Energiesrenouvelables Soyez branchés !
Volonté politique affichée, ambitions européennes, stratégie territoriale...les indicateurs sont au beau fixe pour les énergies vertes. Et dans ce secteur,les coopératives et les négoces ont un rôle essentiel à jouer.Mode d'emploi pour saisir ces nouvelles opportunités.
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«L'énergie, ce n'est pas notre métier ! » On entend régulièrement cette phrase dans les coops et négoces. Suivie de : « Nous réservons nos investissements pour les silos. »
Force est de constater que jusqu'à présent, les entreprises de la distribution sont restées plutôt frileuses sur le sujet des énergies renouvelables. Certaines ont saisi le train en marche et accompagnent leurs agriculteurs. Quelques-unes portent des projets, en particulier dans le photovoltaïque ou la méthanisation, mais ce n'est pas le développement auquel on aurait pu s'attendre il y a quelques années, comme le souligne Yves de la Fouchardière, le directeur de la coopérative des Fermes de Loué, qui a investi dans le photovoltaïque et l'éolien. « Je suis très surpris de ce peu de mobilisation. Dans l'agriculture, nous avons les ressources. Et avec un écart de 25 % de production, selon les conditions climatiques d'une année sur l'autre, c'est vraiment un travail de paysan ! »
Pourtant, à l'heure où le modèle de la distribution agricole se cherche, la production d'énergies renouvelables peut être synonyme de diversification et pourquoi pas de relais de croissance. « L'investissement initial est important, néanmoins, la grande force du modèle économique est d'apporter une visibilité des revenus liés à la vente d'énergie sur plusieurs années. Un complément certain pour le maintien des exploitations agricoles », souligne Damien Mathon, délégué général de la FC2A, qui connaît bien le secteur pour avoir été responsable du syndicat des énergies renouvelables (SER). Et d'ajouter : « La méthanisation, le solaire ou l'éolien s'amortissent bien. »
Outre le côté financier, qui reste le fer de lance d'un acteur économique, les énergies vertes sont un atout pour la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) et apportent une nouvelle image du négoce ou de la coop. « Les énergies ont changé la perception de nos voisins sur notre entreprise. Nous ne sommes pas que des pollueurs », juge Olivier Jalleau, responsable des Ets Cosset (Deux-Sèvres) qui ont installé 3 000 m2 de panneaux photovoltaïques et ont mis en service, en novembre 2017, une unité de méthanisation de 80 Nm3/h. « Il y a plein de choses à faire avec la méthanisation. Aujourd'hui, on injecte, mais peut-être que demain on vendra du bio GNV. C'est enthousiasmant. »
De bons présages
Est-ce le bon moment de se lancer dans la production d'énergies renouvelables ?Au niveau politique, tous les voyants sont au vert. Fin novembre 2017, la Commission européenne a donné des signaux forts en mentionnant une plus grande ambition environnementale et climatique pour la Pac post-2020. Au milieu du mois de janvier, le Parlement européen a décidé que la part d'incorporation des biocarburants de première génération devrait être maintenue aux niveaux de 2017, soit 7 %.
En France, l'ATC, « accélérateur de la transition énergétique » du nouveau gouvernement, est en marche : augmentation du volume des appels d'offres en photovoltaïque, réfaction de 40 % sur les coûts de raccordement, simplification des procédures pour les parcs éoliens, etc. Si l'on en croit les scénarios de l'Ademe (1), de négaWatt (2) ou de GRDF, la France pourrait être autonome en énergie renouvelable à l'horizon 2050.
Un acteur économique recherché
Face à ce challenge, les agriculteurs ont le potentiel pour jouer un rôle important dans la transition énergétique, en premier lieu comme détenteurs de matière première, mais aussi comme acteurs du territoire. Pour 2030, GRTgaz table sur 75 % de biométhane issu de l'agriculture, soit 3 000 unités. Souvent relayés comme des acteurs économiques parmi d'autres, les coops et les négoces pourraient s'imposer davantage auprès des collectivités et des poids lourds de l'énergie grâce au développement du financement participatif. En effet, les appels d'offres de la Commission de régulation de l'énergie, en solaire et bientôt en éolien, octroient un bonus, si un financement participatif est prévu à 40 % ou plus. Le producteur d'énergie Valorem, plusieurs fois lauréat, recherche des partenaires. « Nous nous adressons aux collectivités, puis aux coopératives. Elles sont structurées et connaissent bien leur territoire », explique Claudio Rumolino, responsable du financement participatif chez Valorem, qui a notamment noué un partenariat avec les Fermes de Figeac. Même si la gouvernance de ces projets doit être étudiée, de nouvelles opportunités sont à saisir !
DOSSIER RÉALISÉ PAR AUDE RICHARD
(1) http://www.ademe.fr/actualisation-scenario-energie-climat-ademe-2035-2050(2) https://www.negawatt.org
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