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L'Europe, îlot isolé de la déferlante OGM

La culture des OGM progresse dans le monde, mais régresse en Europe. Les trois quarts du soja mondial et le quart du maïs sont aujourd'hui transgéniques.

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En 2009, plus de la moitié de la population mondiale vivait dans un pays cultivant des OGM. Les derniers chiffres de l'Isaaa (Service international pour l'acquisition des biotechnologies agricoles) sur le développement des productions transgéniques montrent, plus que jamais, à quel point l'Europe se différencie du reste du monde sur ce dossier. Ainsi, alors que la culture mondiale des OGM a progressé de 7 % en 2009, elle a régressé en Europe. Le maïs Mon 810 de Monsanto, seul OGM autorisé à la culture dans l'Union européenne, a en effet vu ses surfaces cultivées reculer de 11 % entre 2008 et 2009, selon Greenpeace, passant de 106 737 ha à 94 749 ha.

Ce maïs transgénique a été cultivé dans six pays européens en 2009 : l'Espagne (76 000 ha), la République tchèque, le Portugal, la Roumanie, la Pologne et la Slovaquie. L'Europe fait donc figure d'îlot isolé de la déferlante transgénique et du fort développement de ces cultures sur les autres continents, dans pas moins de 25 pays (voir ci-contre).

14 millions d'agriculteurs ont cultivé des OGM sur 134 Mha en 2009, et 90 % d'entre eux sont des petits producteurs issus de pays en voie de développement. Sur les vingt-cinq pays cultivant des OGM, seuls neuf sont des pays industrialisés. Amérique du Sud, Asie et Afrique produisent ainsi de plus en plus de transgéniques. La plus forte croissance a été enregistrée au Burkina Faso dont la production de coton OGM est passée de 8 500 ha en 2008 à 115 000 ha en 2009.

Le Brésil est, par ailleurs, devenu le deuxième pays producteur de plantes transgéniques derrière les Etats-Unis. La Chine s'est hissée au sixième rang mondial et le coton Bt a révolutionné ce secteur industriel en Inde. Dans ce pays, le coton transgénique a ainsi atteint un taux d'adoption record de 87 %. Pour la première fois, le soja transgénique a occupé plus des trois quarts des 90 Mha de soja cultivé dans le monde (voir infographie). Les OGM représentent également, aujourd'hui, près de la moitié de la production mondiale de coton, un quart de celle de maïs et plus de 20 % du colza.

D'ici à 2015, l'Isaaa considère que la barre des 200 Mha d'OGM cultivés dans le monde devrait être franchie, soit plus de vingt millions d'agriculteurs dans quarante pays. La lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde mettent les innovations biotechnologiques au coeur de la stratégie de développement de nombreux pays. Pour y parvenir, l'industrie compte beaucoup sur l'arrivée de plantes résistantes à la sécheresse. Un tel maïs pourrait faire son apparition sur le marché américain en 2012, avant d'être introduit en Afrique en 2017. Le riz plus résistant aux attaques d'insectes devrait, lui aussi, permettre à cette production transgénique de s'étendre dans de nombreux pays. De son côté, le Pakistan, quatrième producteur mondial de coton, va commercialiser du coton Bt dès cette année.

Dans les pays développés, les industriels tablent sur le développement des OGM, dits de seconde génération, multirésistants aux L'Europe, îlot isolé de la déferlante OGM insectes et aux herbicides tout en offrant de meilleurs rendements. C'est le cas du maïs SmartStax homologué aux Etats-Unis et qui contient huit gènes de résistance. De nombreuses autres cultures devraient faire leur apparition d'ici à 2015 sur le marché des OGM, parmi lesquelles la pomme de terre, la canne à sucre et la banane. Le blé reste la seule grande culture majeure sans autorisation de trait transgénique, mais la recherche va bon train dans de nombreux pays, dont la Chine qui pourrait mettre un blé OGM sur le marché d'ici à cinq ans. La résistance aux maladies et l'amélioration de la qualité sont les principaux axes de développement du blé transgénique.

Laurent Caillaud

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