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Soja argentin : spéculation sur les stocks

Les stocks de soja disponibles, en Argentine, seraient inférieurs à 5 Mt au moment où débute une récolte prévue excellente.

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Fin janvier, l'Etat argentin a dévalué à contrecoeur sa monnaie qui a perdu 20 % de sa valeur par rapport au dollar, ce qui a favorisé la filière du soja tournée vers l'export. Parallèlement, le fisc a accusé les agriculteurs de retenir une bonne partie de la récolte passée, affirmant que 10 Mt de soja restaient en leur possession. Ces deux manoeuvres visaient à contenir l'inflation qui ronge l'économie, d'une part en admettant la perte de valeur du peso, d'autre part en incitant les exportateurs à liquider leurs stocks, afin de faire rentrer les précieux agro-dollars dans le circuit national.

Quel est le volume réel des stocks de soja, alors que débute la nouvelle récolte, potentiellement record si les prévisions à 54 Mt se confirment ? Peu le savent « en l'absence de données officielles », reconnaît Ramiro Costa, de la Bourse aux céréales de Buenos Aires. Selon lui, ces stocks seraient « normaux à cette période de l'année ». « Sur le total de 48,5 Mt récoltées l'an dernier, les exportateurs ont trituré 33 Mt et expédié 9,7 Mt de fèves. Le reste a été utilisé pour ensemencer les champs et constitue des stocks de fin de saison habituels à cette période, soit environ 4 Mt », estime-t-il. Le témoignage d'un agriculteur du nord de la province de Buenos Aires, Arturo Ratto, qui s'apprête à moissonner 700 ha de soja, va dans ce sens. « Tout le soja récolté l'an dernier a été vendu, ce qui ne veut pas dire que tout a été exporté... Je n'ai rien vendu de la récolte à venir sur le marché à terme. Mais dès le mois de mai, la moitié de la récolte argentine sera vendue par nécessité de liquidités », assure-t-il. Et le système de stockage en sac (photo) se retrouve une fois de plus au centre des discussions. Plus de la moitié de la moisson, pour toutes les cultures, finit dans ces silo-sacs.

La récente dévaluation du peso a motivé les exportateurs à écouler leurs fèves et tourteaux de soja, pouvant changer les dollars de leurs clients contre davantage de pesos. Idem pour les rares producteurs n'ayant pas vendu la totalité de leur récolte. Mais les ventes de soja disponible et celles à terme, comparées aux années précédentes, reflètent une tendance à la rétention et à la prudence qui s'explique par l'éventualité d'une nouvelle dévaluation du peso, officielle ou non. Concrètement, les fèves de soja valent davantage aux yeux des producteurs que les billets émis par la banque d'Argentine.

Marc-Henry André

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