Aliments Innover, c'est possible !
Avec une baisse sensible de ses tonnages ces deux dernières années et des tensions continues sur de nombreuses productions animales, l'industrie de l'alimentation animale pratique une stratégie d'innovations sous contraintes : contraintes de prix, de volumes, de réglementation.
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Adoptée le 17 juin dernier, la nouvelle stratégie de l'Union " Europe 2020 " veut une croissance intelligente, durable et concernant tous les citoyens pour se remettre de la crise et en sortir plus forte. Parmi ses cinq grands objectifs, figure l'amélioration des conditions de l'innovation et de la recherche-développement. Le Conseil confirme ainsi ses objectifs à 3 % du PIB pour les investissements publics et privés dans le secteur, déjà souligné à Lisbonne. Or, les entreprises européennes dans leur ensemble sont à peine à 2 % contrairement à leurs collègues américaines (2,6 %) ou japonaises (3,4 %). Le document estime également qu'" un secteur agricole durable, productif et compétitif apportera une contribution importante à la nouvelle stratégie ".
Fournisseur de l'élevage, l'industrie de l'alimentation animale répond-elle à cet impératif ? Impossible répondent les industriels, nous n'avons pas de marges compatibles avec de tels niveaux d'investissements. Or, comme le souligne le sénateur Joël Bourdin dans un rapport d'information sur l'économie française et les finances publiques à l'horizon 2030, " sans innovation, la croissance à long terme se heurte au mur de la loi des rendements économiques des facteurs de production, capital ou travail ".
Qui dit innovation ne dit pas forcément rupture
L'OCDE reconnaît trois grands types d'innovation. Les innovations de produits impliquent des caractéristiques nouvelles ou améliorées. Les innovations de procédés, portent sur l'utilisation de technologies nouvelles ou améliorées. En_ n, les innovations dans les processus peuvent concerner la production, la réflexion, la distribution, l'organisation…La majeure partie des innovations portées par l'alimentation animale reste invisible : matrice de formulation, additifs, thermisation ou codes de bonnes pratiques ne se visualisent pas dans l'auge, contrairement aux innovations en alimentation humaine dont certaines peuvent être mises en valeur sur l'emballage. Et pourtant, cette industrie " lourde " injecte de la matière grise dans ses formules, ses usines et ses modes d'organisation. Une obligation d'autant plus sensible que les tonnages ne progressent plus, voire régressent.
De la créativité dans la mutualisation
A l'occasion de son assemblée générale, le Synpa (Syndicat national des producteurs d'additifs alimentaires) rappelait comment les grandes découvertes dans le monde de la chimie, de la physique, de la biologie ont permis l'édition des tables de composition des aliments et des besoins des animaux, dont les premières sont publiées entre 1860 et 1875, au moment des premiers traités de zootechnie. Au début du XXe siècle, pour gagner 1 kg de poids, un porc en croissance devait manger près de 8 kg d'aliment, contre 4 kg au début des années cinquante et moins de 2,5 kg en 2000.Gérant des faibles marges, l'alimentation animale a également une certaine tradition d'innovation dans l'organisation collective. Dernière en date, Oqualim mutualise les analyses de contaminants sur les matières premières des fabricants d'aliments. Les fabricants de minéraux avaient déjà lancé le mouvement en 2002, a_ n de réduire les coûts d'analyse tout en surveillant plus étroitement les risques sur leurs matières premières.
Sur le plan de l'innovation des entreprises, il n'existe pas d'indicateur spécifique, hormis peut-être les Innov'Space, mais en général les fabricants d'aliments eux-mêmes ne concourent pas. Leurs innovations sont portées par l'évolution des gammes, plutôt annoncées au printemps et l'amélioration continue des formulations. Au contraire, leurs fournisseurs immédiats, firmes d'additifs ou firmes services, profitent de l'automne pour insister sur leurs nouveautés. Ces prix, remis lors du salon rennais, de septembre, donnent donc une idée des tendances. On a vu au fil des années y progresser notamment les substances aromatiques, classe comprenant en particulier les huiles essentielles et les extraits de plantes. Cette année, dans le domaine de l'alimentation animale, les compléments alimentaires restent une piste forte : combinaison d'acides aminés destinés à la vache laitière, chez Adisseo ; gestion par l'alimentation de l'émission de méthane chez les bovins et des litières humides des volailles, chez Idena ; protéase pour volailles de chair, chez DSM. Les dossiers sont contraints par les limites réglementaires, notamment sur les allégations.
Les produits ne sont pas les seules propositions comme le montrent les prix obtenus pour la gestion de l'acidose par CCPA et pour la gestion technico-économique (Inzo°). Deux axes qui soulignent l'extension des offres de services aux éleveurs.
DOSSIER RÉALISÉ PAR YANNE BOLOH
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