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Pourquoi le soja reste une valeur sûre en alimentation animale

Chaque année, le monde a besoin de la récolte « du siècle » pour satisfaire ses besoins en soja. La plante, qui souffre d’une image négative, notamment liée à la déforestation, reste pourtant toujours en tête des apports de protéines aux élevages en raison du profil nutritionnel de ses tourteaux.

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1 L’oléagineux ultradominateur

La production mondiale de soja représente 80 % des trois principales espèces d’oléagineux avec 375 Mt prévues en 2022-2023 (dont 153 Mt au Brésil, 116 Mt aux États-Unis et 33 Mt en Argentine) contre 86 Mt pour le colza et 50 Mt pour le tournesol. L’attrait universel pour le soja bénéficie de cet effet de masse. Le Brésil accroît encore sa domination, aussi en termes d’exportation : 95 Mt équivalent tourteaux (surtout des graines) contre 56 pour les États-Unis (également plus de graines que de tourteaux) et 28 pour l’Argentine (quasi exclusivement des tourteaux). Et même si Buenos Aires connaît des déconvenues climatiques, « le Brésil alimente le monde », résume Yvon Pennors, DG de Bunge France.

2 Une demande croissante

La consommation mondiale de tourteaux de soja devrait atteindre, selon l’USDA, les 253 Mt en 2022-2023, en hausse de 4 % par rapport à la campagne précédente. C’est, depuis dix ans, la Chine qui a tiré le plus la demande, même si elle reste désormais plus stable après ses déboires sanitaires en porcs. À elle seule, elle devrait importer 96 Mt de graines de soja cette campagne. « Si l’on regarde au pourcentage de protéines, le soja couvre une part encore supérieure des apports aux élevages, constate Yvon Pennors. Son succès n’est pas un hasard : c’est une plante magnifique, capable de transformer l’azote de l’air en nutriments et son profil protéique répond précisément aux besoins des animaux. »

3 La France, petit joueur

Si la consommation française de tourteaux de soja est en retrait à 3 Mt (contre 3,3 Mt l’an dernier), elle l’est avant tout en raison de l’impact de l’influenza aviaire sur les productions de volailles. Et malgré le recul tendanciel de la production d’aliments du bétail, le soja résiste bien en fait. Pourtant, l’Hexagone est loin de couvrir ses besoins, même avec 439 000 t de graines de soja produites en 2021 (année de récolte record), soit 6 % de ses utilisations, et même s’il complète bien avec le colza (3,3 Mt de graines) et le tournesol (1,9 Mt). 53 % des tourteaux de colza et 34 % de ceux de tournesol consommés en nutrition animale sont en effet d’origine française.

4 La durabilité avance

L’association Duralim porte l’engagement des fabricants d’aliments français à garantir, au plus tard le 1er janvier 2025, l’incorporation exclusive de soja non issu de la déforestation et de la conversion d’écosystème. 73 % du soja utilisé en France est déjà dans ce cas selon l’Observatoire du risque de déforestation importée. Pour les 27 % restants, les fournisseurs doivent mettre en place des dispositifs de garantie dans les pays producteurs. Bunge s’est par exemple engagé en 2016 à cesser toute déforestation dans sa chaîne d’approvisionnement à l’horizon 2025 en se concentrant prioritairement sur les zones à plus fort risque, tel que le Cerrado, au Brésil, ou le Gran Chaco d’Argentine et du Paraguay. Un sujet souffre davantage en revanche, celui du soja non OGM : la prime s’est envolée, incitant certains acteurs historiques à sortir du marché, et même si elle tend à se réduire, la question reste l’inflation, les consommateurs ne plébiscitant pas la montée en gamme quand ils peinent à finir le mois.

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