Coup de frein sur le bioéthanol

Après avoir été multipliée par cinq depuis 2000, la production mondiale d'éthanol ne croît plus. Toutes les grandes zones productrices marquent le pas. Au Brésil, la production a même baissé de 20 % en 2011 (à 205 Mhl) et n'est pas attendue pour se redresser significativement en 2012. La faute à des aléas climatiques, à un retard dans le renouvellement des plantations de canne à sucre et surtout à une conjoncture très favorable au sucre qui concurrence directement le débouché bioéthanol.

- Par ailleurs, la demande intérieure continue à croître puisque 90 % des voitures vendues au Brésil sont désormais flex-fuel, ce qui représente un afflux de 3 millions de véhicules par an. Le Brésil s'est donc retiré du marché international. " Aux Etats-Unis, le marché intérieur est quasiment saturé, il arrive aux limites d'incorporation permises par le E10 ", informe l'AGPM. L'industrie américaine du bioéthanol doit trouver des relais de croissance, et ceci sans les soutiens publics majeurs abandonnés début 2012. La mise en place progressive du E15, reconnu comme carburant depuis le 2 avril dernier, devrait autoriser une reprise de la croissance. Vingt entreprises ont été habilitées pour la fourniture de bioéthanol destiné à la vente de ce carburant et quatre distributeurs ont été agréés pour le mettre sur le marché. " Il n'est utilisable que pour les voitures construites à partir de 2001 ", précise Joseph Glauber, économiste en chef à l'USDA. Du côté de l'Union européenne, la concurrence des importations en provenance de pays tiers a fait baisser les prix et contracté les marges des éthanoliers.

- Les capacités industrielles sont même sous-utilisées et l'UE n'arrive pas à produire plus de 40 à 45 Mhl par an. En France aussi, la production se stabilise. " La filière demande le renouvellement des agréments de production, délivrés pour six ans, et ouvrant droit à une fiscalité adaptée ", fait savoir l'AGPM.

Renaud Fourreaux