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ORGES Le courant d’affaires vers la Chine menacé

Bertrand Auvray, responsable de la position orge chez Soufflet Négoce by Invivo.

En pourparlers, la levée de la taxe chinoise sur les orges australiennes pourrait bien bouleverser le marché français.

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Le 11 avril, Pékin et Canberra ont annoncé chercher un accord pour lever la taxe chinoise sur les orges australiennes. Pour rappel, la Chine avait instauré en 2020, à la suite de tensions diplomatiques, une taxe de 80,5 % sur l’orge australienne. Résultats ? Cette dernière a complètement disparu des importations chinoises. En effet, l’Australie représentait en 2018-2019 54 % des importations contre 0 % en 2021-2022. Une aubaine pour l’orge tricolore qui a gagné 16 points de parts de marché, dans un flux qui a doublé de volume… Mais pour combien de temps ?

Chute des prix

« En l’espace d’une semaine, la prime fourragère a déjà perdu 25 €/t », constatait Bertrand Auvray, responsable de la position orge chez Soufflet Négoce by InVivo, à l’occasion de la 23e édition du colloque orges brassicoles organisée par Arvalis, le 13 avril, à Dijon. L’inquiétude plane sur les orges brassicoles françaises d’hiver, dès la campagne 2023-2024. « L’orge d’hiver française était jusqu’à présent presque exclusivement exportée en Chine. Sans cette demande, le marché français risque, du moins cette année, de souffrir », s’émeut-il. En l’absence de la demande chinoise, la France va devoir se réorienter vers le Maghreb et l’Arabie saoudite où la demande est faible. « Il y a dix ans, l’Arabie saoudite était le plus gros acheteur mondial d’orge, on parlait de 9 Mt. Aujourd’hui, c’est plutôt 3 à 4 Mt, constate Bertrand Auvray. Et en Afrique du Nord, il y a une forte baisse de la consommation d’orge en raison de l’augmentation des prix des céréales et de la baisse du pouvoir d’achat. »

Opportunités en Espagne

Pour les orges de printemps, l’inquiétude est moindre. L’Espagne connaît pour la deuxième année consécutive une sécheresse importante. Les exportations d’orge de printemps française devraient ainsi répondre à la demande espagnole, et pallier le recul de la demande chinoise. « Les orges de printemps à l’export sont vendues également en Turquie, en Amérique du Sud… La France trouvera d’autres destinations que la Chine, comme le Mexique. En 2020, elle y avait déjà exporté près de 300 000 t d’orge de printemps », ajoute-t-il.

Le retour du phénomène climatique El Niño pourrait également mettre à mal la production australienne et ainsi représenter une opportunité pour l’orge française. « Si, sans aucun doute, la Chine achète de l’orge australienne, elle pourrait bien se tourner vers la France au cas où un problème de production survienne en Australie. » En effet, les prospections prévoient une baisse de la production d’orge en Australie en 2023, avec au mieux 4,5 Mt de moins que la campagne précédente.

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