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Management du changement Du coaching pour les TC

La distribution agricole est confrontée à un concentré d'évolutions entre fusions, nouvelles stratégies et certifications d'entreprises. L'implication en amont et le coaching des équipes de terrain sont deux points névralgiques incontournables pour ne pas faire de ces mouvements une contrainte mal vécue.

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La vie est un perpétuel changement sous son apparence routinière. Et pour reprendre un proverbe chinois cité par Fabien Rodhain, coach professionnel : « La seule chose qui ne changera jamais, c'est que tout changera toujours ! » Ce constat établi, il s'avère toutefois que toute modification dans l'organisation et la façon d'être n'est pas anodine et peut être plus ou moins bien vécue.

Mais comme le soulignent les coachs et les formateurs que nous avons consultés, le volet humain n'est pas systématiquement abordé sous le bon angle. « Les experts en accompagnement du changement affirment que 80 % des projets échouent en raison de la difficulté des leaders de prendre en charge les problèmes humains », témoigne William Porret, d'Enora consulting (lire ci-contre).

Dans le secteur agricole, Fabien Rodhain note que tout projet de changement est souvent expliqué « très partiellement par un message descendant de la direction, sans réelle appropriation par les acteurs concernés ». Il constate, également, que les collaborateurs sont confrontés à « un sentiment d'insécurité en raison d'un manque d'accompagnement humain lors des formations techniques ». De son côté, Alain Baraton, formateur-consultant, fait remarquer que « décider un changement, c'est facile. Mais le mettre en oeuvre est beaucoup plus compliqué, surtout sur le terrain ».

20 % ont peur du changement

En outre, comme le souligne Michel Bottollier, également formateur-consultant, « le technicien devra être solide pour conduire non seulement son propre changement, mais aussi celui de l'agriculteur, notamment dans le domaine de la protection».La complexité de l'être humain et des relations peut rendre la manoeuvre délicate. Chacun possède son vécu et ses propres modes de fonctionnement et les appréhensions, qui émergent, sont légitimes. « Une étude, que j'ai fait réaliser en 2011 dans le cadre du déploiement d'une GRC, mettait en évidence que 20 % des personnes ont une peur tétanique du changement et se mettent alors en opposition systématique », explique Alain Baraton. Un résultat qui ne surprend pas au vu des analyses générales autour du changement. Et selon les profils, l'adaptation peut être plus ou moins facile. « De par leur niveau de fonction et leur degré de maturité, les cadres acceptent en général plus facilement le changement. » Au-delà de l'accompagnement de proximité encouragé par ce consultant pour lever les peurs, diverses techniques de développement personnel peuvent y concourir. Avec pour fil rouge, le recentrage sur soi-même, afin d'atteindre sa propre stabilité pour traverser sans trop d'encombre tout événement. Ça fait rêver... Mais c'est possible. Par ailleurs, dédramatiser la situation est nécessaire, car celle-ci peut s'avérer plus porteuse qu'elle ne le semblait aux yeux des personnes concernées. « Notre métier de conseil se trouve valorisé », reconnaît un des conseillers d'Acolyance, après avoir nourri quelques appréhensions face à la nouvelle stratégie commerciale de sa coopérative (lire p. 34). De même, certains réfractaires à l'informatique en deviennent des mordus. Chez le négociant Agridor, en Dordogne, le plus ancien des techniciens s'y est mis après avoir suivi une formation et est devenu un adepte du tableur et de la couleur.

Maintenir l'employabilité

Toutefois, force est de constater que malgré un accompagnement, la réussite n'est pas toujours au rendez-vous. Dans certains cas de fusion, une partie des équipes n'a pas toujours résisté au choc de la nouvelle organisation alors que formation et coaching ont été dispensés (1). C'est pourquoi, le maintien de l'employabilité des collaborateurs est un sujet récurrent à prendre à bras-le-corps. Directeur commercial productions végétales chez Terrena, Bruno Simon en a fait un leitmotiv (lire p. 36). Aussi bien pour préserver une certaine performance que pour le bien-être des hommes et des femmes qu'il chapeaute. « Et en cas de problème, nous étudions toute réorientation possible », souligne-t-il. Pour exemple, certains de leurs conseillers experts services - fonction créée en 2011 - sont d'anciens technico-commerciaux, « essoufflés de la relation commerciale ». Ils ont franchi le pas soutenu par un plan de formation et un coaching interne. Ils ont pu ainsi rebondir dans le cadre de la nouvelle organisation mise en place pour relever les défis de l'agriculture écologiquement intensive et de la certification d'entreprise.

Une implication essentielle

Cette certification est d'ailleurs vécue, soit comme une évolution à l'exemple du négoce alsacien Armbruster, en attente de l'attestation de certification, qui ne sacrifie pas pour autant l'accompagnement de ses hommes, bien au contraire (lire p. 35), soit comme une rupture en raison notamment du passage au tout informatique. Plus l'entreprise est importante, plus les profils sont divers et variés et la dynamique de changement complexe. Mais, pour les petites structures, c'est loin d'être simple également. « Nous passons un temps fou sur le plan administratif, et pour convaincre et faire passer la pilule auprès de nos huit technico-commerciaux, tout en n'en faisant pas une contrainte. Je répète les mêmes messages depuis un an et demi, explique Isabelle Prélat-Chassagne, directrice générale du négoce Agridor qui va passer un audit à blanc en décembre. Je les implique énormément comme dans la création du module de préco qui se greffera à l'outil de GRC maison. »

L'implication de la direction et des techniciens a été aussi un élément fort chez Acolyance eu égard à la nouvelle offre mise en oeuvre. « Les objectifs ont été largement dépassés, ce qui n'était pas acquis. Si les collaborateurs s'approprient le changement, c'est gagné », remarque Fabien Rodhain qui a accompagné les managers et la force terrain de cette coopérative. Un coaching de proximité qui a porté ses fruits et qui, interne ou externe, reste un élément déterminant dans la réussite de tout changement. Encore faut-il que ce management de proximité soit lui-même bien soutenu.

DOSSIER RÉALISÉ PAR HÉLÈNE LAURANDEL

(1) A noter que pour ce dossier, aucun témoignage autour de la fusion n'a pu être recueilli auprès de la dizaine d'entreprises démarchées, étant donné la sensibilité du sujet.

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