Le biodiesel argentin n'a plus le droit de cité en Europe
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«Aucun autre marché d'exportation ne remplacera l'européen et le nôtre n'absorbera pas les volumes non envoyés en Europe, affirme Fidel Poehls, du cabinet Novitás. Un avis partagé par Gustavo Idígoras, ex-représentant du pays sud-américain auprès de l'UE, qui chiffre la perte du marché européen à 800 M€. « La baisse de la capacité de paiement des triturateurs-exportateurs basés en Argentine se traduit par une baisse du prix de l'huile, mais pas de celui des fèves, nuance-t-il, car la demande chinoise compense l'effet de cette nouvelle pour la filière du biodiesel. »
Rappel des faits : le 2 octobre, la Commission européenne a annoncé son intention d'appliquer un tarif douanier antidumping de 22 à 24 % de la valeur de chaque tonne de biodiesel importée par l'UE hors de sa zone. Cela a fait l'effet d'une bombe à Buenos Aires où les industriels s'attendaient à une décision allant dans le sens de l'ouverture du marché communautaire. Il y a un an, la CE a lancé une enquête sur de supposées mesures de dumping pratiquées par les fournisseurs de biodiesel argentins et indonésiens. Par précaution, dès mai, elle a établi une taxe provisoire de 6 à 10 %, applicable rétroactivement, soit avant la publication des résultats. Au vu de ceux-ci, contestés par les Argentins, le couperet de la CE est tombé. « C'est injuste, s'insurge Luis Zubizarreta, président de Carbio, association argentine de fabricants de biocarburants, car nous ne faisons pas de dumping. C'est le consommateur européen qui fera les frais d'une telle décision. »
Ces deux dernières années, l'Argentine avait exporté en moyenne 1,5 Mt de biodiesel par an, dont 90 % vers l'UE. Des volumes ramenés cette année à 500 000 t du seul effet de cette taxe de 6 à 10 %. « En 2014, l'Argentine ne fournira plus de biodiesel aux Européens », insiste Gustavo Idígoras, qui juge faussées les méthodes de calcul des Européens tenant compte non pas du prix du soja en Argentine, mais de celui de la Bourse de Chicago. L'Argentine pourrait porter ce différend devant l'OMC dès le 1er décembre prochain, moment d'application du règlement annoncé. Ses représentants plaident leur cause à Bruxelles les 17 et 18 novembre.
Marc-Henry André
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