Maïs grain : une récolte humide mais prometteuse
Cette année, les séchoirs vont chauffer ! Et si la météo capricieuse entretient l’incertitude sur la collecte 2024, les OS tablent sur une récolte en hausse grâce à de meilleurs emblavements. Quant aux cours, ils se maintiennent.
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La récolte 2024 du maïs ne profitera pas d’un été indien, et elle sera à l’image des semis : humide et tardive. Selon FranceAgriMer, environ 20 % des semis ont été réalisés après le 20 mai, tandis que près de 10 % ont dû attendre juin. Ce retard, accentué par un mois de septembre particulièrement pluvieux et froid, s’est généralisé sur tout le territoire. Mi-octobre, seuls 13 % des maïs avaient été récoltés au niveau national, contre 67 % en 2023.
Pour autant, la collecte s’annonce prometteuse, puisque le report des semis d’hiver vers ceux de printemps a gonflé les surfaces de maïs grain de 25 %, atteignant ainsi 1,54 Mha. Selon les dernières estimations d’Agreste, la récolte 2024 devrait s’élever à 14,2 Mt (+ 12 %). Le rendement moyen, lui, est évalué à 89,8 q/ha, en recul par rapport à l’année précédente, mais supérieur à la moyenne quinquennale. De leur côté, les collecteurs sont plutôt confiants, en particulier pour les maïs non irrigués qui, avec les pluies successives, ont performé.
Dans le Bassin parisien, Valfrance s’attend à sa plus grosse collecte de maïs, estimée à 170 000 t de grains secs. « Le rendement final devrait être supérieur aux prévisions initiales, entre 105 et 110 q/ha », se réjouit Laurent Vittoz, DG de Valfrance.
Du côté du négoce Cholat, les perspectives sont également positives, avec une collecte prévue en croissance de 20 %. « Sur le maïs irrigué, nous perdons entre 5 et 10 q/ha par rapport à l’an dernier, mais les rendements des maïs non irrigués sont bons, certaines zones enregistrent des hausses de 30 à 40 % », souligne François Maxence Cholat, responsable filière du négoce. Chez Oxyane, le maïs réalise également des prouesses, avec des rendements moyens atteignant 110 q/ha en non irrigué et 130-135 q/ha en irrigué. « Certaines parcelles irriguées dépassent même les 150 q/ha. Toutefois, avec les conditions météorologiques actuelles, ces niveaux de rendement ne sont pas garantis. 80 % de la collecte reste à faire. Nous pouvons estimer un rendement final moyen de 105 à 110 q/ha, contre 95 q/ha en 2023 », précise Raphaël Comte, directeur collecte et commercialisation chez Oxyane.
Dans le Sud-Ouest, les premiers maïs montrent de bons potentiels de rendement. Avec 12 % de la récolte collectée à la mi-octobre, Lur Berri estime le rendement des maïs irrigués à 130 q/ha et celui des non-irrigués à 110 q/ha. Cependant, pour les derniers semis, qui ont souffert d’une mauvaise implantation et des conséquences de la dépression Kirk, le rendement en non irrigué pourrait tomber à 70 q/ha. Bien que ces prévisions soient encore incertaines à ce stade de la collecte, Bruno Schrijvers, responsable du marché et de la collecte, évalue les pertes potentielles entre 80 000 et 90 000 t.
Dans le Haut-Rhin, la collecte commençait à peine, avec seulement 5 % de maïs récoltés dans la plaine. Toutefois, Nicolas Barjot, directeur d’exploitation sur le site InVivo d’Ottmarsheim, prévoit une proportion plus élevée de maïs fourrage et à destination de la méthanisation dans le Sundgau.
Jusqu’à 36 % d’humidité
Concernant la qualité, aucune alerte : les grains sont pour l’instant indemnes de mycotoxines. Toutefois, les premiers maïs récoltés présentent des taux d’humidité élevés. La récolte affiche un taux d’humidité moyen de 36 % du côté de chez Valfrance, de 28 à 30 % dans le Haut-Rhin, de 26 % dans le Sud-Ouest et en Auvergne-Rhône-Alpes.
Comme le souligne Nicolas Barjot, c’est « une année pour les sécheurs ». Selon les nouveaux contrats énergétiques, certains OS ont maintenu leurs prix de séchage, tandis que d’autres les ont revus, à la hausse ou à la baisse. À Ottmarsheim, le coût de séchage pour un maïs à 30 % d’humidité varie désormais entre 38 et 42 €/t, contre 44 à 48 €/t l’année précédente. « Il faut rester compétitif sur le marché et, compte tenu des difficultés des agriculteurs, nous avons la responsabilité de proposer des prix justes », appuie Nicolas Barjot. Le barème a également été ajusté chez Cholat qui propose un séchage à 23-27 €/t pour un maïs à 25 %, contre 33 €/t l’an dernier. De son côté, Oxyane a baissé son barème de 25 à 30 %. « Si la météo persiste, le barème pourrait de nouveau être adapté par zone ou de manière globale pour poursuivre la collecte et éviter une dégradation sanitaire », informe Raphaël Comte.
Une logistique sollicitée
De plus, les conditions météo imposent leur rythme aux silos. « Nos cinq séchoirs tournent désormais 24 h/24, 7 j/7 afin d’absorber les apports des agriculteurs. Cependant, les jours de grande affluence, nous pouvons recevoir pratiquement 20 000 t de maïs alors que nous ne pouvons sécher que 6 000 t quotidiennement. Nous sommes donc parfois obligés de fermer les réceptions le vendredi, afin de nous permettre une remise à flot et éviter les dégradations de maïs », fait savoir Laurent Vittoz. De son côté, Lur Berri a pu déroger à la charte qualité maïs classe A, en ouvrant le dimanche. « Nous avons exceptionnellement ouvert de 9 h à 19 h et profité des beaux jours pour collecter », confie Bruno Schrijvers.
Avec seulement 20 % de la récolte collectée chez la plupart des OS à la mi-octobre, l’essentiel reste encore à faire et la météo sera déterminante pour confirmer ou non ces tendances.
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