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L'axe franco-allemand face au biodiesel argentin

Arnaud Rousseau, président de la Fop, et Wolfgang Vogel, président de l'Ufop, réunis le 14 septembre dernier à Paris.R. FOURREAUX

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Le biodiesel argentin va-t-il à nouveau déferler sur l'Union européenne ? C'est ce que craignent la Fop et son homologue allemande, l'Ufop, qui se sont réunies à Paris le 14 septembre. En effet, après la condamnation à l'OMC des mesures antidumping prises par l'UE à l'encontre du biodiesel argentin depuis 2013, l'Union devait se mettre en conformité au 28 septembre. Les droits de douane qui allaient de 22 à 25,7 % depuis novembre 2013, devraient être ramenés entre 4,5 et 8,1 %. Conséquence selon Arnaud Rousseau, président de la Fop : « On va voir arriver très rapidement du biodiesel argentin à un prix moins cher que la graine européenne ! Cinq bateaux sont déjà chargés pour l'Europe. » Alors que dans le même temps, les Etats-Unis viennent de mettre en oeuvre des droits de douane de près de 60 % à l'encontre du biodiesel argentin. « Les Etats-Unis ont agi de manière forte, le Pérou va faire pareil, et en Europe, on ouvre les portes, s'offusque Arnaud Rousseau. La situation industrielle du biodiesel européen ne va pas pouvoir supporter longtemps ce type de contraintes. » Et de citer Avril, dont il est aussi président, qui a perdu 40 M€ en 2016 sur l'activité trituration-estérification. Les opérateurs attendent le lancement rapide par la Commission européenne d'une procédure « fast-track » anti-subvention des exportations, interdite de fait par l'OMC. En effet, ils considèrent que l'Argentine est en faute, en pratiquant la différenciation de ses taxes à l'exportation : elle taxe davantage les graines que l'huile et le biodiesel. « Nous allons faire le dépôt de plainte, via l'EBB, le Bureau européen du biodiesel, d'ici un à deux mois », annonce Arnaud Rousseau, tout en constatant que l'empressement de la Commission à se mettre en conformité ne serait pas aussi marqué que prévu. Même état d'esprit en Allemagne, où Wolfgang Vogel, patron de l'Ufop, espère qu'« avec le nouveau gouvernement, on pourra avoir un positionnement très clair sur la question ». Pour rappel, alors que la France avait voté contre l'abaissement de la protection, l'Allemagne, en période électorale, s'était abstenue.

La Fop et l'Ufop ont choisi de se donner la main pour défendre deux autres dossiers : celui du glyphosate et celui des biocarburants de première génération (directive Red 2). « Dans un moment compliqué pour l'agriculture, l'axe franco-allemand a une véritable signification. La question, c'est finalement celle de la capacité européenne à porter une ambition. »

Renaud Fourreaux

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