement. « De nombreux cabinets et outils se créent ou existent déjà : il s’agit de bien faire le tri pour sélectionner celui qui sera adapté à l’entreprise et ses valeurs. » Ainsi, pour Toovalu, le fait que leur serveur soit français et donc soumis à la législation européenne sur la protection des données, « a pesé dans la balance ».

Et autre point de vigilance : « Penser l’accompagnement comme un coaching car cette législation est appelée à évoluer et nous devons alors être capables d’avancer seuls dans le temps. » Il va rester à sélectionner aussi une structure auditrice avec un choix qui sera tranché lors de l’assemblée générale de 2025.

Une coconstruction forte avec le Daf

Le volet CSRD est piloté « en coconstruction forte » avec le directeur administratif et financier, Romain Duquesnoy, qui a rejoint récemment l’entreprise. « La RSE et la CSRD sont au service de la performance : ne pas opposer durabilité et finances », tient à préciser Honorine Ouin.

Quant aux indicateurs à mettre en œuvre, « nous pourrons aller assez vite sur certains, alors que d’autres demanderont plus de temps car ils ne sont pas suivis aujourd’hui ». Pour ces indicateurs non encore suivis, « comment les mettre en place de façon simple et efficace tout en étant conforme à la législation », s’interroge la chargée RSE.

Une journée de lancement officiel

À ce jour, les différents services ont commencé à travailler les indicateurs. Et ce travail sera poursuivi lors des ateliers prévus pour la journée de lancement officiel de la CSRD, début mars, avec la participation du Codir et des présidents du conseil d’administration et de la commission RSE. L’exercice 2024-2025 va d’ailleurs servir d’exercice blanc pour prendre en main l’outil, bien dimensionner le temps nécessaire pour collecter les informations et les analyser. Informations qui viendront nourrir le rapport d’activité dans lequel une page est déjà dédiée à quelques indicateurs extrafinanciers.

La communication sur la démarche RSE (et la CSRD) va être amplifiée avec une série de sept réunions qui a commencé la semaine dernière. « Ces réunions se déroulent dans les silos et sont organisées avec les responsables de secteur pour aller à la rencontre des équipes et mettre en lumière les actions déjà faites. Nous voulons que chaque collaborateur s’approprie dans son quotidien la démarche et s’en sent acteur. Leur connaissance du sujet est mesurée en début et fin de réunion ; ce qui permet d’avoir une idée du positionnement de chacun et du travail de communication à réaliser. »

(1) Un projet de loi Omnibus, pour alléger les charges de reporting pesant sur les entreprises, devrait être dévoilé le 26 février prochain par la Commission européenne : il est question de simplifier la réglementation liée au Green Deal, notamment la CSRD, le règlement sur la taxonomie verte et la CS3D (devoir de vigilance).

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement