Petite récolte de vin, grandes incertitudes

Avec 40,6 millions d'hectolitres estimés au 1er octobre, la récolte 2012 est la plus basse depuis au moins quarante ans. Et cette estimation devrait encore être revue à la baisse dans les prochaines semaines. Une diminution toute catégorie, selon les indicateurs Agreste, avec - 15 % par rapport à 2011 pour les vins d'appellation (AOP), - 19 % pour les vins en IGP (indication géographique protégée), - 22 % pour les vins pour eaux-de-vie (incluant le Cognac et l'Armagnac) et pas moins de - 42 % pour les autres vins, dont les vins SIG (sans indication géographique). En cause, des conditions climatiques peu favorables, ayant notamment perturbé la période de floraison, en l'allongeant. La pluviométrie importante a non seulement favorisé le développement du mildiou et de l'oïdium, mais a aussi limité les fenêtres de traitement. En Champagne, les prévisions montrent une baisse de 37 % par rapport à la moyenne 2007-2011. Le Val de Loire accuse une baisse probable de 19 %, et le Languedoc-Roussillon de 12 %. Quant au Beaujolais, c'est une diminution de pas moins de 50 % par rapport à la moyenne 2007-2011 qui est prévue. En Alsace, en revanche, la récolte serait dans la moyenne.

Alors, va-t-on manquer de vin pour la campagne à venir ? « Il faut d'abord voir comment se passe l'écoulement des stocks, explique Philippe Janvier, chargé d'études économiques à l'unité Cultures et filières spécialisées de la direction Marchés, études et prospective de FranceAgriMer, et l'évolution de la demande nationale et mondiale. » Premier facteur donc : les stocks. Les douanes estiment à 34,8 Mhl les stocks en fin de campagne 2011-2012 à la propriété, et à 21,2 Mhl au commerce. Ce qui donne une disponibilité aux producteurs pour la campagne à venir de 75,4 Mhl, inférieure à la moyenne des cinq dernières années (81 Mhl). Chez nos voisins, les récoltes semblent, là aussi, à la baisse, notamment en Italie, avec 42 Mhl prévus (vins, jus et moûts), 44,8 Mhl ayant été produits en 2011. Même schéma côté espagnol : 35 Mhl estimés, contre 37,2 Mhl produits en 2011. La demande reste un facteur déterminant, mais la campagne pourrait être difficile en prix.

Marion Coisne