La bio, victime de son succès

Quelques jours après avoir donné une conférence de presse commune au Salon international de l'agriculture de Paris, afin d'inciter des producteurs de grandes cultures à se convertir en bio, Coop de France, l'APCA et la Fnab ont pris une douche froide en apprenant par un arrêté en date du 7 mars la coupe franche de 25 % sur les aides au maintien pour la récolte 2014.

Face à la progression des surfaces françaises en agriculture biologique en 2014 de 4 %, à 1,1 Mha cultivés, « l'enveloppe d'aides mobilisée, bien qu'en augmentation de 16 M€ (passant de 87 M€ en 2013 à 103 M€ en 2014, conformément aux engagements du programme Ambition bio), ne permettait pas de répondre à l'ensemble des demandes (117 M€) au niveau maximum », justifie le ministère de l'Agriculture. Mais confronté à l'annonce de manifestations de producteurs bio dans plusieurs villes de France, prévues pour le 17 mars, le ministère a annoncé, quelques heures avant le déblocage « des moyens complémentaires permettant d'aider chaque agriculteur bio au niveau prévu initialement en 2014. Cette aide sera versée dans le courant de l'été ». Ce signal n'a pas empêché la mobilisation, même si elle a semble-t-il moins rassemblé qu'initialement prévue. Le réseau attend en effet des garanties pour la mise en oeuvre de l'aide complémentaire de 2014, et reste vigilante pour la pérennité de ces aides dans le cadre de la nouvelle Pac pour la période 2015-2020.

« Comment ne pas s'inquiéter du passage des aides à la bio sur le second pilier ? s'exclament en choeur Coop de France, l'APCA, la Fnab et le Synabio, ajoutant que les dispositifs seront alors financés à 75 % par l'Europe et 25 % par l'Etat. « En 2015, pour accompagner toutes les conversions et assurer la pérennité des aides au maintien, il faudrait mobiliser plus de 180 M€ dès 2015 si les conversions restent équivalentes et 230 M€ avec une nouvelle dynamique », estime la Fnab.

Renaud Fourreaux